Ford et Blanquefort, cette union est scellée en 1971. Le géant américain sera même le plus grand employeur de la Gironde au début des années 2000. Puis le déclin s'engage jusqu'à la fin de l'histoire programmée pour l'été 2019. Ford a rejeté le dernier espoir : la reprise par le groupe belge Punch.
" Ce sera l'une des plus modernes au monde dans le domaine des transmissions automatiques "
Ça c'était avant.... C'est ainsi qu'Henry Ford II, petit fils du créateur du géant de l'automobile Ford, dévoile son projet d'usine et le choix se portera sur Blanquefort. Nous sommes en 1971 et tout sourit au nouveau site. 100 000 mètres carrés pour 600 millions de francs investis.
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Une usine voulue par Chaban-Delmas
Le maire de Bordeaux à l'époque est Jacques Chaban-Delmas. Il est devenu Premier Ministre et a bataillé dur pour séduire les entreprises.Ainsi a-t-il convaincu Henry Ford II de venir s'y installer. Un peu de souffle pour la région qui venait de perdre ses grands chantiers navals de Lormont, juste de l'autre côté de la Garonne.
Tout souriait à Ford qui gagne alors les 24 Heures du Mans. De fait, fabriquer des boîtes de vitesse pour les usines Ford européennes et nord-américaines s’intégrait dans cet essor de l’industrie automobile. La confiance s'installe et le site de Blanquefort porte l'idée d'une croissance industrielle en Gironde, et la création d'emploi qui l'accompagne.
La période dorée de Ford, c'est l'an 2000. L'usine emploie alors 3600 salariés. Sa production est au plus fort. C'est le premier employeur de Gironde.
Mais par la suite le ciel s'assombrit et à partir de 2008, la production des boîtes de vitesse faiblit, l'usine est occupée. Le déclin commence.
Un duo allemand se manifeste pour fabriquer de grandes couronnes éoliennes mais le projet capote.
Ford le retour
L'état, les élus, les salariés se mobilisent et font pression. Ford revient. Le site est officiellement racheté en janvier 2011 et redevient Ford Aquitaine Industrie (FAI).
Pour pérenniser l'activité, un accord est signé en 2013. Se sont mobilisés la direction de Ford, l’État, les collectivités locales et les syndicats. Au passage, le site bénéficie de 125 millions d’euros d’investissements, et qui met la main au porte-monnaie ? L’État, la Région et les autres collectivités. Il s'agit de sauvegarder pendant cinq ans 1 000 emplois sur le site de Blanquefort.
La production est relancée mais les débouchés ne sont pas conformes aux prévisions. S'en suit du chômage partiel... Puis l'annonce d'un nouveau projet industriel en 2016 mais ces déclarations ne vont pas convaincre les syndicats du site, méfiants sur le nombre d'emplois nécessaires pour répondre aux objectifs.
L'agonie
Ford avait annoncé 120 000 unités fabriqués en 2020 mais des doutes voient le jour, certains voyant plutôt des chiffres surestimés.
Dès janvier 2017, les salariés se méfient de l'avenir et les salariés sur le site engagent pour une journée "usine morte". Les signes avant-coureurs d'une fermeture annoncées. Les autorités et les élus aussi commencent à douter. La suite leur donnera raison.
Ford se désengage du site, c'est annoncé en juin 2018. Après d'ultimes tentatives du Ministre Bruno Le Maire, des collectivités, des syndicats de contraindre Ford à accepter la proposition d'un repreneur, le groupe belge, l'acte final est arrivé. Le plan de Sauvegarde de l'emploi n'a plus qu'à se mettre en marche avec dernier accord de la DIRECCTE dans quelques jours.
A partir de 2019, le géant américain ferme ses portes. Fin de l'histoire entre Ford et la Gironde.