Il y a trois ans tout juste, deux immeubles du centre-ville de Bordeaux s'effondraient. Des dizaines d'habitants étaient évacuées. Alors que l'expertise juridique se poursuit, les sinistrés s'impatientent. Sans aide financière depuis le drame, la plupart sont en grande précarité et sans certitude quant à l'avenir de leur logement.
Xavier Huchon ne revient pas souvent dans l'appartement qu'il occupait avec sa femme et ses enfants avant la nuit du 21 juin 2021. Il n'y a plus ni eau, ni électricité et l'accès, désormais sécurisé, se fait dans le noir, à travers une forêt d'étais.
Depuis le drame, il occupe un autre logement avec les siens, mais entre le loyer et le crédit de la rue de la Rousselle qui se poursuit, il est étranglé financièrement.
On essaie de joindre les deux bouts. Il y a des mois où je ne peux pas payer mon loyer donc j’ai des dettes.
Xavier HuchonSinistré
La famille a touché une aide d’urgence de 250 euros le lendemain du sinistre. De quoi s’acheter des brosses à dents et des habits. Depuis, plus rien. L’assurance habitation et l’assurance de la copropriété refusent de payer. Elles attendent les conclusions de l'expertise juridique qui doit déterminer les responsabilités dans cet effondrement.
Concernant la sécurisation du site, estimée à environ deux millions d’euros, la justice a tranché : ce ne sera pas à la copropriété de payer. Mais il faudra sans doute financer les travaux de réhabilitation des immeubles. Un programme d’aide financière devrait se mettre en place.
Pas de reconstruction avant cinq ans
Du côté de la mairie, on a bien conscience des difficultés des sinistrés, mais on reconnaît aussi une certaine impuissance.
C'est difficile d'accompagner la reconstruction, car on est coincés par la procédure judiciaire et de nombreux sujets dépassent les responsabilités de la mairie.
Stéphane PfeifferAdjoint au maire en charge de l'urbanisme
La municipalité raconte avoir tenté de tordre le bras des assurances pour obtenir un fond de pré-indemnisation, comme cela s'était produit dans le cas des effondrements d'immeubles à Marseille. Refus catégorique des assurances.
La municipalité s'avoue donc en difficulté pour trouver des solutions financières à la hauteur des besoins des habitants. Elle souhaite néanmoins accompagner les propriétaires dans les projets de reconstruction des bâtiments 19 et 21 de la rue de la Rousselle.
Tant que la procédure judiciaire est en cours c’est compliqué. On aura pas les premiers travaux avant cinq grosses années
Stéphane Pfeifferadjoint au maire chargé de l'urbanisme
Après étude de plusieurs projets, l'option la plus probable devrait être celle de la reconstruction de quatre ou cinq logements pour un coût total de plusieurs millions d'euros.