Ce mardi 16 avril, le journal Les Echos annonce que la suppression de l'ENM de Bordeaux fait partie des mesures post-grand débat proposées par Emmanuel Macron. Une affirmation qui suscite la surprise et l'indignation des syndicats de magistrats.
Dans un article publié mardi 16 avril, le journal Les Echos est catégorique : la suppression de l'ENA et celle de l'Ecole de la Magistrature de Bordeaux font partie des mesures prévues par Emmanuel Macron à l'issue du Grand Débat.
? Grand débat : L'ENA et l'Ecole nationale de la magistrature sont supprimées >> https://t.co/MzKXksW4Qn
— Les Echos (@LesEchos) 16 avril 2019
Ce mercredi 17 avril, le service de communication de l'école ne souhaite pour l'instant pas réagir à l'article des Echos.
Sur son compte twitter, l'ancien directeur de l'école Xavier Ronsin réagit en indiquant que "plusieurs sources hautement crédibles" lui ont démenti cette information.
Plusieurs sources hautement crédibles me démentent formellement l' annonce #FakeNews de @LesEchos de la suppression de @ENM_France #QuiVivraVerra mais #vigilance https://t.co/Ib0qYHQETo
— Xavier RONSIN (@xavierRonsin) 16 avril 2019
Une "rumeur" selon le porte-parole du Ministère de la Justice
De son côté, le porte-parole du Ministère de la Justice, Youssef Badr, interrogé sur cette question, répondait hier sur twitter qu'il n'avait pas vraiment d'information à ce sujet...
J’en ai pas la moindre idée. Je tente de me renseigner .
— Youssef Badr (@porte_parole_MJ) 16 avril 2019
Mis-à-jour à 13h15 : Youssef Badr nous a répondu en indiquant que l'information publiée par Les Echos était une rumeur et qu'en tant que porte-parole du Ministère de la Justice, il ne la commenterait pas.
Surprise et indignation des syndicats de magistrats
Alors que l'information n'a pas été officiellement confirmée ou infirmée, elle suscite déjà l'indignation des syndicats de magistrats.L’USM s’indigne de cette volonté de suppression alors que l’@ENM_France est indispensable au maintien d’une formation de haut niveau conjuguée avec l’ouverture sur le monde, accentuée ces 10 dernières années par plusieurs réformes. #jalousie #demagogie ou #méconnaissance ? https://t.co/Gr3p8CnWrU
— USM Magistrats (@USM_magistrats) April 16, 2019
Dans une justice française par ailleurs exsangue, la formation est l'un des rares points forts et l'@ENM_France est un modèle qui fait référence à l'international.
— SMagistrature (@SMagistrature) 17 avril 2019
Détruire ce qui marche, est-ce vraiment une priorité ? Qui l'a demandé ? Avec quelles arrières-pensées ? https://t.co/6DoamCHPC8
Les étudiants en droit, dont certains se préparent au concours d'entrée de l'ENM depuis plusieurs années, partagent aussi leur inquiétude sur les réseaux sociaux.
Ça fait depuis la L2 que je choisis l'intégralité de mes matières en droit en vue de l'ENM mais Macron veut supprimer l'école ? C'est mon seul but dans la vie, je suis pas bien là ? Vivement que ce soit un peu plus clair cette histoire
— ? (@plussoyante) April 17, 2019
Une école parfois contestée
À l'automne 2017, le médiatique avocat Eric Dupond-Moretti plaidait pour la suppression de l'ENM, lui reprochant de créer un "entre-soi" des magistrats.L'ENM lui avait alors répondu par une lettre ouverte, invitant l'avocat à venir en débattre au sein même de l'établissement.
Une invitation honorée en mai 2018, lors de laquelle l'avocat était largement revenu sur ses propos, comme le rapporte Le Monde.
Dans sa rubrique dédiée à la vérification d'informations CheckNews, Libération note que l'idée de la suppression de l'ENM, ou plutôt celle de sa fusion avec d'autres écoles, avait déjà été évoquée par le député de la Vienne Sacha Houlié.
Disparition de l'ENM : réactions à Bordeaux dans ce reportage ►
L'Ecole Nationale de la Magistrature de Bordeaux, inaugurée en 1972
L'Ecole Nationale de la Magistrature a été inaugurée à Bordeaux en 1972, prenant la succession du Centre national d’études judiciaires créé en 1959.C'est désormais l'une des institutions de la ville, qui jouxte le Palais de Justice, en plein centre-ville.
Le 28 janvier 2019, 309 élèves ou auditeurs de justice faisaient leur rentrée à l'ENM. Une promotion qui comptait 221 étudiants de moins de 31 ans, et 88 professionnels en reconversion recrutés sur concours ou dossier.
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