Depuis deux ans, la tranquillité du quartier Godard au Bouscat, commune voisine de Bordeaux, est altérée par l'installation chaque soir d'un petit groupe qui vend de la drogue. Plusieurs commerces ont déjà fermé, un quatrième envisage lui aussi de quitter le quartier.
Chaque matin avant l'ouverture de son officine, Michel Martial, pharmacien, doit ramasser les détritus : des canettes, des mégots et d'autres résidus laissés le long de sa devanture pendant la nuit. Âgé de 67 ans, il exerce son métier depuis 42 ans. En 2019, il s'est installé dans cette pharmacie du quartier Godard au Bouscat pour finir sa carrière. "Si j'avais su que ça allait tourner comme ça, il y a cinq ans, je ne me serai pas engagé ici", regrette-t-il.
Ils avaient même affiché leurs tarifs sur un poteau.
Michel Martial,Pharmacien au Bouscat
Depuis deux ans, sa pharmacie est le point de rendez-vous d'une petite bande, qui s'installe en fin d'après-midi devant sa vitrine pour y vendre de la drogue. "C'est un point de deal. Ils installent des chaises, et ils font commerce. Pendant un temps, ils avaient même mis le prix au kilo sur le petit poteau qui est là-bas", décrit le pharmacien.
Un trafic identifié
Un trafic peu discret, bien identifié par les habitants du quartier. "On voit des attroupements qu'on ne voyait pas avant. Moi, je n'ai jamais été agressé, mais bon, ce n'est pas très sécurisant", raconte un client de la pharmacie.
Ici, tous connaissent le problème. "On ne va fermer les yeux, c'est un trafic. Ça fait à peu près trois ans que je constate qu'il y a des allées et venues. Des fois, on voit des cars de police passer", observe une habitante du quartier.
On est persuadés qu'il y a du trafic, mais on a peu de preuves.
Patrick BobetMaire du Bouscat
La police et la municipalité sont effectivement au courant de la situation. "Ils sont assez intelligents pour ne taper personne. Ils font de la provocation verbale, se mettent à deux ou trois pour bloquer le passage, mais sans toucher quiconque, explique le maire du Bouscat, Patrick Bobet, qui tient à se montrer rassurant. La police est vraiment sur les dents pour faire une grosse opération et régler le problème."
Les commerçants quittent le quartier
Conséquence de ce trafic, des stores fermés sur plusieurs commerces du quartier : la coiffeuse a arrêté l'activité de son salon, le chauffagiste est parti. Le pharmacien, lui, constate une baisse de fréquentation de son officine d'au moins 30%.
Outre la saleté et les dégradations opérées sur son commerce, il ne sent pas tranquille. À plusieurs reprises, il aurait été la cible de menaces verbales qu'il feint de ne pas entendre."J'ai quand même un peu peur pour ma personne. Je tiens à ma vie, je tiens à ma santé. Quand vous avez des gamins qui vous irritent, qui vous harcèlent en permanence, même mon épouse et ma famille me disent de faire attention", témoigne-t-il.
Comme le coiffeur et le chauffagiste, Michel Martial envisage lui aussi de quitter le quartier. Et il sait bien qu'il sera bien difficile de convaincre un nouveau pharmacien de venir s'installer ici.