Ce fonds doit faciliter les démarches des agriculteurs malades et des membres de leur famille également touchés. Souffrant de la maladie de Parkinson ou du lymphome non-Hodgkinien, les 2 maladies professionnelles reconnues à ce jour. Un fonds peu ambitieux pour l'association Alerte aux toxiques !.
"Ce fonds ne devrait même pas exister !" commente Valérie Murat, la présidente de l'association Alerte aux toxiques ! qui ne cesse de dénoncer les dangers des produits phyto-sanitaires dans la viticulture. Elle combat firmes et organisations professionnelles depuis que son père, lui-même viticulteur, est mort des suites d'un cancer.
Une grande hypocrisie
La prise en charge des malades devrait être automatiquement faite par la Mutualité Sociale Agricole, la sécu des agriculteurs, selon cette militante. Elle parle d'une grande hypocrisie. "Si la prise en charge par la MSA était réellement bonne, il n'aurait jamais été question de ce fonds. Il devient une vitrine pour les firmes de l'industrie chimique qui voudront être les premières à être taxées pour y abonder. Dans le même temps, elles pourront continuer à homologuer des produits dont la toxicité est reconnue".Valérie Murat regrette également que seules deux maladies soient reconnues comme maladies professionnelles : la maladie de Parkinson et le lymphone non-Hodgkinien, un cancer du système immunitaire. "Les études qui démontrent des liens entre l'exposition aux substances actives et la survenue de pathologies lourdes et irréversibles ne prennent pas en compte toutes les affections dont les agriculteurs sont victimes. Il y a une sous représentation des maladies" dénonce t-elle.
Un bon nombre de victimes n'aura donc aucun accès à ce fonds.
"On a évolué sur l'utilisation des pesticides"
Patrick Vasseur, vice-président de la Chambre d'Agriculture de Gironde et viticulteur depuis 39 ans, estime lui que ce fonds, dont le décret d'application vient tout juste d'être publié, est " une bonne réponse aux maladies professionnelles aujourd'hui reconnues".
Il souligne que les pratiques ont énormément évolué depuis "le grand boom de la chimie dans les années 60, 70".
"On ne connaissait pas les conséquences des produits qu'on utilisait. A l'époque, on avait un programme pour l'hiver, on traitait systématiquement tous les 15 jours. Aujourd'hui, on traite selon les risques de développement des maladies en fonction de la météo."
Il explique n'utiliser que de très faibles doses de produits. "Pour le cuivre par exemple, on démarre à 500 grammes par hectare alors qu'on attaquait directement avec 3 kg il y a 40 ans".
Une évolution essentielle pour répondre à la demande des négociants et des consommateurs mais aussi pour préserver la santé de tous ceux qui évoluent autour des exploitations.
Le fonds d'indemnisation des victimes de pesticides concerne les agriculteurs actifs mais aussi les retraités, les épouses et les enfants exposés in utéro.
Communiqué ?| Publication du décret d’application relatif au fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP).
— Ministère des Solidarités et de la Santé (@MinSoliSante) November 30, 2020
? Retrouvez toutes les informations sur le site dédié : https://t.co/umrodQfIWa
Un site internet dédié a été mis en ligne pour expliquer et faciliter les démarches.
Démarches encore trop lourdes à effectuer souligne Valérie Murat qui rappelle que les affections dont souffrent les victimes sont très handicapantes. "On se bat déjà contre la maladie, on n'a pas forcément envie de se battre contre le système sensé nous permettre de jouir de notre droit à la santé".
Voici le reportage réalisé par Guillaume Decaix et Ludovic Cagnato > ils sont allés à la rencontre de Valérie Murat et de Patrick Vasseur :