Fin de l'obligation vaccinale pour les soignants : "On nous a obligé à nous vacciner et maintenant, ceux qui ne le sont pas vont revenir"

L'obligation de se faire vacciner pour le personnel des hôpitaux n'est plus préconisée par la Haute autorité de santé depuis ce jeudi 30 mars. Une décision qui sera suivie par le gouvernement, annonce le ministre de la santé François Braun. La réintégration des personnels non vaccinés est entérinée. Syndicats et médecins en Aquitaine réagissent.

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Imposée en pleine crise sanitaire, l'obligation vaccinale pour les personnels des hôpitaux n'est plus préconisée par la Haute Autorité Sanitaire (HAS), depuis ce jeudi 30 mars. Cette décision sera "rapidement" suivie par le gouvernement, a annoncé dans la foulée le ministre de la santé François Braun. L'obligation vaccinale contre le covid-19, en vigueur depuis dix-huit mois, touche donc à sa fin. La HAS suggère désormais que l'injection "soit fortement recommandée" pour les professionnels concernés. 

Ainsi, les agents hospitaliers suspendus sans rémunération, faute d'un schéma vaccinal complet pourront désormais réintégrer leur poste. François Braun veut entériner "rapidement" sa décision dans un décret. Possiblement sans attendre l'avis sur le même sujet, que le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) doit rendre avant l'été. Selon le ministère de la Santé la proportion d'agents hospitaliers encore concernés tourne "autour de 0,3%".

"Du personnel en plus pour travailler"

À Bordeaux, sur les 14 000 agents hospitaliers, 28 ont été écartés dont 15 soignants, indique le CHU. Ce qui représente une part infime des salariés. Une situation identique du côté de l'hôpital de Marmande : sur les 800 agents, cinq ont été suspendus et seuls deux ou trois sont concernés par un éventuel retour. "La très grande majorité des soignants sont vaccinés", confirme Philippe Revel, chef des urgences au CHU Bordeaux-Pellegrin.

Si les agents suspendus sont peu nombreux en France, symboliquement, cette décision interroge.  Ainsi, Laurent Filleul, responsable de Santé Publique France en Nouvelle-Aquitaine, soulève le problème "d'équité", entre "des gens qui se sont fait vacciner, qui ont bossé des jours et des jours, et d’autres qui ont été mis de côté".
Un sentiment, relayé par Alain Essebar, secrétaire CGT de l'hôpital Pellegrin. "On nous a obligé à nous vacciner et maintenant ceux qui ne le sont pas vont revenir", souligne-t-il, tout en précisant que ces personnes n'ont pas été rémunérés durant leur suspension. Néanmoins, il accueille de manière positive cette décision pour les effectifs de l'hôpital. Pour lui, la réintégration des personnels non-vaccinés "a beaucoup traîné" et permettra "de réintégrer d'anciens collègues, mais aussi des nouveaux qui veulent entrer, mais qui ne veulent pas se faire vacciner."  
"Ce sera du personnel en plus pour travailler", renchérit William Kuras, membre du bureau CFDT de l'hôpital de Marmande.

"On a encore besoin d'elle "

"Il est bon de tourner la page, car nous ne sommes plus dans la même situation épidémique, estime également le chef des urgences du CHU de Bordeaux.  Il est normal de lever les restrictions et d’autoriser les soignants à réintégrer l'hôpital. (...) Aujourd’hui c’est une bonne chose. L'épidémie s'est tarie."  Une amélioration de la situation sanitaire qui découle justement, de cette politique de vaccination massive, souligne Philippe Revel.

Ce n'est plus la maladie mortelle comme il y a trois ans. Comme la majorité de la population est vaccinée, on limite la maladie et la gravité. Sur le fond, je reste un fervent défenseur de la vaccination.

Philippe Revel, chef des urgences du CHU Bordeaux-Pellegrin

à France 3 Nouvelle-Aquitaine

De l'avis général, la vaccination contre le covid-19 a prouvé son efficacité. "On a encore besoin d'elle ne la maltraitons pas", réagit de son côté le Pr. Denis Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux, qui se refuse à commenter la décision de la Haute autorité de santé.  De son côté, Laurent Filleul s'interroge sur le fait de "mettre des soignants pas protégés au milieu de malades fragiles" :

Le problème majeur reste la protection des patients, surtout dans des milieux où l’on est face à une population fragile.

Laurent Filleul, Santé publique France

à France 3 Aquitaine

La France s'apprête à rejoindre les nombreux autres pays qui sont revenus sur l'obligation vaccinale contre le Covid, comme l'Allemagne, l'Italie, les Etats-Unis et l'Australie. D'autres Etats, notamment la Suède, la Suisse, l'Espagne et le Portugal, n'ont jamais eu recours à cette obligation.

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