Inondations : l'état de catastrophe naturelle n'a toujours pas été déclaré en Sud-Gironde, les sinistrés s'impatientent

Impossible de lancer les travaux pour assainir et réparer les dégâts sans la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle. Seule garantie d'un remboursement minimum par les assurances. Près de trois semaines après la crue de la Gironde, les habitants restent dans l'attente.

 

Ils aimeraient pouvoir reprendre une vie normale, faire venir les entreprises pour refaire les sols, les peintures, réparer les fenêtres cassées, racheter l'électroménager... Mais sans une déclaration de l'état de catastrophe naturelle, les assurances ne leur rembourseront pas les frais.

"Si ça ne passe pas en catastrophe naturelle, mon assurance m'a dit qu'elle ne me rembourserai que 6000 euros. Je peux rien faire avec 6000 euros"

Pascal Rousseau ne peut pas entamer les travaux dans sa maison de Floudès, commune du Réolais qui borde la Garonne dans le sud du département, secteur sévèrement touché par les inondations. 

"Le jour de la crue, le jeudi 4 février, l'eau est montée à 5 heures du matin. On a vécu trois jours à l'étage. L'eau a commencé à redescendre le dimanche, c'est là qu'on a pu commencer à nettoyer et déblayer" raconte t-il encore visiblement marqué par l'événement alors qu'il n'aurait "jamais pensé que ça allait déborder comme ça".  

"Je pourrais déclencher la venue des sociétés de nettoyage mais leur intervention va prendre plusieurs semaines et je suis obligé de me reloger pendant ce temps. Ça n'est pas pris en compte dans mon assurance". Il ne peut qu'attendre et continuer de vivre tant bien que mal dans un logement où l'ensemble du rez-de-chaussée doit être refait.

Heureusement dit-il, "il y a eu beaucoup d'entraide, beaucoup de bénévolat. Des gens sont venus nous aider à nettoyer et remettre les choses un peu en place pour qu'on puisse vivre".

Des amas de déchets jonchent toujours les rues

Dans les rues de son village et des autres cités sinistrées aux alentours, des centaines de meubles, d'appareils électroménagers et d'objets divers et variés s'accumulent.

Près de trois semaines après les inondations, les collectes n'ont pas encore eu lieu. Et le spectacle rappelle de durs moments aux habitants. 

"Le maire nous a dit que des bennes allaient être mises en place dans quelques jours pour qu'on puisse jeter nos encombrants" témoigne Sébastien Battu, locataire de son logement. Il cherche à déménager avec sa compagne et leurs cinq enfants. "Ça a été un choc pour toute la famille, on ne savait pas que cela pouvait arriver. On cherche un autre logement mais il y a beaucoup de personnes qui cherchent aussi".

"L'eau est montée à 1m20, 1m30 dans le salon et la cuisine et jusqu'à 1m80 dans le garage. On a tout jeté, le mobilier, la machine à laver, le frigo, la table, tout ce qui était au rez-de-chaussée. Heureusement qu'il y a eu beaucoup de dons sur internet" dit-il.

A Barie, le maire Bernard Pagot a organisé un grand ramassage solidaire samedi dernier. "Dans la semaine, six bénévoles de la commune avec l'appui de deux agriculteurs qui ont mis à disposition leur matériel ont commencé à débarrasser les déchets. Samedi je voulais qu'on passe aussi dans les vergers retirer les nombreux débris déposés par les eaux".

"Notre commune ne doit plus être défigurée par ce qu'il s'est passé il y a plus de 15 jours. Il faut que la vie et l'activité reprennent, que les gens arrivent à penser à autre chose que ce qui leur est arrivé"

Catastrophe naturelle en Lot-et-Garonne et en Charente mais pas encore en Gironde

Quarante-neuf maires du sud-Gironde, comme Bernard Pagot, ont fait une demande de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle.

"Nous n'avons toujours pas de nouvelles de l'arrêté" se désole le premier magistrat de La Réole Bruno Marty. "Pourtant le Lot-et-Garonne et la Charente ont déjà obtenu leur état de catastrophe naturelle !". Il dit s'inquiéter pour le financement des digues qu'il va falloir réparer et consolider comme il l'a écrit dans un post publié sur les réseaux sociaux.

Les dégâts, la remise en état et les renforcements des digues devraient coûter plusieurs millions d'euros. "Il va d'abord falloir financer des études pour savoir quelles digues réparer et où renforcer. On a une quinzaine de kilomètres à verifier dans le secteur" explique Bruno Marty qui préside par ailleurs le pôle territorial du sud-gironde. "Ce sont des études très coûteuses, on demande l'accompagnement de l'Etat".

L'élu girondin ajoute que les habitants sont très inquiets. "Certains résident à 6 km de la Garonne, ils n'auraient jamais pensé qu'ils pourraient être victimes d'une telle catastrophe. Ils ont tout perdu. Maintenant, avant d'investir 10 000 ou 15 000 euros de travaux, ils veulent être sûrs que cela passera en catastrophe naturelle".

La députée du secteur assure des avancées ce lundi après-midi 22 février sur sa page Facebook : " Après les derniers échanges ce matin avec le Premier ministre,  je suis en mesure de vous annoncer que l'arrêté de catastrophe naturelle paraîtra ce mercredi 24 février au Journal Officiel."

Un conseil des ministres doit se réunir mercredi. Le maire de La Réole espère qu'il prendra des décisions en leur faveur. Il y a urgence.

Voici le reportage à la rencontre des sinistrés avec  Thibault Grouhel et Pascal Lecuyer >

 

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