"Il faut que la décision soit collective" : 600 élus menacent de démissionner s'ils perdent les aides pour leur territoire

Maintenir le statut de zone de revitalisation rurale est devenu le combat des maires du Réolais, en Gironde. Désespérés, ils envisagent de démissionner collectivement si le ministère de la Cohésion des Territoires ne modifie pas les critères.

Dans le sud-Gironde, la communauté de communes du Réolais se compose de quarante et une communes, pour une population totale de 24 000 habitants. Malgré des critères socio-économiques remplis, elle ne peut pas renouveler le statut de zone de revitalisation rurale. En cause, une densité d’habitants au mètre carré trop importante.

Trop d'habitants

Dans la loi, ce statut particulier se fonde sur deux critères : un revenu médian inférieur à  22 000€ et une densité maximale de 63,54 habitants/m2. “Notre revenu médian est à moins de 20 000€ mais nous sommes à 73,14 habitants par mètre carré”, soupire Francis Zaghet, le président de la communauté de communes. 

Nous sommes un îlot au milieu d’un océan de ZRR.

Francis Zaghet

Président de la communauté de communes du Réolais

Créées pour aider au développement des communes rurales, ces zones de revitalisation rurale offrent de gros avantages. “Ça ouvre des droits à des exonérations fiscales pour les entreprises, qu’elles soient industrielles, commerciales et libérales”, explique Francis Zaghet. 

Une exonération d’impôts de 100 % les trois premières années, puis une réduction progressive, pendant trois ans, de 75 % à 25 %. L’avantage, non négligeable, a d’ailleurs été la motivation première de Capital Bois, installée à Aillas depuis douze ans. “On voulait développer le secteur du Réolais, donc évidemment, quand on crée une entreprise, le plus dur ce sont les premières aides. Ces aides sont vraiment avantageuses”, confie Philippe Girona, le directeur de l’entreprise.

Un médecin pour 1500 habitants

Dans le viseur des élus, le domaine de la santé est prioritaire. Sur la communauté de communes, il n’y a qu’un médecin pour 1 500 habitants, contre un pour environ 900 patients dans les communes avoisinantes. Pourtant, un cabinet flambant neuf accueillait 24 praticiens. Ils ne sont aujourd’hui plus que douze. “Il y a eu des départs à la retraite et depuis, on ne peut pas remplir”, regrette Laurence Boirac, médecin généraliste. 

Entourée de ZRR, la communauté de commune peine à afficher un visage attractif. “Toutes les zones proches proposent la défiscalisation, mais aussi des aides à l’installation allant jusqu’à 50 000€”, explique Laurence Boirac.

Une concurrence déloyale que dénoncent les maires depuis plusieurs années. Il y a quelques semaines, les maires ont “défilé” en bateau sur la Garonne pour alerter la préfecture sur leur situation. Sans avancée, les 600 élus menacent aujourd’hui de démissionner. “On est fatigués psychologiquement. On a l’impression de ne pas être entendus par le gouvernement”, indique Bruno Marty, le maire de La Réole. 

Il faut que la décision soit collective et si on la prend, l’ensemble des élus démissionnera.

Bruno Marty

Maire de La Réole

Loin d’être un cas isolé, les élus échangent également avec leurs homologues du Doubs ou du Jura, “dans la même situation”. “Il faut vraiment une rectification de la loi”, avance Bruno Marty. 
La carte des nouvelles zones devrait être dévoilée le1ᵉʳr juillet 2024. D’ici là, les maires refusent de baisser les armes. “On ne se laissera pas écraser”, souligne Bruno Marty qui espère obtenir un rendez-vous au Ministère des Territoires, d’ici à la date butoir. 

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