Expulsion : « le contexte sanitaire n’est pas favorable pour remettre les gens à la rue » Fondation Abbé Pierre

La trêve hivernale s’est achevée ce lundi 31 mai au lieu du 1er avril, en raison d'un nombre croissant de mal-logés lié à la crise de COVID-19 et des problèmes sociaux qu’elle entraîne. Les expulsions vont reprendre. La fondation Abbé Pierre est inquiète, en particulier à Bordeaux. 

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A Bordeaux et sa métropole, peut-être encore plus qu'ailleurs, la date du 1er juin 2021 inquiète. 
Pascal Paoli, directeur de l’agence Nouvelle-Aquitaine de la fondation Abbé Pierre, dénonce la future situation sanitaire des mal-logés : « Nous sommes en période de crise qui oblige les citoyens à se protéger. A partir du moment où l’on va jeter à la rue un certain nombre de milliers de personnes, elles vont avoir beaucoup de mal à se confiner, s’isoler. Parce qu’elles seront privées de tout l’aspect de protection que sont la mise à l’abri et l’obtention d’un toit. »

COVID-19 et l’apparition de « nouveaux pauvres »

Tant du côté de l’accès à internet, que du m2 de confinement, la crise du coronavirus n’a fait qu’accentuer les inégalités sociales. Si le virus touche toutes les personnes quelque soit leur classe sociale, son impact n’est pas le même si l’on vit dans la rue ou si l’on habite une grande maison à la campagne.

La pandémie a été révélatrice des pauvretés et des situations extrêmement délicates de précarité. On a complètement élargi le cercle des personnes en difficulté. L’aide alimentaire a explosé, les jeunes sont la première cible de la suite de cette crise.

Pascal Paoli, Fondation Abbé Pierre Nouvelle-Aquitaine

 


En France, en 2020,  un million de personnes en plus est tombé dans la pauvreté, en comptant parmi eux les étudiants, les travailleurs précaires et les chômeurs récents, les plaçant non seulement en situation de mal-logement mais en les exposant aussi plus gravement au risque de COVID-19.

La métropole bordelaise et ses facteurs aggravants

« A Bordeaux il y a trois caractéristiques. Premièrement le marché de l’immobilier est complètement déconnecté des ressources dont disposent les ménages, ensuite il y a un énorme retard accumulé de plusieurs années, et enfin la population vit dans un seuil de pauvreté bien supérieure à la moyenne nationale. Pourtant, l’offre de logements ne suit pas, l’attractivité démographique génère des populations aisées qui rendent les demandes exponentielles. » assure le dirigeant de la section Nouvelle-Aquitaine de la fondation Abbé Pierre.

Le 11 février 2021, une centaine de personnes ont déjà été évacuées du squat de la Zone Libre à Cenon en Gironde où vivaient depuis 2019 près de 300 personnes, ajoutant cette évacuation à la longue liste de lieux de squat vidés ces deux dernières années. Pour pallier le mal-logement et la précarité, la Fondation Abbé Pierre, submergée par les demandes, espère sortir de la logique de trêve hivernale : l’idée étant que l’on meurt autant en temps de canicule que de tempête hivernale.


Sortir de la logique d’expulsion locative sans solution de relogement (10.000 par an environ en France) est donc le fil d’ariane de l’association, qui a connaissance de plus de 294.000 logements vacants dans la région Nouvelle-Aquitaine et aimerait les mettre à profit.

« On ne peut pas survivre à la rue »

La trêve hivernale, période de paix pour les Sans Domicile Fixe (SDF), est lancée depuis le 1er novembre 2020 et s’arrête normalement le 1er avril 2021. Cette année et l’année précédente, en raison de la crise du coronavirus, un délai supplémentaire, 2 mois pour 2021,  a été accordé aux mal-logés.
Mais ces quelques jours de plus ne semblent rien régler à long terme et n’effacent pas les 9,3 millions de Français vivant sous le seuil de pauvreté et les 300.000 sans-abri. Pour mémoire, Emmanuel Macron, tout juste élu, déclarait en 2017 « Je ne veux plus de femmes et d'hommes dans les rues d'ici la fin de l'année ».

Bien que le gouvernement ait promis cette année qu’aucun des milliers de Français en hébergement d’urgence ouvert cet hiver ne serait expulsé et que les expulsions s’échelonneraient sur deux ans pour les autres, 30.000 personnes devront quitter leur logement dans les prochaines semaines. Et ce serait 66.000 ménages menacés d’expulsion dans un avenir plus ou moins proche selon la Fondation Abbé Pierre, qui a précipitamment mis en place un Fonds d’urgence COVID.  

Que vous soyez locataire, sans-abri, squatteur, étudiant ou propriétaire, vous pouvez contacter la Fondation Abbé Pierre pour une aide au relogement via  « ALLÔ PRÉVENTION EXPULSION » (0810 001 505 - contactape@fondation-abbe-pierre.fr) ou « SOS loyers impayés » de l’ANIL ( Agence Nationale d’Information sur le Logement) : 0 805 160 075.

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