La fermeture de l’usine de Blanquefort est inéluctable après la décision du constructeur américain de rejeter une nouvelle offre de reprise proposée par Punch Powerglide. On évoque désormais la revitalisation du site et la région propose de prendre le leadership.
Le divorce n’est pas encore officiellement acté mais les papiers sont en cours. Après 46 ans de mariage, Ford choisit de quitter Blanquefort sans état d’âme, laissant derrière lui, 850 salariés.
Bercy, avait pourtant annoncé, en début de semaine, une nouvelle offre du repreneur Punch Powerglide.
Elle devait être plus solide que la première, qui avait été écartée, par Ford en décembre 2018.
Seulement voilà, le constructeur automobile américain, qui a toujours estimé, que son plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) était plus avantageux pour les salariés, a rejeté définitivement cette dernière proposition.
L’usine inaugurée le 19 juin 1973 par Henry Ford II, président du groupe automobile et petit-fils de son fondateur, va donc arrêter la production.
Un mauvais coup pour les représentants du personnel et le gouvernement
24 heures après cette annonce, Bercy, pour qui, c’est un véritable échec, n’a d’ailleurs, toujours pas confirmé l’information.
Au ministère de l’économie, le message est clair « On ne parle pas de ce dossier » nous a confié l’entourage du délégué interministériel aux restructurations.
C’est pourtant, Jean-Pierre Floris, qui a prévenu, jeudi les syndicats.
Reste que le prochain rendez-vous, prévu, lundi 25 février à Bercy, avec les services de Bruno Le Maire, est maintenu. La réunion, est fixée à 17 heures, avec les collectivités locales et les représentants des salariés.
Et Après ?
"Ford est trop content de s'en aller, c'est insupportable à formuler mais c'est comme ça. Alors ne soyons pas naïfs par rapport à des grands groupes comme ça qui se comportent en chacal."
Passé le moment de colère, le président de la région Nouvelle-Aquitaine, veut maintenant contraindre Ford, à s'engager dans la reconversion du site : " J'ai eu le ministère de l'économie hier, la région est prête à prendre le leadership." .
Alain Rousset travaille en ce sens et confie avoir eu un contact téléphonique ce vendredi matin avec une entreprise dont il tait le nom.
Revitaliser un site de ce type, suppose trois conditions pour le patron de la région :
1- Que Ford ne parte pas comme un voleur : il faut laisser le batiment en l'état, assurer les travaux de désamiantage, que ce soit un site immédiatement occupable.
2- Que Ford mette les moyens sur les indemnités des salariés et accompagne cette reconversion.
3- Capacité de formation pour les salariés qui ont l'âge de poursuivre une actitivé professionnelle.
Alain Juppé, encore maire de Bordeaux et Président de la Métropole pour quelques jours, avant son entrée au Conseil Constitutionnel, l’y encourage.
«Bordeaux Métropole, en lien avec la région Nouvelle-Aquitaine, mettra tout en œuvre pour contribuer à l'implantation de nouvelles activités sur le site et demande à l'État d'exiger de Ford de prendre enfin ses responsabilités pour financer un vrai plan de revitalisation du site», déclare-t-il dans un communiqué.
L'hypothèse d'un plan de revitalisation ne réjouit pas la CGt de Ford Blanquefort :
« Il doit y avoir un plan B ! Et cela ne doit surtout pas être, ce à quoi se prépare l’Etat, un plan de revitalisation, solution pipeau et en rien originale ».
Le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine qui voit les choses différemment, précise par la voix de Francis Wilsius, élu régional et ancien de Ford, qu' « Un plan de revitalisation permettrait la nomination d’un cabinet spécialisé dans la recherche d’investisseurs ».
Un plan de revitalisation sous la tutelle de l’Etat.
Si cette option est retenue, un coordinateur sera nommé par le préfet.
Une commission sera, alors mise en place. Commission à laquelle seront associés, les collectivités, les représentants de Ford, un cabinet spécialisé dans la recherche d’entreprises.
Nul doute que l’état et les collectivités qui s’estiment bafouées et qui ont investi pour pérenniser la présence du constructeur en Gironde vont tout faire pour obtenir de Ford une manne financière importante . Les discussions s’annoncent âpres.
Rappellons que l’accord-cadre de 2013 avait permis d’obtenir un engagement de Ford à maintenir 1.000 emplois, en échange d'aides des collectivités locales, de l'Etat, pour un total d’environ 27 millions d’euros.
Dans le cadre d’un plan de revitalisation, la loi est claire : l’entreprise doit verser au minimum 4 smic par salariés.
Pas sûre que cela soit suffisant pour compenser les pertes et développer de nouveaux projets.
Pour l’heure rien n’est encore décidé officiellement.
Seule certitude pour les 850 salariés : dans quelques jours, la Direccte doit se prononcer sur le nouveau plan de sauvegarde de l'emploi de Ford. Le premier avait été rejeté le 28 janvier dernier.
Le 4 mars, la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi rendra son verdict.
En cas de validation, l'usine fermera définitivement ses portes à la fin de l'été.
Jean Claude Lacoste et Sylvie Tuscq-Mounet sont allés à Blanquefort où une page industrielle se tourne