A deux jours des mobilisations en Aquitaine contre la réforme des retraites, on prévoit une forte mobilisation chez les enseignants, les personnels municipaux, mais aussi dans les transports.
"On attend une très très forte mobilisation. Une centaine d'écoles fermées ou d'autres quasiment fermées avec deux enseignants sur 10". Samantha Fitte, co-secrétaire SNUipp-FSU 33, est formelle, ce jeudi sera une des plus grosses mobilisations du corps enseignant en Nouvelle-Aquitain en comme en France. Signe que la réforme des retraites, qui vise notamment à relever l'âge légal de départ à 64 ans, est une préoccupation majeure pour les enseignants.
"Au moins deux enseignants sur trois seront en grève"
"C'est compliqué de donner un chiffre quand il y a beaucoup de remontées. 60-70 % peut-être. Ca me fait penser à la grève qu'il y avait eu le 5 décembre pour les retraites, où il y avait un très fort mouvement. Ou celle de janvier (2022, ndlr) après le énième protocole sanitaire...". A ce moment-là, on comptait deux enseignants sur trois en grève. Pour ce jeudi 19 janvier, Samantha Fitte vise une participation équivalente, voire "trois enseignants sur quatre".
Elle explique que lors des réunions dans les écoles, on ressent une forte exaspération face à une telle réforme dans le contexte actuel. "Beaucoup de collègues comptent ce qu'il leur reste et surtout ce qui ne leur reste pas à la fin du mois... Et surtout dans ces conditions de travail. C'est, pour nous, juste hallucinant de penser que les enseignants, comme d'autres travailleurs, vont travailler toujours plus jusqu'à 64 ans !"
Pour la syndicaliste, le contexte éducatif et les déclarations du ministre de l'Éducation Pap Ndiaye sont un terreau propice à ce ras-le-bol des enseignants. Les discours sur les salaires, le fait d'enseigner au collège pour gagner plus ou le retour de la blouse sont restés en travers de la gorge... "Nous, on a des centaines d'enseignants non remplacés (...) et des solutions qui ne sont pas à la hauteur. Alors ça, c'est un peu la cerise sur le gâteau..."
"Pas de négociations possibles"
"Il y a des collègues, en fin de carrière, qui sont abimés par le travail. Cela nous semble impossible de travailler plus et de toute façon, pas acceptable", poursuit Samantha Fitte, selon qui les discours se font plus radicaux et politisés. "L'allongement de l'âge de départ, c'est non ! Il n'y a pas de négociations possibles". Elle et ses collègues ne semblent plus croire à l'argument des caisses vides. "Il ne faut pas que ce soit toujours les mêmes qui contribuent et qui participent, il faut chercher l'argent où il y en a".
Une mobilisation qui devrait se traduire tant par l'absentéisme dans les écoles, collèges et lycées que dans la rue. Il y aura un très grand cortège.
Il y a vraiment la volonté de participer à cette première journée et d'être le plus nombreux possible.
Samantha Fitte, Snuipp-FSU GirondeRédaction web / France 3 Aquitaine
Sur le plan national, le Snuipp-FSU prévoit un taux de grévistes de l'ordre de 70 % dans le premier degré. La loi sur le service minimum d'accueil dans les établissements scolaires, impose la mise en place d'un service d'accueil dès lors qu'il y a plus de 25 % d'enseignants en grève dans l'école. Ces informations seront communiquées aux parents d'élèves par les municipalités, au plus tard ce mardi soir.
On mange où, les jours de grève ?
Autre difficulté pour les parents, surtout de jeunes enfants. Parfois, quand l'enseignant ne fait pas grève, c'est le service de cantine, géré par les municipalités, qui est perturbé. Dans les petites communes, si les parents n'ont pas été informés en amont pour faciliter leur organisation, l'information sera sans doute affichée sur la porte de l'école à la fin de la classe ce mardi soir.
De nombreuses mairies indiquent déjà, sur leur site, le protocole prévu en fonction du personnel présent : pas de cantine, pique-nique (fourni par les parents) ou fonctionnement normal.
A Bordeaux, les parents seront informés directement, par sms, au plus tard mercredi 18 janvier, avec un lien qui renvoie sur une information sur le site de la ville. Pour les collégiens et lycéens, l'information passera via la messagerie Pronote.
"Galère" dans les transports
C'est même le ministre des Transports qui le dit : "Ce sera un jeudi de galère, (...) de fortes perturbations dans les transports". Mardi, sur France 2, Clément Beaune invitait les Français à adopter ce jour-là, le "télétravail quand c'est possible". Il faisait référence notamment à la SNCF et RATP à Paris, mais les usagers du reste de la France ne seront pas en reste.
La SNCF devrait connaître ce mardi soir l'ampleur de la mobilisation dans ses rangs et les perturbations engendrées. Les transports urbains devraient également être fortement perturbés. Les informations sur les perturbations seront consultables en ligne.
EN SAVOIR PLUS :
Info trafic TBM à Bordeaux sur twitter. Le jeudi 19 Janvier 2023, avec le mouvement national de grève, le réseau TBM prévoit "un trafic perturbé" mais une "circulation sur l'amplitude normale" VOIR CES PREVISIONS.
Info trafic Idelis à Pau Vous pouvez connaître, dès mercredi 18 janvier en début d'après midi, les horaires appliqués le lendemain, jeudi 19 janvier 2023.
Infos sur les bus à Bayonne sur txiktxak.fr
Des "millions" dans les rues
Le gouvernement anticipe d'importantes manifestations. A l'instar du ministre du Travail, Olivier Dussopt, pronostiquant dimanche "qu'il y aura du monde dans la rue", tout en souhaitant "que ça ne se traduise pas par un blocage du pays".
Les syndicats CFDT et CGT espèrent, eux, une mobilisation massive avec des "millions" de grévistes et manifestants. A FO également, le secrétaire général, Frédéric Souillot à indiqué (sur RFI) : "nous avons fait le tour de nos 104 unions départementales, (...) il y a très longtemps que nous n'avons pas eu une telle mobilisation". La pétition lancée sur internet, la semaine dernière, par les huit principales organisations de salariés contre une "réforme injuste et brutale" avoisinait ce 17 janvier les 450.000 signatures.
Les mobilisations prévues en Aquitaine :
- Agen : 10h à la préfecture
- Bayonne : 10h30 Place Sainte Ursule
- Bergerac : 16h au tribunal
- Bordeaux : 12h Place de la République
- Mont-de-Marsan : 10h aux arènes
- Pau : 10h30 Place Verdun
- Périgueux : 10h30 devant le palais de justice
(Avec AFP)