Gironde : le succès du chauffage au bois risque d'entrainer une pénurie

Avec la hausse du prix du fioul, du gaz et de l’électricité vos êtes nombreux à vous tourner vers le chauffage au bois. Un engouement qui met toute la filière en surchauffe.

Et si le bois venait à manquer cet hiver. Une interrogation qui tend de nombreux secteurs. Dans le secteur du livre, certaines maisons d’édition sont obligées de payer le prix fort pour continuer à imprimer. La région Nouvelle-Aquitaine est particulièrement touchée par cette problématique, à la fois comme consommatrice de bois mais aussi comme productrice avec derrière toute la filière sylvicole. En Gironde, les entreprises proposant des poêles à bois ou à granulés observent une nette augmentation de leur activité. La demande est là. Et de son côté, la filière bois travaille à flux tendu. Pour certains acteurs du secteur la pénurie serait inéluctable.

Démarche écologique et financière

A Saint-Sèlve en Gironde, Gérard et Caroline ont fait installer un nouveau poêle à bois fin septembre dans leur salon. Ils ont un objectif écologique clairement affiché. « Il consomme très peu de bois », explique Caroline, « il émet très peu de CO2 et il chauffe très bien ».

« Un poêle à bois n’est pas destiné à chauffer de manière constante, tout le temps, avec une combustion lente », explique Gilles Camon à un couple venu dans ce magasin spécialisé à Arbanats. Il ambitionne d’acheter un poêle à bois rapidement. « Nous sommes à la maison au 100% électrique pour le chauffage et tout le reste » raconte Damien Binon. « Et donc on souhaiterait avoir une deuxième source déjà pour avoir un peu plus de tranquillité face aux intempéries  et coupures d’électricité. Mais aussi pour des questions financières poursuit le père de famille « parce que le 100% électrique ça commence à coûter ».

Hausse des ventes et des délais d’installation

Gilles Camon est le gérant de cette société spécialisée dans les poêles à bois ou granules. Il est inondé d’appels de clients et a doublé son nombre de ventes cette année. Celle-ci est revenue au niveau d’avant 2008. Cette hausse de la demande a pour conséquence un rallongement des délais d’installation de poêles. Ils peuvent aller jusqu’à deux à trois mois.

« Les fournisseurs ont de plus en plus de mal à nous fournir », explique Gilles Camon. « Donc les poêles sont approvisionnés au goute à goute. Auparavant il fallait huit à dix jours pour avoir la marchandise  aujourd’hui il faut plus d’un mois ».

Un marché dopé par les aides de l’Etat

La hausse des prix du gaz, de l’électricité et du fioul explique cet engouement mais en partie seulement. Les aides de l’Etat ont elles aussi accéléré une tendance observée ces dernières années. La prime  « Renov » permet de financer jusqu’à 2400 euros pour un poêle à bois, et jusqu’à 3000 euros pour un poêle à granulés. Le Certificat d’Economie d’Energie (CEE), permet quant à lui une aide pouvant aller jusqu’à 800 euros. Autant de coups de pouce qui permettent à certains particuliers de passer le pas. Certaines grandes enseignes de bricolage facilitent les achats en se posant comme intermédiaire entre l’Etat et les acheteurs. « On est mandataires de l’Agence Nationale de l’Habitat (ANAH), ce qui fait qu’on peut faire les avances des aides aux clients », précise Lionel Passera, Conseiller de vente chauffage. « Et nous on se fait après rembourser l’aide par l’ANAH ». Résultat lorsque certains devis à 5000 euros par exemple sont établis, le client peut n’avoir plus que 1000 euros à mettre de sa poche. En 2022, la hausse du prix de l’électricité et du gaz devrait se poursuivre. Ce qui n’augure pas d’une baisse des ventes de poêles à bois. 

« Production à flux tendu » et « certains produits déjà en rupture de stock »

Thierry Chadeau dirige une entreprise de production de bois de chauffage en Gironde. Chaque jour, jusqu’à 50 stères de bois de chênes provenant des forêts périgourdines ou charentaises sont produites ici. A peines découpées ces buches de bois sont prêtes à être livrées. C’est ce qu’on appelle une production à flux tendu. Cette année la demande est particulièrement sorte selon lui. « On a une période très très forte », avoue-t-il, « plus que d’habitude ».

A Gradignan, l’entreprise de Xavier Mayeu fournit du bois aux particuliers depuis dix ans. Il fait le même constat que Thierry Chadeau : plus 25% cette année. Une pénurie est selon lui inévitable. Son fournisseur principal a déjà du mal à suivre. « Ils nous ont diminué nos volumes de livraison pour essayer de servir tout le monde», explique-t-il. « Je pense qu’à partir du mois de décembre on risque d’avoir une pénurie nationale sur le bois bûche de chauffage classique. Actuellement on a déjà des produits en rupture ». Certains Français n’ont en effet pas hésité à faire d’importants stocks de bois par crainte d’une pénurie ce qui n’a fait qu’accentuer le problème ces derniers jours. En France plus de 7 millions de logement sont entièrement ou partiellement chauffés grâce au bois.

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