Après la forte mobilisation des enseignants contre la pagaille des protocoles sanitaires liés à l'épidémie de Covid-19, le ministre de l'Education Nationale a tenté de ramener le calme. En promettant notamment que des remplaçants seraient recrutés dans les prochaines semaines. Certains syndicats appellent à la poursuite du mouvement de grève.
La colère va-t-elle pour autant retomber et la confiance revenir ? Après près de deux années de crise sanitaire, et une rentrée janvier 2022 chaotique, le monde de l'Education est au bord de la crise de nerf.
Nous avons obtenu des avancées concrètes, maintenant il faut que les actes suivent.
Hugo Salles, secrétaire général académique du SNES FSU en GirondeFrance 3 Aquitaine
Le ministre de l'Education Nationale annonce effectivement un renfort de 3 300 contractuels en France pour remplacer les enseignants absents. A cela s'ajoute des recrutements sur les listes complémentaires des concours. C'est le résultat de la réunion d'hier soir entre les syndicats et le ministre à l'issue d'une journée de grève et de forte mobilisation dans la rue.
Mais pas de réponse sur les délais alors que le pic épidémique est annoncé pour la semaine prochaine par les autorités sanitaires.
Des propositions jugées intéressantes mais insuffisantes
Pour Hugo Salles : "Cela fait des années que nous réclamons des remplaçants, il a fallu une grève massive pour que l'on nous entende enfin..! Reste à savoir comment ces postes seront répartis par académie. A Bordeaux, cela fait des années que le rectorat a du mal à recruter. Beaucoup de disciplines manquent de profs. Il y a un tout petit vivier de contractuels. Dans tous les cas, ce n'est que du renfort ponctuel pour dépanner sur le court terme. Avec un statut de travailleur précaire et mal payé."
En ce qui concerne le recours aux listes complémentaires, annoncé par le ministre de l'Education Nationale, c'est une demande effectuée depuis des années par les syndicats d'enseignants.
"Les listes complémentaires, elles, ont vocation à créer des postes pérennes....Qui s'inscrivent dans la durée. Nous veillerons à ce que ces enseignants deviennent de vrais fonctionnaires d'Etat, et qu'ils aient droit à des formations. On espère que ces recrutements ne serviront pas juste à élargir le vivier des travailleurs précaires...C'est le risque !" conclue Hugo Salles.
Comment susciter des vocations ?
Les annonces de Jean- Michel Blanquer ne sont pas à la hauteur des enjeux de l'école d'aujourd'hui. Rien n'est fait pour rendre le métier attractif alors qu'il manque encore des milliers d'enseignants !
Kathy Souffron est co- secrétaire départementale du SNUIPP en Gironde
Elle met en garde : "Comment attirer des candidats en plus ? Le rectorat n'arrive même pas à recruter ! Il doit faire appel à des retraités et aux bac +2 (au lieu de 5 années d'études requises). Pour un salaire de 1700 euros par mois, comment voulez-vous susciter des vocation ? "
Le gouvernement fait des annonces totalement déconnectées de la réalité. Pour assurer les remplacements, il faudrait des milliers de postes supplémentaires...Nous veillerons en tout cas à ce que ces enseignants recrutés occupent des postes pérennes
Marc Vieceli, co- secrétaire départementale SNUIPP en GirondeFrance 3 Aquitaine
80 postes à pourvoir en recrutement en Aquitaine
En résumé, pour les syndicats d'enseignants, on est encore loin du compte. De nombreux points restent en suspens selon eux. Face à cette pénurie d'enseignants remplaçants, le rectorat de l'académie de Bordeaux a lancé en décembre 2021 une campagne de recrutements. Quarante postes sont à pourvoir dans le premier degré, 40 dans le second degré, précise Philippe Micheli, secrétaire général adjoint délégué aux ressources humaines.
Nous allons accentuer ce recrutement de contractuels et consolider notre partenariat avec Pôle Emploi afin de pallier le manque d'enseignants.
Philippe Micheli, secrétaire général adjoint délégué aux ressources humainesFrance 3 Aquitaine
Les contractuels sont recrutés pour des remplacements à l’année ou pour une durée inférieure, à temps complet ou à temps incomplet, sur un ou plusieurs établissements. Le rectorat lance donc un appel à toute personne qui serait intéressée. Il suffit pour cela d'avoir un bac plus deux années d'étude. Les retraités peuvent aussi se porter candidat.
On est actuellement dans une phase de recrutement et jusqu'à présent, nous n'avons pas rencontré de difficultés particulières dans l'académie de Bordeaux. Sauf dans certains territoires ruraux isolés. L'objectif est de suppléer les carences là où cela est nécessaire.
Philippe Micheli, secrétaire général adjoint délégué aux ressources humaines
Quand aux listes complémentaires, le rectorat se dit mobilisé pour aller chercher les candidats recalés du concours 2021. L'appel est lancé. Reste à savoir comment convaincre au plus vite ces jeunes adultes. Alors que la situation est toujours aussi chaotique dans les établissements scolaires, entre la multiplication des cas de Covid, et des cas contact. Le manque de remplaçants se fait cruellement ressentir.