Dans un entretien à France 3, Pierre Hurmic fait le point sur son arrivée à la mairie de Bordeaux deux mois après son élection et aborde les grands dossiers de la rentrée : sécurité, mobilité, urbanisme et Coronavirus.
La déco du bureau du nouveau maire de Bordeaux est sobre, juste un buste de Marianne posé sur la cheminée derrière lui. Et des dossiers en pagaille sur le bureau. "Je ne m'attendais pas à autant de travail en arrivant ici. Mais, j'ai l'habitude de beaucoup travailler en tant qu'avocat. Depuis le 3 juillet (ndlr date de son installation au fauteuil de maire), mes journées commencent tôt et finissent tard. Et je n'ai pratiquement pas pris de vacances cet été, tout comme mes adjoints", confie Pierre Hurmic. A peine installé, le nouveau maire a été "très vite rattrapé" par des urgences à commencer par l'insécurité.
►Sur la question de l'insécurité
" Ça fait plusieurs mois que les conditions de sécurité se dégradent à Bordeaux notamment dans le quartier Saint-Michel. Bordeaux qui était jusqu'à présent une ville calme et paisible, est devenue une métropole plus banale et on rencontre à Bordeaux des problèmes de délinquance comparables à d'autres villes de même taille. C'est un vrai sujet que j'ai pris à bras-le-corps dès le lendemain de mon élection".Dès le début du mois de juillet, Pierre Hurmic avait rencontré la préfète de Gironde et la procureur de la République ainsi que le directeur départemental de la sécurité publique pour trouver des solutions à apporter à la recrudescence des agressions notamment par arme blanches depuis le déconfinement à Bordeaux. "Nous nous sommes mis d'accord pour créer un contrat local de lutte contre la délinquance focalisé sur la place Saint-Michel qui va être opérationel, je l'espère, dans les premiers jours de septembre c'est-à-dire c'est une opération ciblée qui va réunir tous les partenaires", explique Pierre Hurmic.
Le nouveau maire de Bordeaux est aussi favorable au rétablissement d'une compagnie de 70 CRS permanente à Bordeaux, il en a fait la demande expresse au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. C'est aussi une proposition et une demande de la sénatrice centriste de Gironde Nathalie Delattre. "Cela va soulager le travail de la police municipale sur place et les CRS sont beaucoup plus outillés pour des opérations coups de poing", commente Pierre Hurmic.
Où placer le curseur entre prévention et répression ? Pierre Hurmic n'est toujours pas favorable à l'installation de nouvelles caméras de surveillance dans les rues et il préfère augmenter une présence policière préventive dans les quartiers. "Les problèmes de déliquance, je ne les ai pas découverts en arrivant ici. J'ai toujours eu la conviction qu'il faut une politique efficace et équilibrée entre répression quand il faut, et en amont une politique de prévention. Plus de bleus dans les rues, plutôt que des caméras de vidéosurveillance".
Pierrre Hurmic est très attendu sur cette question de l'insécurité à Bordeaux par son opposition mais aussi par un grand nombre de Bordelais qui ont multiplié les commentaires sur les réseaux sociaux durant l'été à la fois pour dénoncer "une situation devenue invivable" et même parfois "la peur rentrer chez soi le soir" mais aussi reprocher au nouveau maire son inaction.
Je suis avocat donc, je ne découvre pas ce problème de délinquance , c'est ma priorité
► Sur la question du Coronavirus
Concernant la rentrée scolaire du 1er septembre. "Sécurité optimale" pour Pierre Hurmic en accord avec les services de l'Etat. "Espacer les accueils dans les cantines, lavages des mains, la distanciation physique effective, port du masque, c'est une urgence et c'est de notre responsabilité". Pierre Hurmic est aussi favorable au port du masque aux abords des écoles, dans les rues qui y conduisent. "Il y aura des pannaux indicatifs qui seront installés dès lundi 31 août".
Ce vendredi 28 août, face à la cirulation rapide du virus en Gironde, classé département à haute vulnérabilité, Pierre Hurmic a annoncé l'extension du périmètre en centre-ville où le port du masque sera obligatoire pour lutter contre la propagation de la maladie. Un périmètre très étendue qui va de la place Gambetta à la gare Saint-Jean en passant par les quais.
►Sur la question de la mobilité
Pierre Hurmic et le vélo. Axe majeur de sa campagne durant les municipales 2020, le maire écologiste de Bordeaux veut donner au vélo une place prépondérante dans les prochaines années. Il va rendre définitives les voies cyclables aménagées durant le confinement sur les boulevards avec un objectif de faire tout le tour complet des boulevards à vélo sur un espace sécurisé, il y aura des travaux pour bien les délimiter et les protéger pour permettre une circulation en toute sécutité par rapport aux bus et aux voitures.Quid des automobilistes qui viennent travailler à Bordeaux ? Pour ceux qui arrivent de l'extérieur, la proposition de Pierre Hurmic c'est un RER métropolitain, il faut développer le réseau ferroviaire, par exemple sur l'axe Langon-Bordeaux. "Là où on ne peut pas mettre de train, on mettra des bus" comme dans l'Entre-deux-Mers, le maire de Bordeaux mise sur les bus express à l'instar du bus Créon-Bordeaux qui est "un succès inouï". À Quelle échéance ? Sa mandature.Je ne veux plus de politique de petits bouts de pistes cyclables, ce que l'on veut à Bordeaux c'est un vrai réseau de pistes cyclables en continu et sécurisé.
Pierre Hurmic parle de nouveaux parkings relais sur la métropole mais. "Pas de d'extension des lignes du tramway, l'idée est d'optimiser le réseau actuel".
Nous voulons tordre le cou rapidement à " Magnétic Bordeaux", nous ne voulons plus d'une métropole d'un million d'habitants. On est hostile à ce slogan.
► Sur la question de l'urbanisme
"Nouvelle politique d'aménagement du territoire et une agglomération moins égoïste", répète l'écologiste. Le maire de Bordeaux veut rapidement impulser une nouvelle politique d'aménagement du territoire, en répartissant mieux les activités économiques dans le reste du département par exemple. C'est une contre-pied total par rapport aux années de gouvernance Juppé dont le slogan était "Bordeaux ville millionaire". Un parti pris longtemps combattu par Pierre Hurmic quand il était élu dans l'opposition. Circulation, saturation des transports, disponibilité et prix des logements, Pierre Hurmic dispose de plusieurs arguments pour inverser la tendance et tenter de limiter l'attractivité de la métropole bordelaise, qui attire 9 000 habitants par an...Concernant le projet de pont Simone-Veil, pas de certitude mais la relance du chantier est prévue pour la fin 2020 et la mise service pour début 2024 avec quatre ans de retard...au moins.
Sur l'épineux sujet du stade Matmut Atlantique, le maire a pour objectif de sortir du contrat PPP (partenariat public privé) et se dit optimiste pour trouver une solution juridique acceptable, "il ne faut pas que ça coûte plus cher à la collectivité sinon je renoncerai. C'est un projet qui me tient à coeur. On aimerait faire en sorte que le club des Girondins de Bordeaux puisse acheter le stade" Au niveau des premiers clubs présents à l'UEFA, 15 sont proriétaires de leur stade, argumente le maire.
► Sur la question de la culture
"La place de la culture est un de mes engagements de campagne. J'ai proposé d'organiser des assises de la culture avant la fin de l'année. "Réunir les acteurs culturels mais aussi le public dans des ateliers de réflexion pour définir une nouvelle politique culturelle, faire évoluer la fête du vin vers la promotion des vins bio par exemple. On veut surtout que la programation soit coproduite et moins évènementielle". La date de ces assises n'est pas encore fixée.► Sur la fin de la cogestion à la métropole
"Maintenant il y a une majorité qui s'est fait élire sur un programme. C'est l'accord vert/rose qui va s'appliquer". Les priorités ? La "zéro artificialisation" va être déclinée à l'échelle de la métropole. Sur la mobilité, "c'est la fin du tramway des maires. L'argent va être investi sur l'aménagement d'un RER métropolitain, son périmètre n'est pas encore défini mais il ira au-delà de la métropole, explique le maire, et puis "le plan vélo, ça ne coûte pas cher. "On espère aussi que les entreprises joueront le jeu avec des horaires décalés et du télétravail, et puis la troisième voie de la rocade sera dédiée au covoiturage."C'est une vraie victoire car j'ai toujours été opposé à la cogestion. Concrètement, c'est la fin de la politique du troc entre maires au détriment d'une vision totalement métropolitaine.
Pierre Hurmic espère que le changement de couleur politique se verra dès cet hiver à Bordeaux, "plus de vert en ville". Il annonce des travaux pour rendre les places moins minérales comme la place Pey-Berland. "On cassera des dales mais on va planter des arbres un peu partout." Sur son positionnement au sein d'EELV, Pierre hurmic s'annonce comme maire à plein temps, "100 % dédié à la gestion de sa ville".