"Il y a un malaise dans le pays" : un an après l'attaque du 7 octobre, une marche blanche unitaire organisée à Bordeaux

À l'initiative de plusieurs associations, une marche blanche est organisée à 17h30 le 6 octobre à Bordeaux. Elle rendra hommage aux 1 195 victimes de l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas en Israël alors que le conflit s'est depuis étendu au Liban et à l'Iran.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

    C'est dans un contexte qui évolue de jour en jour que cette marche blanche va se tenir place de la République à Bordeaux. La communauté internationale observe une récente escalade du conflit. "C'est un combat pour alerter nos pays et défendre la République", résume Erick Aouizerate, président du Consistoire Juif de Bordeaux.
    Il reconnaît que "la situation est très sensible", d'où la nécessité d'organiser cette marche. "Il y aura la Licra, des collectifs citoyens, mais aussi des partenaires comme le Crif. Toutes les religions sont invitées", annonce-t-il.

    "Les mots ne suffisent pas"

    "Il faut se souvenir de ce qu'il s'est passé il y a un an, annonce Erick Aouizerate. C'est un massacre, un pogrom. Nous voulons commémorer ces horribles attentats".

    "De pauvres gens ont été massacrés d'une manière monstrueuse, ignoble, les mots ne suffisent pas", rappelle Roselyne Adad membre de l'AUJF (Appel Unifié Juif de France).  "Ils sont rentrés dans des maisons pour égorger des enfants et violer des femmes avant de les égorger elles aussi. Ce ne sont pas des humains", s'indigne-t-elle.

    Lors de la marche blanche, il sera aussi question des otages. "Nous nous battons pour leur libération. Deux Français sont encore otages". Avidan Torgeman, Franco-israélien né à Bordeaux, a été tué pendant le festival de musique visé par le Hamas

    Antisémitisme en France

    Au total, 1 676 actes antisémites ont été recensés en 2023 par le Conseil représentatif des institutions juives de France, avec une "explosion" après le 7 octobre. En janvier dernier, selon le CRIF, les actes antisémites avaient été multipliés par quatre en un an. Un Girondin de 29 ans a été condamné pour avoir adressé des menaces de mort à caractère antisémite aux animateurs Cyril Hanouna et Arthur. 

    "Nous sommes toujours les contemporains d'un conflit à 4 000 km", explique le président du Consistoire Juif de Bordeaux. "On a augmenté notre sécurité. Certains ont décidé de partir en Israël. Heureusement il y a eu beaucoup de manifestations de soutien, c'est rassurant. Mais, il y a un malaise dans le pays. Il y a un problème avec l'insécurité dans notre pays, le laxisme par rapport à certains extrêmes. Il faut parler, et donner des explications sur ce qu'il se passe en Israël et au Proche-Orient".

    J'essaie de parler avec les non juifs pour leur dire que c'est un combat pour alerter nos pays et défendre la République.

    Erick Aouizerate

    Président du Consistoire juif de Bordeaux

    Évolution du conflit, escalade de la violence

    Ces dernières semaines et même ces derniers jours, le conflit a pris une ampleur inédite depuis un an. Depuis la fin septembre, Israël a lancé une offensive particulièrement meurtrière sur le Liban, faisant craindre au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, que le pays ne devienne "un autre Gaza".

    Selon un bilan de l'Unicef au 4 octobre 2024, près de 42 000 personnes ont perdu la vie dans la bande de Gaza dont plus de 14 000 enfants. "Un enfant est tué ou blessé toutes les dix minutes", note l'association de défense des droits de l'enfance. 

    Pour Erick Aouizerate, cette opération militaire est justifiée par la défense d'Israël : "il y avait une guerre immédiate à faire à Gaza, il y avait une organisation qui tirait des roquettes tous les jours sur le nord d'Israël", estime-t-il.
    "Aujourd'hui, toutes les mesures qu'Israël prend sont des mesures existentielles et non guerrières comme le disent certains. On a 80 000 Israéliens dans des hôtels et des logements de fortune. Il s'agit de ceux à la frontière nord du Liban qui reçoivent des roquettes tous les jours".

    "Toute ma famille vit dans le Sud, explique Roselyne Adad. Ils sont tout le temps dans les abris. On remplit le frigo en bas avec l'essentiel, c'est ça la vie des Israéliens". 

    "Faire le sale boulot"

    Les tirs ne se situent pas uniquement à la frontière libanaise. Mardi 1ᵉʳ octobre, l'Iran a tiré des missiles sur Tel-Aviv, où vit la fille d'Erick Aouizerate.  "Elle n'a jamais vu un tel déluge de bombes et de missiles, et elle était avec un enfant de deux ans dans les bras, dit-il. Vous n'imaginez pas la vie que peuvent mener ces gens-là". 

    "Israël est peut-être en train de faire le sale boulot, avec ou sans la collaboration de certains pays, je ne sais pas, pour éviter que l'islamisme radical infiltre nos démocraties", poursuit Erick Aouizerate.
    "Notre message est d'alerter nos concitoyens et politiques. Leur dire que cet islamisme peut contaminer nos démocraties. Israël se bat pour ça, car c'est la seule démocratie de la région. Elle se bat pour son existence et prévenir nos pays
    ". 

    À Tel-Aviv, la fille d"Erik Aouizerate a aussi vécu l'attentat à l'arme automatique du 1ᵉʳ octobre, ayant fait sept morts. "Soit on est optimiste et on se dit que l'Iran se sent très affaibli et se retrouve du coup en première ligne, car il n'a plus ses "proxys" [réseau de groupes armés qui viennent en aide à l'Iran en échange de financement, NDLR] qui le masquent", avance le président du Consistoire Juif de Bordeaux.

    Une marche à laquelle "les autres religions sont invitées"

    De nombreuses associations et institutions participent à l'organisation de cette marche blanche avec notamment la LICRA, la Coopération Féminine, le CRIF, l'Unité Laîque ou encore France-Israël.

    Contacté, Tareq Oubrou ne sait pas encore s'il se rendra à cette marche blanche. "Je vais y réfléchir", explique le grand imam de Bordeaux. "On va voir avec nos imams. Ce n'est pas encore tranché".

    "Nous avons déjà clairement condamné l'attaque du 7 octobre. Cette attaque est une catastrophe pour Israël, les Palestiniens et toute la région. C'est un acte de folie et de barbarie. Mais nous voulons une position d'équilibre et de justesse. Si je participe à cette marche blanche, je dois aussi manifester avec les organisations pro palestiniennes. Ce que je ne fais pas", note celui qui est aussi écrivain et essayiste.

      

    Je dois garder une neutralité. Je suis un religieux, pas un politique.

    Tarek Oubrou

    Grand imam de Bordeaux

    Le président du Consistoire Juif de Bordeaux précise qu'il s'agit "d'une marche citoyenne et républicaine qui se terminera par une Marseillaise".

    Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
    Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
    Veuillez choisir une région
    France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
    Je veux en savoir plus sur
    le sujet
    Veuillez choisir une région
    en region
    Veuillez choisir une région
    sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
    Toute l'information