Grève dans les écoles ce mardi 10 septembre : les enseignants disent non aux évaluations des élèves

Une semaine après la rentrée scolaire, trois syndicats d’enseignants appellent à faire grève ce mardi 10 septembre dans les écoles élémentaires. Ils demandent aux professeurs à ne pas faire passer les évaluations prévues cette semaine.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

La sonnerie risque de ne pas retentir ce mardi 10 septembre dans les écoles primaires.
Une semaine après la rentrée, les enfants pourraient bien ne pas avoir classe. Leurs professeurs sont appelés à boycotter les évaluations généralisées du CP au CM2, initiées par la réforme du choc des savoirs.
Des tests en français et mathématiques dénoncés par les syndicats FSU-Snuipp, CGT éducation et Sud éducation. "Nous ne comprenons pas très bien le sens de faire des évaluations de rentrée" explique Samantha Fitte, secrétaire départementale du FSU-SNUipp en Gironde. "À part mettre en échec, les enfants les plus fragiles, quelques jours après la rentrée, cela nous paraît totalement inapproprié, si ce n’est pour nous imposer plus tard des méthodes pédagogiques".

Il faut faire front, il y en a marre de se faire imposer des choses auxquelles on ne croit pas et qui desservent notre métier.

Samantha Fitte

Secrétaire départementale du SNUipp-FSU en Gironde

"Quelle est l’utilité de le faire ?"

La professeure des écoles s'interroge : "Nos élèves ont déjà été évalués. Nous avons rempli deux à trois fois l’année dernière des livrets scolaires avec toutes les compétences détaillées de nos élèves. Nous savons où ils en sont !
On n'a pas besoin d’évaluer une semaine après la rentrée. Pour se rendre compte que certains ont oublié telle ou telle technique opératoire. Le temps de septembre est le temps de la rentrée ! C’est le moment où l'on met en œuvre des procédures à revoir,  on réactive des connaissances, des savoir-faire".

Un sentiment partagé par la fédération des parents d'élèves de Gironde. La présidente de la FCPE, Corine Devaux, soutient l'inquiétude des enseignants et regrette que ces évaluations soient trop souvent éloignées des pratiques de classe.

"Pour savoir si les élèves lisent correctement, on va leur demander de lire un texte et calculer le temps de lecture, sans les interroger sur le fait qu’ils aient compris ou pas. Alors oui, on peut lire un texte très vite, ce n’est pas le souci. Mais si l'élève ne l’a pas compris, quelle est l’utilité de le faire ? ".

La représentante des parents rappelle que la fluence, qui consiste à faire lire un texte le plus rapidement possible, ne fait pas partie des compétences que les enseignants travaillent.

Le stress des évaluations

Les syndicats et les parents d'élèves dénoncent le caractère anxiogène de ces tests et redoutent une source de stress inutile pour les enfants." Vous imaginez après seulement quatre jours de classe, on leur dit : vous êtes en évaluation toute la semaine en français et en maths. J’imagine le stress que cela peut leur provoquer. Les enfants ont besoin de temps de découverte pour appréhender l’année sereinement et on ne leur donne pas ce temps-là ! " analyse Samantha Fitte.

Nous craignons que l’Education nationale se serve de ces résultats pour distribuer des bons et des mauvais points aux équipes pédagogiques. C’est une façon de faire pression sur les établissements et les enseignants. 

Corine Devaux

Présidente de la FCPE Gironde

Professeurs et parents affirment ne pas être contre l'évaluation du système éducatif, mais pas en imposant des tests généralisés qui, selon eux, permettront de comparer les performances des écoles et de leurs professeurs. 
"Tous les élèves d’un même niveau seront évalués de la même façon, quelque soit le type de pédagogie mise en place dans l’école. Les élèves seront triés pour l’année d’après. Les groupes de niveau de sixième seront constitués à partir des évaluations de début de CM2, ce qui ne permettra pas de tenir compte de la progression de chaque élève tout au long de l’année ", réagit Corine Devaux.

Manque de moyens

Avec cette journée de grève, les syndicats d'enseignants souhaitent aussi dénoncer les conditions de travail dans les écoles et le manque de moyens récurrents ces dernières années, notamment pour l’aide aux élèves aux besoins éducatifs particuliers.
Des centaines d'enfants sont en attente de place dans des établissements spécialisés et dans des classes Ulis (Unité localisée pour l’inclusion scolaire), dont la mission est d’accueillir des élèves en situation de handicap afin de leur permettre un cursus scolaire approprié.
"En Gironde par exemple, il manque une centaine de places en Ulis et 500 en établissement spécialisé, c’est une catastrophe, estime Samantha Fitte. On a des enfants qui devraient être en IME (  instituts médico-éducatifs ) et qui sont en classe classique ou alors chez eux. Sans parler du manque d’AESH !  (accompagnant d’élève en situation de handicap)."   

Ce premier appel à la grève de cette rentrée a lieu dans un contexte particulier. Aucun ministre de l’Education nationale n’a encore été nommé. Le ou la prochaine locataire de la rue de Grenelle est prévenu : la colère des enseignants est intacte.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité