Et si les bouteilles consignées faisaient leur grand retour ? Présentes en France jusque dans les années 70, elles ont petit à petit disparu au profit de conditionnement à usage unique. Pourtant réutilisées, elles sont plus économes et plus écologiques. À Bordeaux, des entreprises remettent cette pratique au goût du jour.
Certains s’en souviennent encore. Des bouteilles de lait, de limonade, de vin déposées à la maison puis ramenées au magasin. Pendant des années, la consigne a fait partie du quotidien des Français pour disparaître dans les années 70 au profit des emballages à usage unique. Longtemps jugés plus simples, plus faciles, ils sont malgré tout moins écologique, à cause de la grande quantité de contenants jetés. Ce sont souvent des emballages recyclables qui finissent à la poubelle et des bioplastiques qui ne sont pas recyclés.
Gérer les déchets : l’enjeu de la consigne
D'après l'ADEME, entre six et neuf tonnes d'emballages liés à la restauration rapide sont jetées chaque jour sur Bordeaux Métropole.
D’où l’idée de trois entrepreneurs de remplacer les emballages jetables des plats à emporter par des boîtes en verre réutilisables et consignées. Pour cela, pas besoin de manger à la même adresse : le client donne 4 euros de consigne au moment de prendre son plat et le ramène la fois suivante, au même endroit, ou chez l’un des partenaires du réseau. Soit il récupère ses 4 euros, soit il reprend un plat dans un contenant consigné. En trois ans, la start-up Boxeaty a conquis 45 restaurateurs de la métropole.
"On a évité un peu plus de 85 000 emballages jetables", explique Elise Fillette, l’une de ses fondatrices. "Cela représente trois tonnes en moins de déchets, donc on voit que l’essor du réemploi fonctionne. Les retours sont positifs de la part des consommateurs, mais aussi des restaurateurs". Selon l'Agence de l'Environnement, choisir le réemploi d'emballage permet de réduire de 65 à 85% son impact sur l'environnement.
Une bouteille peut servir jusqu'à 40 fois
Autre lieu. Dans cet entrepôt de Pessac, les transpalettes jonglent avec les caisses de vins, d’eau, de sodas. Ici, on propose la livraison de boissons à domicile. Au volant d'une fourgonnette électrique jaune, les chauffeurs sillonnent Bordeaux et son agglomération. Pour cette exploitante d’une salle d’escalade, le principe fonctionne bien. "Ça se range facilement dans la réserve et on a plus besoin de déposer nos verres dans les containers dans la rue, c’est quand même bien plus pratique !".
Le Fourgon fonctionne avec des sociétés de nettoyage et des producteurs locaux. Une fois récupérées, les bouteilles en verre sont lavées, reconditionnées et remplies à nouveau par les producteurs. Lancée en 2021 dans les Hauts-de-France, Charles Christory, l’un des patrons, explique au quotidien Les Échos. "qu'un million de bouteilles réutilisées, permet d'économiser 370 tonnes de CO2, 400.000 litres d'eau et 30 tonnes de plastique". Grâce à ce nouveau marché bordelais, l'entreprise espère passer de 300.000 bouteilles réemployées chaque mois, à 1,5 million d'ici à un an.