Le groupe Punch, candidat à la reprise de l'usine Ford de Blanquefort a présenté son projet aujourd'hui en préfecture de Bordeaux. Élus locaux, syndicats et représentants de l'Etat sont séduits. Mais la balle est dans le camp de Ford.
Les réunions se suivent et les participants veulent croire que l'espoir demeure. Aujourd'hui c'est l'Etat par la voix du préfet de la région Nouvelle Aquitaine, qui a pris l'initiative de la rencontre. Autour de la table, les syndicats de Ford, les représentant de l'Etat et les responsables de la société Punch, le candidat à la reprise de l'usine de Blanquefort.
Le préfet Didier Lallement explique :
Le ministre de l'Économie Bruno Lemaire a insisté auprès de Ford pour défendre le projet de reprise présenté par Punch
Nous avons souhaité que l'ensemble des éléments du plan puisse être discuté avec les uns et les autres. Aujourd'hui, nous disposons d'une base qui nous parait solide. Il reste des discussions à avoir sur des éléments sociaux. Mais tous les acteurs sont toujours unis sur l'idée d'une reprise. Il faut maintenir une présence industrielle liée à l'automobile sur ce site. Le PSE (Plan de Sauvegarde de l'Emploi) serait une catastrophe !
Le 16 octobre dernier, à l'issue d'un comité d'entreprise extraordinaire, la direction de Ford avait rejeté le projet de reprise en expliquant dans un communiqué : « comparé à un plan social Ford très complet, nous ne pensons pas que le plan de l’acquéreur potentiel offre le niveau de sécurité et de protection requis, ou limite le risque futur de suppressions d’emplois ».
Aujourd'hui donc, les élus locaux, les représentants syndicaux et l'Etat ont souhaité parler d'une seule voix.
À l'image de l'ancien candidat à la présidentielle et représentant CGT de Ford à Blanquefort, Philippe Poutou :
Nous, ce qu'on veut, c'est qu'il y ait une chance de reprise du site. Qu'on puisse sauver nos emplois.
Là, on est sur une discussion. Il y a une possibilité de ce côté-là, on préfère ça.
Mais il y a un gros chantier.. Il y a les exigences de Punch qui ne collent pas avec ce que l'on souhaite. Par exemple, pour nous, il est hors de question de revenir sur nos salaires.
Car Punch a quelques exigences, ou du moins quelques souhaits.
Les salaires sont un point d'achoppement avec le groupe Belge Punch Powerglide. Mais le repreneur potentiel, qui a déjà racheté une usine General Motors de boite de vitesse à Strasbourg, souhaiterait adopter la même stratégie. Certains de ces points restent hautement confidentiels, mais la maire (PS) de Blanquefort Véronique Ferreira accepte de lever un petit coin du voile :
Ford doit accepter un certain nombre de conditions : Assurer la période de transition au moment de la reprise sur 2 à 3 ans.
Ford, c'est une marque, ce n'est pas n'importe qui.
Ils veulent quitter Blanquefort ? Dont acte. Comment vont-ils partir ? La tête haute, en prenant leurs responsabilités ou vont-ils tout balayer sous le tapis comme des voleurs ? À eux de se poser la question. Ce serait dommage que leur image de marque soit très entachée par la manière dont ils vont partir.
"Une trahison"
Mais le groupe américain ne semble pas disposé à débourser le moindre centime pour aider un concurrent à reprendre l'activité en Gironde comme l'explique Philippe PoutouLe gros problème, c'est que Ford, aujourd'hui, n'a toujours pas accepté l'idée d'une reprise et ne donne pas les moyens qui permettraient qu'une reprise de qualité puisse se faire.
On est en train de discuter avec l'état et les collectivités territoriales pour faire front commun, pour imposer à Ford de lâcher prise et de permettre une reprise. On est d'accord aussi sur le fait qu'il ne faut pas qu'il y ait de remise en cause sociale pour les salariés.
Tout le monde semble vouloir y croire même si le préfet reconnaît :
Tout n'est pas réglé, la balle est dans le camp de Ford. Il y a une reprise sérieuse à Bordeaux, qui est financé par l'entreprise qui reprend et par la mobilisation de l'état et des collectivités publiques donc ce serait une véritable trahison si demain Ford quittait la région sur de mauvaises raisons. Une bêtise industrielle.
Pas de licenciements secs
Le projet de reprise prévoirait des suppressions d'emplois, mais aucun licenciement sec selon Philippe Poutou :
Là, on est à près de 400 emplois sauvés. Et 300 qui partiraient en pré-retraite. C'est le mieux que l'on puisse faire aujourd'hui. Sans licenciement, sans casse sociale.
Le site compte aujourd'hui 830 emplois directs. Le projet prévoirait aussi des départs volontaires.
Jean Pierre Floris, le délégué interministériel aux restructurations d’entreprises l'avoue
Nous aurions souhaité un plan plus ambitieux, mais ce plan est réaliste.
Pour l'heure, aucun calendrier n'est annoncé. À la sortie de la réunion, Philippe Poutou voulait croire à un accord avant la fin de l'année. Mais c'est à Ford désormais de décider.