L'inquiétude des soignants : comment concilier la gestion du Covid-19 avec la canicule ? 

Le plan canicule a fait ses preuves en France depuis plus de quinze ans.  Mais en cette période de crise sanitaire, et alors que l'hypothèse d'un nouveau confinement n'est pas écartée, les soignants craignent de ne pouvoir mettre toutes les mesures en place. Et s'inquiètent pour les plus fragiles.


Cela n'aura échappé à personne, les températures déjà très chaudes, ne cessent de grimper en ce début de mois de juillet. D'ici la fin de semaine, Météo France prévoit des pics à 30 degrés dans les Landes et le Lot-et-Garonne, avec une température ressentie encore plus élevée du fait du très fort ensoleillement. Et ce devrait durer : les prévisionnistes annoncent dores et déjà un été plus chaud que la normale. 

Des organismes déjà fatigués

Sur le plan national, le plan canicule est déjà lancé depuis le mois de juin. Mais à ce défi s'ajoute la gestion de la crise sanitaire liée à l'épidémie de coronavirus. Comment concilier les deux, alors que le public le plus fragile face aux pics de chaleur est souvent celui le plus à risque face à l'épidémie ?

"Le médecin que je suis est inquiet, les équipes qui m'entourent aussi", reconnaît le professeur Nathalie Salles, cheffe du pôle de gérontologie clinique du CHU de Bordeaux. Depuis le mois de juin, le plan canicule est déclaré sur le plan national. Une mesure mise en place depuis l'hécatombe de l'été 2003, et a porté ses fruits, jusqu'à présent. 
 

L'épidémie de Covid arrive un peu comme un grain de sable dans cette belle mécanique. Ca va compliquer les choses. Les organismes sont fatigués, on a beaucoup de patients qui ont eu une rupture de soin. Ils souffrent de maladies chroniques et n'ont pas consulté [pendant le confinement, ndlr].
Ils vont avoir moins de ressources s'il y a de nouveau une épidémie, d'autant plus s'il fait chaud et qu'ils se déshydratent. 

Nathalie Salles, cheffe du pôle de gérontologie clinique du CHU de Bordeaux

 

La crainte d'un reconfinement

Autre source d'inquiétude : l'éventualité d'un retour du confinement, total ou partiel en cas de reprise de l'épidémie. "Nous serions dans l'impossibilité d'appliquer les mesures du plan canicule convenablement, alerte la professeure. Le plan canicule recommande notamment de favoriser les regroupements collectifs dans des lieux climatisés, qui, en cas de confinement total, se retrouveraient fermés à nouveau. 
Ce plan implique également de la solidarité citoyenne. Aller chez les gens, vérifier que tout va bien, hydrater si besoin. Si on est de nouveaux confinés, on va être en difficulté". 

Voir le reportage de France 3 Aquitaine au CHU de Bordeaux

Des symptômes identiques chez les personnes âgées

Des médecins devront par ailleurs redoubler d'attention avant de poser un diagnostic sur leurs patients. "Une personne âgée et déshydratée va être fatiguée, présenter une confusion, des vomissements ou des chutes. De la même façon une personne âgée infectée par le Covid va avoir les mêmes signes : fatigue, confusion, vomissements et diarrhées. Ca peut retarder le diagnostic", note le docteur Salles qui incite toutes personnes souffrant de ces symptômes à consulter rapidement.


Surveillance des enfants

Le troisième âge n'est pas la seule génération à craindre la canicule. La déshydratation touche encore souvent de jeunes enfants, victimes d'insolation après une journée passée en plein soleil… sans boire. 
"Ils sont plus fragiles. On ne doit pas faire jouer les enfants en plein soleil l'après-midi, rappelle le docteur Olivier Richer, responsable des urgences pédiatriques au CHU de Bordeaux. 
Si on a besoin d'aller au soleil pour se promener, on met des vêtements anti UV, des casquettes, des lunettes de soleil… et surtout on leur propose de l'eau en permanence, ils se déshydratent plus vite que les autres."

Faut-il éviter la clim' ?

Les plus fragiles ne sont pas les seuls à devoir concilier gestion de la chaleur et crainte du virus. Nombreux sont les travailleurs qui, le temps passant, rechignent à appliquer les gestes barrières, notamment le port du masque, alors que les températures dépassent les 25 degrés. 
En milieu professionnel, la question de la climatisation se pose aussi fréquemment. Faut-il la supprimer, par crainte de voir se diffuser le virus, et au risque de souffrir de la chaleur ? Le ministère du Travail a ainsi émis une fiche à destination des employeurs, afin d'éclaircir au mieux la situation.

Dans les locaux occupés par plus d’une personne, il est conseillé de n’utiliser la climatisation que lorsqu’elle est nécessaire pour assurer des conditions de travail acceptables. Lorsque celle-ci est utilisée, les débits de soufflages doivent être limités de façon à ce que les vitesses d’air au niveau des personnes restent faibles. Fiche du ministère du Travail

Fiche du ministère du Travail


Quant aux ventilateurs, ils "produisent des vitesses d’air élevées, qui peuvent transporter des contaminants sur des distances importantes. Il convient donc d’éviter leur utilisation autant qu’il est possible dans les locaux occupés par plus d’une personne", précise le ministère.




 
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