Des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM) sont appelés à faire grève ce 3 octobre à l'appel d'une intersyndicale. Ces fonctionnaires réclament une hausse de salaires et dénoncent la multiplication des tâches ainsi que le manque de reconnaissance.
Elles avaient déjà essayé de se faire entendre à la rentrée 2022. Elles ? Oui parce que la fonction d'ATSEM est essentiellement féminine. Les près de 50 000 agents en France sont à 99 % des femmes.
Ce mardi 3 octobre, notamment à Bordeaux, elles ont décidé de manifester devant le rectorat à 13 heures, certaines n'ont pas pris leur poste ce mardi matin. Elles ne sont pas en colère, mais sans doute lassées de n'être pas entendues. Elles demandent une reconnaissance de leur travail et de meilleurs salaires.
Un poste multitâche
Employées par les mairies, elles sont indispensables à l'encadrement des jeunes enfants, mais aussi au fonctionnement quotidien des écoles maternelles. Un emploi multitâche qui évolue au fil de la journée comme leurs fonctions sanitaires, sociales, mais aussi éducatives.
Dans les classes,
- elles assistent la maîtresse pour préparer les activités
- consolent les enfants quand ils pleurent
- les accompagnent aux toilettes
À la récré,
- elles surveillent les enfants dans la cour
- surveillent la sieste
À la cantine,
- elles les aident à manger
- s'occupent du nettoyage
"Pas d'évolution pendant dix ans"
Leur salaire est bas : très souvent, il s'agit du SMIC. Pas d'évolution ni de perspectives dans leur carrière, elles occupent un poste multitâche et ont plusieurs "patrons". "Les ATSEM sont dans une situation particulière au sein de l'école. Elles sont sous la responsabilité de deux entités. D'une part, de l'Éducation nationale lorsqu'elles sont sur le temps scolaire et d'autre part, du maire, sur le temps périscolaire", explique Valérie Pujol, secrétaire régionale FO. Et encore, elles doivent également collaborer avec les animateurs qui encadrent la garderie du matin et du soir...
Depuis le 1er mai 2023, le SMIC est à 1 383 euros nets par mois. C'est ce que gagne un(e) ATSEM en début de carrière. Mais il faut savoir qu'il ne faudra pas attendre beaucoup plus au fil des ans malgré un régime indemnitaire permettant des primes.
"10 ans sans évolution ! ", assure la déléguée syndicale. "Pas même d'évolution de 2 euros par mois !" Ce sont des agents de catégorie C qui n'ont que "très peu de perspectives de carrière", sauf ces dernières années de devenir "agent de maîtrise mais toujours en catégorie C".
Des conditions de travail
Elles accompagnent le travail éducatif des enseignants. "Or, il n'y a pas forcément une ATSEM par classe dans toutes les écoles. Ce sont les collectivités qui organisent". Toutes les écoles ne sont pas logées à la même enseigne. On peut voir qu'il y a des disparités également selon les communes. Des fois, il peut y avoir une seule ATSEM par école "qui passerait une heure dans chaque classe...", ça arrive, selon la déléguée.
"À l'heure où on veut plus d'inclusion, qui est très bien et nécessaire, il n'y a pas non plus suffisamment d'accompagnants pour les enfants en situation de handicap (AESH). Ce qui fait que les enseignants sollicitent, à juste titre, les Atsem pour accompagner ces enfants".
Aussi, elle le rappelle, c'est un travail coûteux physiquement parlant. "Ce sont des endroits où tout est bas, elles sont souvent courbées. On le constate dès 45 ans : les agents commencent à avoir des difficultés de dos, les épaules parce qu'on porte aussi les enfants".
Une formation difficile
Pour être Atsem, il faut avoir un CAP de petite enfance, mais elles doivent se former régulièrement. La formation est un vrai sujet, d'après la déléguée syndicale car "les Atsem ne sont presque jamais remplacées quand elles partent en formation. Elle sait que sont ces collègues qui vont devoir faire leur travail". C'est toujours délicat par rapport aux autres.
Une formation pour changer de poste, c'est possible ? C'est très difficile selon Valérie Pujol. "Sur le papier on a un droit à la formation. Trois ans d'une formation qualifiante pour changer de métier". Mais il faut encore pouvoir vivre pendant ce temps. "La première année, elle ne touche que 85 % du traitement brut. On ne compte pas les primes... pour un salaire de catégorie C. Donc même si la collectivité vous l'accorde, financièrement, vous ne pouvez pas la faire !", déplore-t-elle.