Hausse des prix du carburant : l’impact est énorme pour les artisans et indépendants, "la facture s’alourdit de 35 à 40%", souligne le syndicat des taxis de Bordeaux et de la Gironde

Pour faire face à la hausse record des prix du carburant, le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé jeudi 21 octobre 2021 une aide de 100 euros aux Français touchant moins de 2000 euros nets par mois. Pour les professionnels indépendants aquitains, c'est un flop : la hausse est trop importante et s’ajoute à d’autres problématiques.

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"La facture s’alourdit de 35 à 40% avec la circulation et les embouteillages", en plus de la hausse des prix des carburants, constate Éric Roulière-Laumonier, chauffeur de taxi à Bordeaux et membre du syndicat des taxis de la communauté urbaine de Bordeaux et de la Gironde (STCG). Même constat pour Yannick, artisan dans le bâtiment : "En gros : j’étais à peu près à 200 euros sur le mois et là je suis à peu près à 300 euros, par mois aujourd’hui. J'ai entre 100 à 150 euros de plus juste pour le carburant." 
En tant qu’infirmière libérale à domicile, Stéphanie Hersant Morier, présidente du Syndicat nationale des Infirmières Libérales dans les Landes, ne peut que déplorer l’augmentation des prix du carburant. "Hier, je suis allée à la pompe à essence. J’ai fait mon plein à 70 euros. Avec un plein je fais 500 bornes, sachant que j’en fais 250 à 300 kilomètres par jour…. En douze jours de travail dans le mois je fais six pleins, vous comptez le budget ?", déplore-t-elle. Bien loin des 80 euros d'augmentation sur l'année annoncée par Jean Castex, jeudi 21 octobre 2021.

Depuis plusieurs semaines, les prix du carburant ont fortement augmenté en France. Au 18 octobre, le prix du gazole était à son plus haut niveau soit 1,5583 euro et le sans plomb 95 à un centime de son record historique : 1,6287 euro.
Face à ces augmentations, le gouvernement, par la voix du Premier ministre Jean Castex a annoncé jeudi une "indemnité inflation" soit une aide de 100 euros pour tous les Français gagnant moins de 2000 euros nets par mois.

Cette annonce n’a pas convaincu la présidente de la chambre des métiers et de l’artisanat de Gironde, Nathalie Laporte, qui s’est exprimée au micro de France Bleu Gironde, intervention diffusée sur France 3, ce vendredi 22 octobre : "Je fais 120 kilomètres tous les jours. Je fais plus d’un plein par semaine. Cent euros, ça ne nous accompagne pas."
Même son de cloche chez les taxis pour qui la voiture est l’outil de travail. "Parfois, on met plus de deux pleins par semaine. Cent euros ce n’est pas grand-chose", informe Éric Roulière-Laumonier. Stéphanie Hersant Morier passe, elle, à la pompe "tous les deux jours".

On fait beaucoup de kilomètres : entre 250 et 300 par jour. Alors cent euros, certes, ça va faire un plein et demi. Mais les autres mois ? C’est juste un pansement sur une jambe de bois. Cette augmentation a un impact énorme sur le budget.

Stéphanie Hersant Morier

infirmière libérale à domicile et présidente du syndicat national des infirmiers libéraux des Landes.

"Dans notre cabinet on est huit infirmières, mais dans un cabinet où elles ne sont que deux comme celles à côté de nous, l’augmentation doit être énorme," déplore-t-elle.

Des répercussions sur les clients ?

Et si cette augmentation des prix des carburants a des conséquences sur le budget des professionnels, est-il à craindre une hausse de leurs tarifs ? Chez les taxis, les prix ont augmenté de "2% sur l’année 2021, indique Éric Roulière-Laumonier. La prochaine augmentation sera en début d’année prochaine. Mais c’est une facilité. Le taxi, c’est déjà onéreux pour le client, et là c’est lui qui va en payer les conséquences."


Du côté des professionnels du bâtiment, Yannick souligne qu’il ne peut se permettre d’augmenter la facture malgré l’impact de ces augmentations sur son budget. "On essaie de répercuter sur le prix des chantiers mais on arrive à un point où les gens n’ont plus d’argent pour faire des travaux et puis on a beaucoup de concurrence", évoque Yannick.

D’un point de vue commercial, ils ne vont pas vouloir faire répercuter sur leur client. On va avoir des artisans qui malheureusement vont s’avaler cette nouvelle augmentation des prix des carburants pour ne pas avoir à perdre des clients.

Laurent Debord

Délégué général de la Fédération Française du bâtiment en Gironde.

Une répercussion des prix que les infirmières libérales à domicile conventionnées ne peuvent compenser. Leur tarif est indexé sur la sécurité sociale. Des coûts supplémentaires donc chez ces professionnels pour qui la voiture est indispensable. Certains tentent de trouver des façons de compenser cette hausse comme Éric Roulière-Laumonier : "Là en ce moment les taxis essaient de ne pas faire de transport à vide. On essaie de toujours trouver quelqu’un pour faire le trajet."

Mais pour d’autres, c’est plus compliqué. "Ce n’est pas possible d’agir autrement. Quand vous avez des obligations, des horaires sur un village puis sur un autre, on essaie de regrouper les soins mais bon, des fois, on a des soins non programmés qui perturbent les soins programmés. Il n’y a pas un jour qui se passe sans qu’il y ait une modification", souffle Stéphanie Hersant Morier.

"C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase"

Si la hausse des prix des carburants touche ces professionnels, pour certains, elles s’ajoutent à d’autres problématiques auxquelles ils font face, notamment à Bordeaux avec la circulation routière : "Sur un chantier, si on devait mettre trois jours désormais on le cale sur cinq à cause bouchons, à nos frais", explique Yannick, artisan dans le BTP notamment en centre-ville bordelais.

"Ça ne fait qu’ajouter une couche à d’autres problèmes : les augmentations des coûts des matériaux et l’allongement des délais d’approvisionnement qui pèsent sur la trésorerie des entreprises. La hausse des carburants, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase", indique Laurent Debord de la FFB Gironde.
Du côté des infirmières libérales à domicile, c’est leurs indemnités kilométriques, dont une partie est prise en charge par la CPAM, qui risque d’être revue à la baisse.

Beaucoup de choses se rajoutent, on veut nous baisser les indemnités. Le monde du libéral pour les infirmières commence à être très compliqué. On commence entre 5 et 6 heures le matin et on finit entre 8 et 9 heures le soir…Tout augmente et en gros il faudrait qu’on travaille encore plus pour gagner la même chose.

Stéphanie Hersant Morier

Infirmière libérale à domicile et présidente du SNIL des Landes.

"On a été très sollicité sur la crise covid. On a énormément travaillé. Il y a eu énormément de burn out et ça qui se rajoute … A un moment donné on se dit : "Comment je trouve la motivation d’aller bosser ?" Des fois je me demande ce que je peux faire d’autres ? J’aime mon métier mais à force, l’amour du métier risque de s’estomper", conclut-elle lassée.

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