"Il fallait sauver cette collection exceptionnelle de vitraux" : deux sœurs stoppent la vente d'un hôtel particulier bordelais

À Bordeaux, un hôtel particulier, invisible depuis la rue, cache un ensemble unique de vitraux. Réalisés par un maître vitrailliste du XIXe siècle, ils sont au cœur de la rénovation du lieu, devenu un espace de réception. Sauvés in extremis, ils auraient pu disparaître du patrimoine bordelais.

Lorsqu'on pousse la porte d'entrée, une douce ambiance se dégage dans la lumière rayonnante du salon. Effet "wahou" garanti. Dans cet hôtel particulier, le vitrail est partout, dans chaque pièce, illuminant la maison de ses couleurs : il déploie ses charmes au plafond, affiche ses motifs d'oiseaux et de fleurs dans le jardin d'hiver, orne les frises, les portes, les fenêtres. 

Un ensemble remarquable signé Edmond Chauffrey, célèbre maitre-vitrailliste du XIXᵉ siècle. L'artisan, de confession protestante, ne pouvait pas travailler dans les églises. Il œuvrait au seul profit des particuliers, notamment dans les échoppes doubles des boulevards et dans le centre-ville de Bordeaux.

La particularité du logement réside surtout dans la grande variété des techniques qu'il employait, réunies en un seul lieu. C'est ce qui rend d'ailleurs cette collection exceptionnelle.

Dans cet hôtel particulier qui appartenait à leur grand-mère, les vitraux faisaient partie du décor. Sans vraiment attirer leur attention. C'est lors de la mise en vente de la maison que deux sœurs ont compris leur valeur. Ensemble, elles ont décidé de sauvegarder cet hôtel particulier et de l'ouvrir au public.

Un sauvetage in extremis

Après le décès de leur grand-mère, Sandra Rolland Ducellier et Léa Rolland Thongkam comprennent la véritable valeur de ces vitraux, qu'elles avaient longtemps côtoyé sans vraiment les voir. Juste à temps. Les visites de l'hôtel particulier ont déjà commencé lorsqu'elles décident d'arrêter la vente.

Impossible de courir le risque que ce patrimoine soit enlevé et dispersé. Cela nous faisait trop mal au coeur.

Sandra Rolland Ducellier

Co-propriétaire de l'Hôtentique

Le rêve est beau, mais difficile à réaliser. Pour financer les travaux, une solution s'impose : créer une société immobilière, en y associant leur père, et transformer la demeure en espace de réception. L'hôtel particulier devient "L'Hôtentique", un jeu de mot pour signifier le sens de la rénovation entre l'ancien, "l'authentique" et le moderne.

Le charme de l'ancien, l'originalité du contemporain

Au cœur de cette rénovation, les vitraux ont été restaurés dans les règles de l'art. Les fauteuils, la bibliothèque et ses livres, la salle de bain et son plafond à facettes des années 1970, sont conservés pour donner aux visiteurs l'impression d'entrer dans une "famille bordelaise" et d'être un peu "comme à la maison".

En revanche, pas question de céder à la tentation du passéisme. Les murs sont peints d'un bleu singulier orné d'or et les lampes sont l'œuvre de designers, offrant une touche contemporaine.

Nous avons souhaité restaurer la maison tout en préservant le souvenir de notre grand-mère.

Léa Rolland Thongkham

Co-propriétaire de l'hôtel particulier

Leur grand-mère aimait célébrer les événements familiaux, ce qui lui a valu son surnom de "Mamie Champagne". Fidèle à son caractère festif, la maison accueille désormais des conférences, des expositions, des baptêmes et même un marché de Noël, du 13 au 15 décembre 2024.

Regardez notre reportage.

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Un hôtel particulier bordelais illuminé par les couleurs de ses vitraux • ©France 3 Aquitaine