Grève à la Polyclinique Bordeaux Nord : "ce qui est déplorable, c'est d'être obligés d'en arriver là "

Depuis lundi 26 juin, une partie du personnel de la clinique Bordeaux Nord est en grève pour réclamer une augmentation des salaires, dans le cadre des négociations annuelles obligatoires. Ce mercredi, un accord a été passé entre la CFDT et la direction, mais refusé par la CGT, qui appelle à la poursuite du mouvement.

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"La grève continue", résume Isabelle Larroquet, en haussant la voix pour couvrir le bruit de la manifestation qui rassemble, selon le syndicat CGT santé, une soixantaine de salariés. Mais précise-t-elle, "une partie des collègues en grève ne sont pas venus, pour ne pas être réquisitionnés..." Et d'autres, selon elle, ne peuvent pas se le permettre, en plus des actions précédentes contre la réforme des retraites. Car, justement, une prime ne rentre pas dans le calcul des retraites. Une augmentation oui.

Un accord avec la CFDT

Ce mercredi 28 juin, Boris Galinat, directeur communication, polycliniques de Bordeaux expliquait que le mouvement de grève a été très peu suivi, qu'il n'y a pas eu de perturbations mercredi, mais que les urgences étaient touchées, comme le service de cardiologie lundi et mardi. "Nous sommes en pleines Négociations Annuelles Obligatoires (NAO) qui ne sont pas finies. Un accord a été trouvé mardi avec la CFDT, syndicat majoritaire, pour une prime de 1460 euros net pour chaque salarié", soulignait-il. Une mesure qui permettrait de lutter contre l'inflation.
La CGT, elle, demandait 300 euros brut mensuels.  "Inenvisageable au regard des résultats, selon la direction. Cela ferait 5 millions en tout. Depuis le début de l'année, il y a eu notamment une augmentation de 230 % des coûts des énergies. Et les salaires ont été augmentés de 20 % sur les 5 dernières années (prime Ségur)".

"De l'enfumage", selon la CGT

Ce jeudi 29 juin, au quatrième jour du mouvement, la déléguée syndicale CGT Santé estime de son côté que le compte n'y est pas, malgré le geste de la direction, accepté par la CFDT. "De l'enfumage", estime-t-elle.  "La prime proposée (de 1460 euros, ndlr) contient 266 euros d'intéressement et 400 euros de participation aux bénéfices. Mais pour nous, ça ne fait pas partie des NAO".
Ce que propose la direction c'est une prime "Macron", dite de "partage de la valeur". Une prime de 800 euros, donnée en une fois, "ni cotisée, ni taxée". Seuls "les gens présents en 2022 l'auront"La prime ne bénéficiera pas aux nouveaux arrivants.

La syndicaliste CGT explique que la CFDT est majoritaire mais "pas de beaucoup... peut-être 55% à 45%", et que "beaucoup ne font pas grève parce qu'ils n'en ont pas les moyens". Elle dénonce le fait que la direction cherche à diviser. "D'un côté, les majoritaires, ceux qui acceptent la prime de 800 euros et de l'autre, nous qui sommes dans la rue et qui sommes contre. Non ! On prendra les 800 euros, mais on veut une augmentation de salaires !"

Bien-sûr qu'on est une minorité mais on exprime un sentiment général dans la clinique.

Isabelle, Déléguée syndicale CGT santé

Rédaction web France 3 Aquitaine

 

 D'après une enquête de la CGT, "les gens souhaitaient une augmentation de 300 euros. Ce qu'on voulait, nous, c'est que la direction fasse une proposition entre 0 et 300 euros, qu'il y ait un consensus là-dessus. Une prime, pourquoi pas ? Mais qu'ils augmentent les salaires aussi !' Elle affirme que "ça fait des années qu'ils n'augmentent pas de leurs deniers", puisque la prime Ségur était donnée par l'Etat... "On conteste la prime alors que la clinique a fait 3,5 millions d'euros de bénéficesl'an dernier".

Des services perturbés

En attendant, elle estime que plusieurs services sont perturbés. Les urgences ne fonctionnent presque pas, le service de cardiologie est fermé. "Il y a des grévistes en oncologie", "des opérations qui sont reprogrammées, des hospitalisations en cardio reportées... Bien-sûr, ça a un impact"... Elle décrit un contexte difficile pour des soignants qui culpabilisent parfois de suivre le mouvement. "Moi je suis infirmière, on est des soignants avant tout", rappelle-t-elle.

Je ne suis pas là pour empêcher les gens d'être soignés. Ce qui est déplorable, c'est d'être obligés d'en arriver là pour être entendus !

Isabelle Larroquet, déléguée syndicale CGT Santé

Rédaction web France 3 Aquitaine

Et la syndicaliste de conclure : "la direction aurait fait un consensus en disant une partie prime et une partie augmentation de salaires, je pense que ça serait passé !"  Ce jeudi soir, le mouvement de grève a été reconduit pour vendredi 30 juin.

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