Deux ans après le meurtre de Chahinez Daoud en pleine rue, la reconstitution du féminicide s'est tenue ce mercredi 24 mai tout l'après-midi avec la participation de l'ex-mari, mis en examen. Une étape décisive avant l’ouverture d’un procès attendu pour l’an prochain.
L'ex-mari de Chahinez Daoud, mis en examen pour avoir brûlée vive son ex-femme dans la rue, à Mérignac, en 2021, a accepté de prendre part à une reconstitution des faits ce mercredi de 12h30 à 17 heures.
L'homme a été conduit sur les lieux, avenue Carnot, où avait été apporté un mannequin en plastique habillé de vêtements, ont constaté des journalistes. La rue de ce quartier résidentiel avait été fermée au public, la police dissimulant la zone derrière des bâches blanches. Des scellés rouges avaient été posés sur la porte de la maison de la victime, dont le garage présente des restes d'incendie.
Les deux magistrats instructeurs voulaient reproduire les circonstances exactes du meurtre de la femme de 31 ans, touchée de deux balles avant d’être brûlée vive sur le trottoir par son ex-compagnon, le 4 mai 2021.
Confronter la version de l'accusé aux témoignages
Élément capital de l’affaire, la reconstitution permet de "vérifier la version de l’accusé mais également de la confronter à ce qui a pu être vu ou observé par les témoins des faits, explique maître Julien Plouton, avocat des parents de la victime. Tout cela va être également analysé par les experts comme le légiste ou le balisticien, pour valider ou pas ces explications.
C’est un acte essentiel, qui permet par la suite aux jurés, à l’occasion d’un procès devant la cour d’assises, d’être au plus près de ce qui a pu se passer.
Me Julien Plouton, avocat de la famille de Chahinez DaoudFrance3 Aquitaine
Il s'agit aussi de "l’un des derniers actes qui est réalisé dans le cadre de l’instruction, poursuit Julien Plouton. Nous espérons que le dossier sera clôturé assez rapidement derrière. Ensuite, les délais d'attente par rapport à un procès devant une cour d’assises sont en général d'une dizaine de mois." Les parents de Chahinez et les trois enfants n'étaient pas présents. Un témoin de la scène dramatique était là.
L'Etat poursuivi pour faute lourde ?
Le procès, qui devrait donc se tenir en 2024, sera suivi avec une attention particulière, tant Chahinez est devenue le symbole de l’échec de la lutte contre les violences faites aux femmes. Elle avait en effet porté plainte à trois reprises contre son ex-compagnon, déjà condamné pour violences conjugales, sans que des mesures drastiques ne soient prises. Cinq policiers avaient d’ailleurs été sanctionnés après le drame en conseil de discipline.
Interrogés par Margaux Stive de franceinfo, les parents de Chahinez, venus en France pour s’occuper de leurs petits-enfants de 6, 9 et 14 ans, disent “ne pas avoir la force” d’assister à la reconstitution. "Je suis une mère brûlée dedans, je suis une mère brisée", confie Djohal Daoud. Mais le combat des parents continue. Au mois de mars, ils ont engagé une procédure à l’amiable contre l’Etat. Toujours selon franceinfo, le ministère de la justice promet de traiter le dossier en priorité. En cas de résultat insatisfaisant, ils envisagent d’attaquer l’Etat pour faute lourde devant les tribunaux.
En attendant son procès, le meurtrier présumé de 44 ans est toujours en détention provisoire. Interpellé le soir du féminicide, il a été mis en examen pour homicide volontaire par conjoint et encourt la peine de prison à perpétuité.
avec AFP.