Grosse frayeur pour les clients et les employés d'une brasserie de Bordeaux, ce samedi 19 janvier. À la fin de la manifestation des Gilets jaunes, plusieurs voitures ont été incendiées juste devant la vitrine, menaçant le commerce et ses occupants.
"J'ai eu peur pour les clients, pour mes employés et pour mon commerce", raconte Etienne Charest, le patron de la brasserie "Au Nouveau Monde", situé rue de la Boucherie, à Bordeaux.Samedi, en fin de manifestation des Gilets, des fumigènes et cocktails molotov sont projetés sur les trois "bluecub" garées juste devant les vitrines.
Sur place, l'employé évacue les clients, dont plusieurs familles avec deux landaus -par la sortie secondaire du restaurant, avant que les voitures ne s'embrasent complétement.
Rapidement, les flammes atteignent plusieurs mètres.
"Nous avons eu de la chance que les projectiles atterrissent bien sur les voitures, et pas sur nos vitrines, ni dans les bouches d'aération de la cave, où nous brassons nos bières", souligne Etienne Charest.
Avec recul et non sans humour, il remercie même le "casseur et lanceur de cocktail molotov", d'"avoir su si habilement lancer tes bouteilles enflammées", dans un message posté sur la page facebook du restaurant.
"Si je dois fermer, je renvoie des gens"
Située à proximité de la place Pey-Berland, la brasserie "Au Nouveau Monde" a déjà vu passer de nombreux manifestants lors des samedis précédents, et a même été utilisé comme refuge par des personnes blessées après des charges policières.
Etant donné ce contexte difficile, n'est-il pas préférable de fermer le restaurant lors de ces manifestations ?
"Si je dois fermer, je renvoie des gens, alors la question ne se pose même pas", répond Etienne Charest. Les week-ends d'hiver sont les plus importants pour la brasserie, ceux qui permettent d'atteindre l'équilibre financier.
Depuis le début des manifestations des Gilets jaunes à Bordeaux, il enregistre une baisse de fréquentation de 20%. "Mais je me sens privilégié par rapport à d'autres commerces, encore plus exposés", souligne-t-il.
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— France3 Aquitaine (@F3Aquitaine) January 19, 2019
"Je suis resté devant l'agence pendant toute la manifestation"
Désormais, Etienne Charest envisage de rester devant son commerce lors des prochaines manifestations, afin, si possible, de prévenir les dégradations.
C'est déjà l'option retenue par d'autres commerçants bordelais, comme Laurent Menanteau, qui gère une agence de voyage et s'interpose physiquement pour la protéger d'éventuels dégâts.
"Je reste devant ma vitrine tous les samedis, et j'essaie de protéger mon commerce des dégradations, des tags, des coups... Nous sommes très solidaires entre commerçants, on fait très attention les uns aux autres. Pour le moment, ça fonctionne. Pourvu que ça dure" espère-t-il.
Je suis obligé de fermer tous les samedis
Place Pey-Berland, Mookh Samih, qui tient le kiosque, n'a pas le choix.
"Je suis obligé de fermer à 14 heures, et quand je reviens le soir, il y a le feu autour du kiosque, tout est cassé, tout est dégradé. Nous n'arrivons pas à travailler comme il faut", déplore-t-il.