"Il ne peut rentrer chez lui que le week-end". Une école se mobilise pour réunir une famille, séparée depuis un accident de la route

En juin 2023, la vie de Dimitri bascule. Suite à un accident de moto, il perd l’usage de ses jambes et ne peut retourner chez lui sans réaliser de travaux au préalable. À Créon, en Gironde, l’équipe éducative d'une école s’est mobilisée pour réunir cette famille, avant les fêtes.

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“C’était le jeudi 22 juin”. Depuis sa chambre d’hôpital, Dimitri retrace les événements de cette journée tragique. “Je partais en moto depuis Créon après avoir déposé mes enfants. Je ne me souviens pas de l’accident, mais les gendarmes m’ont expliqué qu’une voiture pressée a fait demi-tour. J’étais derrière et je suis rentré dedans”. 

"Tout à réapprendre"

Depuis, Dimitri se bat avec son corps. Pendant six mois, il fait de la rééducation pour panser les “dizaines de fractures” d’abord au CHU Pellegrin à Bordeaux, puis à la Tour de Gassies, un centre de rééducation de la métropole bordelaise. “J’en avais une au nez, à l’épaule gauche, deux vertèbres et treize côtes cassées, la rotule droite et un pneumothorax”, énumère Dimitri, depuis sa chambre d’hôpital.

Des blessures et des complications médicales qui lui feront perdre l’usage de ses jambes. “Au début c'étaient les deux. Maintenant, la jambe gauche refonctionne, mais pour les chirurgiens, c'est très compliqué que je remarche un jour”, indique Dimitri.

Père de deux jumelles de 7 ans et d’un garçon de 11 ans, il a passé plusieurs mois à voir sa famille par intermittence, dans les hôpitaux.

Depuis mi-septembre, après quatre mois, je peux enfin rentrer le week-end à la maison.

Dimitri,

père de famille handicapé depuis un accident de moto

Mais tout est devenu plus complexe. “Tous les déplacements du fauteuil à la voiture, s’habiller seul, toutes ces choses qui paraissent anodines sont à réapprendre”, souffle Dimitri. 

Maison dangereuse

Des retours ponctuels, impossibles à prolonger dans l’état actuel de sa maison, qui conditionnait jusqu'à récemment son retour définitif. “La salle de bain n’est pas adaptée. Je ne peux pas me laver seul, je dois me laver les dents dans la cuisine qui est plus basse”, explique Dimitri. “Enfermé” à son domicile, ce quadragénaire ne peut plus en sortir seul. “J’ai une pente en gravier, impossible à monter et trop dangereuse pour la descendre seul”.

Résultat : la famille doit réaliser des travaux d’envergure. Près de 5 000 € pour la salle de bain, plus de 10 000 € pour l’extérieur. “Ce sont des choses qui peuvent être prises en charge lorsque vous êtes reconnus handicapé. Mais le dossier traîne”, regrette Dimitri. Le Créonnais a constitué un dossier auprès de la maison départementale des personnes handicapées (Mdph), mais il attend encore des documents pour pouvoir l’envoyer.

On a fait des devis après des artisans, on devrait pouvoir envoyer le dossier en janvier.

Dimitri

père de famille handicapé depuis un accident de moto

Le père de famille se bat aussi pour faire reconnaître son statut de victime. “Un procès est en cours. La personne est identifiée et considérée comme responsable, nous a indiqué notre avocat”, explique Dimitri, qui attend d’être indemnisé pour “venir en aide à sa compagne”.

Si le père de famille devrait définitivement rentrer pour les fêtes de Noël, c’est désormais sa compagne qui “s’occupe de tout”. “Le repas, les enfants, je ne peux plus rien faire, elle a une charge énorme”, explique Dimitri. 

Solidarité des parents

À l’école des enfants, la situation est désormais connue de tous. “La maman a d’abord envoyé un message sur un groupe de parents d’élèves pour qu’une personne puisse garder ses enfants”, raconte Céline Saffré, qui s’occupe des jumelles trois soirs par semaine. “Quand j’ai su pourquoi, j’ai tout de suite accepté de garder ses filles, qui sont dans la classe de mon fils”. Depuis, une deuxième maman a accepté de récupérer les deux fillettes, à tour de rôle.

Un soutien psychologique pour cette maman, mais aussi financier. “Quand elle nous a parlé des travaux, elle était complètement bouleversée", se souvient Céline Saffré.

On s’est dit qu’il ne fallait pas laisser une famille dans cette situation.

Céline Saffré

co-présidente de l'APEL de l'école Sainte-Marie

Les deux co-présidentes de l’APEL de l’école Sainte-Marie décident alors de lancer une cagnotte, diffusée dans l’établissement, avant de se propager, sur proposition des deux femmes, au collège de l’aîné. En quelques semaines, près de 5000 € ont été collectés. “La période n'est pas forcément propice avec l’inflation et les fêtes de fin d’années, mais on a vu que certains parents, dès qu’ils peuvent, font des dons”, ajoute Claire Castenet, co-présidente de l’APEL.

Plein d’espoir, Dimitri refuse de se laisser abattre. “J’ai entamé une revalidation de permis de conduire, je réfléchis déjà aux solutions pour continuer mon travail, à distance et au bureau”, explique celui qui occupe un poste de consultant en informatique à Bordeaux.

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