Alors que le mercure s'affole et que l'asphalte fond sous nos pieds, nos villes semblent cuire à petit feu. Face à l'urgence climatique, Bordeaux et son agglomération tentent de garder la tête froide. Décryptage d'une métropole en pleine mue écologique.
L'alerte est rouge. Le 20 juin, le Haut Conseil pour le Climat a tiré la sonnette d'alarme : nos villes sont à poil face au dérèglement climatique. Certains coins de l'Hexagone sont au bord de la crise de nerfs, jonglant entre canicules, sécheresses et inondations. Avec le thermomètre qui pourrait grimper de 2 à 4 degrés d'ici 2050, trouver la clim' naturelle en milieu urbain devient une question de survie.
Fini le béton, place aux arbres !
Dans la métropole bordelaise, les écolos ne manquent pas d'idées. Isabelle Andorin, géographe urbaniste et cerveau derrière l'écoquartier d'Artigon à Pessac, raconte : "L’implantation des logements a été pensée pour préserver les arbres remarquables. Toute la réflexion s’est concentrée sur la sauvegarde et l’isolation des bâtiments. Plutôt que des climatiseurs, par exemple, qui réchauffent l’air extérieur 2 à 3 degrés, on privilégie la végétalisation des murs" . Face à la montée du mercure, les arbres sont nos meilleurs alliés. Non contents de nous offrir de l'ombre, ils jouent les éponges avec l'humidité du sol pour nous la recracher en fraîcheur.
2050 : sortir la ville du mode survie
D'ici 30 ans, nos villes devront jongler entre Sahara et mousson. La solution ? Du vert, encore du vert, toujours du vert. Sans oublier de troquer la voiture contre le vélo et de transformer chaque coin de bitume en potager urbain.
À Bordeaux, le cocktail asphalte-béton fait office de radiateur géant, empêchant la ville de respirer la nuit. Ajoutez-y les véhicules et les clims qui crachent leur haleine chaude, et vous obtenez une ville qui suffoque.
Face à ce casse-tête urbain, Didier Jeanjean, Monsieur Nature à la mairie de Bordeaux, a sa solution miracle : les micro-forêts. "Le traitement de l’eau par filtration nourrit les sols et rafraîchit l’atmosphère. On peut gagner jusqu'à 8 degrés grâce à la végétalisation.", explique-t-il. Aujourd'hui, 11 de ces mini-forêts poussent dans le cadre de Bordeaux Grandeur Nature.
"Chaque place, chaque rue peut être renaturée pour transformer la ville de pierre en une ville nature", poursuit Didier Jeanjean. Un exemple concret : un terrain de pétanque niché au cœur de la végétation avec 40 arbres et 600 mètres carrés de sols désartificialisés en plein Bordeaux. "Le permis de végétaliser permet à chaque habitant de solliciter la mairie pour installer des pieds de cylindre avec des plantes grimpantes, intégrant ainsi les citoyens dans la démarche de biodiversité et contribuant à l'objectif de fraîcheur".
Malgré les obstacles, Bordeaux garde le cap vers un futur plus vert. À condition que chacun mette la main à la pâte, évidemment.
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