Le conseil d'administration des Girondins de Bordeaux a refusé de se déclarer en cessation de paiement. Il évite le redressement judiciaire. Gérard Lopez, ancien président du club de Lille prend les commandes du club pour la saison 2021-2022.
L'ombre du redressement judiciaire planait depuis des semaines sur les Girondins de Bordeaux: elle s'est dissipée mardi en fin de journée avec l'annonce d'un accord entre l'ancien actionnaire majoritaire King Street, son bailleur Fortress et Gérard Lopez, qui revient donc en Ligue1, six mois seulement après avoir été écarté de la présidence de Lille.
Gérard Lopez reprendra le club, comme l'a annoncé le club dans un communiqué :
"Un accord a finalement été trouvé entre King Street, Fortress et Gérard Lopez validant le projet porté par ce dernier".
La joie des Ultras
Un véritable soulagement pour les Ultramarines :
Aujourd'hui on est passés d'une colère immense à une joie immense. On remercie du fond du cœur Gérard Lopez d'avoir sauvé le club.
Avant que cette reprise ne soit totalement actée, l'ancien propriétaire du LOSC devra tout de même apporter des garanties auprès de la Métropole concernant la location du Matmut-Atlantique (4,9 M€/an) et passer devant la DNCG, gendarme finaincier du football français.
Les supporters eux, placent toute leur confiance dans le futur dirigeant : "On est convaincus qu'il va passer les prochaines étapes et redonner ses lettres de noblesse à ce club. Ce soir, place à la fête ! C'est sans aucun doute le premier jour de renaissance du club."
⚽️ sûrement le dernier message pour Frederic Longuepée de la part de supporters des @girondins #Girondins #FCGB pic.twitter.com/tJww1dnPi7
— Dorian Malvesin (@MalvesinDorian) June 22, 2021
De son côté, la mairie de Bordeaux a salué la nouvelle : "Une nouvelle page doit s'ouvrir, conformes conforme aux aspirations fortes de toutes celles et ceux qui attendent que les Girondins retrouvent leur âme" et n'a pas manqué de rappeler Gérard Lopez à ses obligations :
Le maire de Bordeaux restera vigilant sur la solidité et la pérennité du modèle économique proposé et attend l’instauration rapide de relations de confiance, nouvelles, entre le Club et la Ville.
Bataille d'influences
Une véritable bataille pour la reprise des Girondins a eu lieu en coulisses. Finalement, le rachat du club s'est joué entre Didier Quillot, l'ancien directeur général exécutif de la Ligue de football professionnel (LFP) soutenu par des investisseurs français et anglo-saxons et Gerard Lopez un temps associé à un autre repreneur potentiel Pascal Rigo, un entrepreneur girondin qui a fait fortune dans la boulangerie en Californie et à Stéphane Martin, brièvement président des Girondins (2017-2018).
Le 21 juin, quelques heures avant la date limite, Gérard Lopez a finalement fait cavalier seul car son binôme Pascal Rigo n'aurait "pu produire aucune garantie de financement".
Avenir incertain
Mais les Marine et Blanc ne sont pas encore tirés d'affaires. En effet, Gérard Lopez rachète le club sur ses deniers personnels, avec l'aide du Club Scapulaire, un groupe de 250 entrepreneurs principalement locaux, qui ont apporté autour de 5 millions d'euros.
Pour que la vente soit effective, le nouveau président doit désormais apporter des garanties à la Métropole sur le versement du loyer du stade (4,9 millions d'euros par an) et devra aussi convaincre la DNCG, le gendarme financier du football, que son plan est viable. Son passage y est prévu début juillet.
Si les fonds ne sont pas suffisants, le club pourrait être placé en redressement judiciaire. Une procédure longue, entre trois et quatre semaines, et qui pourrait ainsi mener vers une rétrogradation du club, qui n'a pas le droit de débuter une saison en ligue professionnelle s'il fait l'objet d'une procédure judiciaire.
Le timing sera donc décisif car si la Ligue 1 et la Ligue 2 ont déjà commencé, les Girondins pourraient descendre jouer... en Nationale 3.
Lopez, un multi-propriétaire sportif
Mais l'arrivée de Gérard Lopez, homme d'affaire hispano-luxembourgeois pose tout de même des interrogations sur le mode gestion qu'il va proposer. Car l'ancien président lillois a été écarté du club du Nord pour des raisons financières.
Ses choix, basés sur le "trading" de joueurs, ont certes été bénéfiques sportivement, avec un titre de Ligue 1 remporté à la barbe du richissime PSG, mais financièrement, ce système a fait plonger le club dans le rouge, avec une dette de plus de 120 millions d'euros, principale raison de son éviction en décembre dernier.
L'homme de 49 ans, qui a fait fortune dans les nouvelles technologies, apporte pourtant "les garanties demandées par le Conseil d'administration", répondant ainsi aux attentes de la banque d'affaires Rothschild, chargée de la vente du club, qui avait elle-même sollicité l'homme d'affaires il y a quelques semaines.
Gerard Lopez, ancien propriétaire de l'écurie de Formule 1 Lotus, confirme donc sa présence dans le monde du football professionnel puisqu'il dirige déjà deux autres clubs européens, Mouscron en Belgique et Boavista au Portugal.
Avec la reprise des Girondins, le défi est immense, autant que les attentes des supporters du club aux six titres de champion de France, depuis plusieurs saisons abonné au ventre mou de la L1.