INONDATIONS. "On prend des précautions" : parkings surélevés, messages d'alertes, à Bordeaux, les habitants de la rive droite anticipent les risques

Depuis deux jours, de forts coefficients de marée ont provoqué des débordements d'eau importants sur la rive droite de Bordeaux. Des évènements climatiques amenés à se reproduire et qui peuvent être un véritable défi dans les années futures.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

"Attention maillots de bain obligatoires", "sortez les palmes". Sur le quai des Queyries ce mardi matin, la Garonne sortie de son lit et les trottoirs inondés ne plombent pas le moral des cyclistes, peu découragés par les coefficients de marée élevés. Le phénomène est exceptionnel, mais les riverains, habitants en zone inondable, ne sont pas tous inquiets. "Ça fait partie du risque de vivre en bord de Garonne", relativise Taous. Cette Girondine habite, sur la rive droite, rue Hortense depuis presque dix-huit ans. "J'ai déjà vu des débordements plus importants." 

Prévention

Pour la troisième journée consécutive, le quartier Bastide a été fortement touché par les inondations dues aux marées d'équinoxe. Même si la montée des eaux a été plus rapide la veille, c'est ce mardi 12 mars au matin qu'elle a atteint son pic avec un coefficient à 117. "La crue avoisine celle de 2014, précise Emmanuelle Levavasseur, responsable du service hydrométrie. L'eau est montée hier matin à 6,89 m contre 6,92 m" il y a dix ans. "On est proche du décennal, ça reste des fréquences assez rares", pointe-t-elle. 

Depuis que je suis élue, ce n'était pas encore arrivé, c'est la première fois. Mais moi je suis aussi une habitante du quartier depuis quarante ans et il y a des pics tous les cinq ans à six ans.

Florence Frémy

maire du quartier Bastide

Depuis vendredi, la municipalité est sur le pont pour prévenir les habitants de ce phénomène peu fréquent. "On distribue des tracts, on envoie des notifications sur Bordeaux Alertes, indique Françoise Frémy, maire du quartier Bastide. Les gens ont été avertis qu'il ne fallait surtout pas laisser les véhicules en stationnement." Julie par exemple, habite au bout de la rue Jean Paul Alaux, qui s'est retrouvée complètement sous les eaux peu avant 10 heures. "On prend des précautions, on ne sort pas la voiture pour emmener les enfants à la crèche et on essaie de télétravailler au maximum, confie-t-elle, son bébé dans les bras. Mais je ne suis pas inquiète parce que la mairie fait tout pour évacuer l'eau rapidement." 

Construire en zone inondable

À Bordeaux, selon la préfecture de Gironde, 28 communes sont reconnues comme territoire à risque d'inondation au titre du débordement de la Garonne et de submersion marine. Pourtant, le secteur du quartier Bastide est en véritable mutation et de nombreux immeubles sortent de terre. D'ici à 2030, le projet de construction de la ZAC Bastide-Niel devrait voir le jour entre l'avenue Thiers et le quai des Queyries, avec pour projet d'accueillir plus de 10 000 personnes.

Mais pas de quoi inquiéter pour autant le maire de Bordeaux qui précise que la ville est intégrée au Plan de prévention des risques inondations (PPRI). Cet outil de gestion vise à maîtriser "l'urbanisation en zone inondable afin de réduire la vulnérabilité des personnes et des biens". "Aujourd'hui, on peut construire à proximité d'un cours d'eau comme la Garonne, insiste Pierre Hurmic. Il y a des prescriptions qui font que les habitations sont davantage protégées qu'elles ne l'étaient dans le passé."

Des événements extrêmes "amenés à se reproduire"

D'autant plus qu'au regard du dérèglement climatique, les événements de fortes marées sont amenés à se multiplier. "Il y en a eu dans le passé, mais ça restait exceptionnel, maintenant, il va falloir s'habituer", lance l'édile bordelais. "Du côté de Galin, ça faisait vingt ans qu'on avait des problèmes d'inondations qui ont été résolus par un bassin de rétention d'eau, abonde la maire du quartier Bastide Françoise Frémy. Depuis, on n'en a pas eu de nouveau. Au niveau de Brazza, les immeubles sont beaucoup montés sur pilotis et il n'y a pas d'habitation au rez-de-chaussée", précise l'élue.

On est quand même de mieux en mieux outillés pour résister à ces phénomènes climatiques et à ces inondations.

Pierre Hurmic

maire de Bordeaux

Du côté des principaux concernés, ce mardi, l'heure n'est pas plus à l'inquiétude qu'à l'amusement. "C'était folkorique", ironise Alexis. Si la veille ce Bordelais s'est fait surprendre en sortant de chez lui, les pieds dans "40 centimètres d'eau" et ses deux enfants "sur les épaules", aujourd'hui, il positive. "Ca fait le spectacle, ça change le quotidien, on vient voir ce qu'il se passe." Lui et sa famille habitent dans un immeuble au premier étage. "A priori, on ne craint rien et le parking est surélevé."

Rues fermées

Avant l'évacuation des rues inondées, le pôle territorial de Bordeaux, géré par la Métropole, est en charge de la fermeture des voies susceptibles de se retrouver sous l'eau. "On a les informations à peu près 10-12 heures avant une fois que les prévisions sont affinées, explique Audrey Debreyne, responsable du quartier Bastide et Bordeaux maritime à la métropole. On a des cartes précises et donc on sait quelle voie fermer en fonction du niveau de la crue envisagée. Ensuite, on adapte aussi au terrain si on voit que ça évolue." Ce mardi 12 mars, tous les quais du secteur Bastide étaient fermés à la circulation, ainsi que les voies perpendiculaires. L'école maternelle et le centre d'animation rue Nuyens sont également restés clos aujourd'hui, tout comme certains parkings du quartier. Post inondation, les agents de Bordeaux métropole sont aussi à pied d'œuvre pour nettoyer la voirie. 

► LIRE AUSSI. PHOTOS. La Garonne déborde à Bordeaux pour la troisième fois en deux jours

Une fois la décrue enclenchée, les agents municipaux tentent d'accélérer l'évacuation de l'eau en déplaçant les plaques d'égout, parfois bouchée par des amas de feuilles ou de déchets. "Ça va vite descendre, affirme Damien Boiliveau. Là ça peut prendre une heure, deux heures, ça dépend aussi de l'état des canalisations."

De forts coefficients de marée sont encore attendus dans la soirée, et jusqu'au mercredi 13 mars.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité