A Bordeaux comme dans toute l'Aquitaine, les enseignants de primaire et de collège répondent à un appel à la grève lancé par une intersyndicale. Ils réclament l'application d'un protocole renforcé dans les établissements, afin de limiter les risques de contamination au Covid-19.
Ce n'est que le début, prévient Samantha Fitte. Ce mardi matin 10 novembre, la représentante du Snuipp-FSU 33 recense le nombre de grévistes dans les écoles élémentaires du département. "Pour l'instant, on nous annonce 20% de grévistes en Gironde", assure-t-elle.
Dans toute la France, les enseignants du primaire et du secondaires répondent un appel à la grève lancé par une intersyndicale (FSU, FNEC-FP-FO, CGT, Educ'action, SNALC, SUD
et SNCL-FAEN).
Les enseignants réclament un protocole renforcé dans tous les établissements scolaires. Depuis lundi, ce dernier a été mis en place dans les lycées uniquement.
"Nous recevons des ordres et des contre-ordres"
A Bordeaux, une manifestation doit se tenir ce mardi, à 11h30, entre la place de la Victoire et le rectorat. "Cette grève c'est un avertissement à destination du ministre, précise Samantha Fitte.Nous voulons lui dire notre colère et notre inquiétude. On nous demande de mettre en place un protocole allégé, puis un nouveau protocole pseudo –renforcé… Nous recevons sans-cesse des ordres et des contre-ordres".
Dans les écoles comme dans les collèges, les syndicats réclament un protocole identique à celui mis en place dans les lycées, qui prévoit notamment la mise en place de demi groupes.
Ils demandent également des recrutements supplémentaires pour mettre en place des groupes allégés ou encore pallier l'absentéisme des professeurs, lorsqu'ils sont malades ou cas contacts.
On se retrouve avec des établissements qui ont deux ou trois enseignants absents, et des écoles qui ne savent pas quoi faire des élèves. Parfois ils les renvoient chez eux ou les laissent dans la cour pour éviter les brassages.
Quel protocole dans les écoles ?
Actuellement, le protocole existant dans les écoles primaires prévoit des règles de distanciation physique, l'application des gestes barrières, et le port du masque pour les enseignants, le personnel et les élèves à partir du CP. Les classes doivent être ventilées et nettoyées, et le brassage des élèves limité.Pour Anne Bisagni-Faure, la rectrice de l'académie de Bordeaux, ce protocole est déjà suffisant pour assurer la sécurité des élèves et du personnel.
Je voudrais être rassurante : ce matin, sur les 24 000 classes de l'académie, il y en a cinq qui sont fermées.
Vendredi nous avions 0,02 % des élèves qui étaient positifs sur une semaine, et ils étaient 0,06% parmi le personnel de l'Education.
Le protocole existant est "adapté", estime la rectrice
La comparaison effectuée avec les lycées n'a pas lieu d'être estime la rectrice. " Dans les collèges, la tranche d'âge est différente. Les emplois du temps sont moins complexes et permettent une organisation pour faciliter ces règles de non brassage".Dans les écoles, ce n'est pas non plus le même âge et de ce que je constate, les directeurs d'école avec l'appui des personnels de la santé scolaire et des inspecteurs s'adaptent vraiment à respecter ce protocole, notamment avec des récréations étalées pour limiter le brassage.
Nous sommes sur l'application de ce protocole renforcé qui, pour ce que l'on peut constater au vu des chiffres que nous publions chaque semaine, est bien adapté à la situation, à l'heure où je vous parle".
Dans les collèges, des revendications similaires
Dans les collèges également la grogne est palpable, et les revendications similaires. "Ce protocole dit renforcé est quand même beaucoup plus souple que celui mis en place au mois de mai, estime Catherine Dudes, secrétaire départementale du SNES-FSU Gironde. C'est compliqué d'avoir plus de professeurs quand on voit la crise du recrutement. Mais le ministre pouvait prendre les candidats sur listes complémentaires ", poursuit-elle.
A l'heure actuelle, en suivant ce protocole allégé, si on ne diminue pas l'effectif des élèves en collège et en Lycée, on ne peut pas le mettre en œuvre. C'est lié au manque de personnel, et à la configuration des établissements.
"L'année va être extrêmement difficile"
Les chiffres avancés par la rectrice pour justifier le maintien du protocole existants ne convainquent pas la syndicaliste. "S'il y avait si peu de cas, nous ne serions en période de reconfinement.Nous, nous ne gérons pas à la petite semaine comme notre ministre : nous nous projetons sur une année qui va être extrêmement difficile.
La priorité c'est de veiller à une solution à moyen terme pour ne pas à revenir à la solution de ce printemps, c'est-à-dire une fermeture des collèges et des lycées".
Ecoutez Catherine Dudes en duplex dans le 12/13 de France 3 Aquitaine