Meurtre d'Alicia Faye. "Dégoutée par la justice", la famille porte plainte pour corruption après la remise en liberté des suspects

La justice française a remis en liberté conditionnelle pour vice de forme les deux principaux suspects dans le meurtre de la jeune girondine de 25 ans, tuée d'une balle dans la nuque en 2021 en Guyane, sur fond de trafic de drogue. Ses parents et sa sœur ont déposé une plainte pour corruption. Selon eux, des agents de l'administration ont été "achetés" par les narcotrafiquants.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

"On est dégoûtés. La justice française a relâché deux trafiquants de drogue multirécidivistes pour vice de forme ? Ça veut dire quoi ? Nous, on a pris perpétuité avec le meurtre de notre fille ! Et on veut savoir la vérité". Énorme coup de gueule de Bernard Faye. La remise en liberté conditionnelle des deux principaux suspects pour vice de forme, est vécue comme une nouvelle épreuve pour la famille de la victime qui vit un calvaire depuis la mort d'Alicia. Son corps a été retrouvé le 13 mars 2021, dans une rue de Cayenne, en Guyane.

Plainte pour corruption

"Ma fille n'est qu'un numéro de dossier pour la justice qui s'en fout de nous !". Bernard Faye ne mâche pas ses mots. Brisé par la mort de sa plus jeune fille, cet habitant de Saint-Louis de Montferrand en Gironde ne décolère pas depuis les récentes décisions de justice. Le 12 novembre dernier, la famille a déposé plainte contre x pour corruption active et passive à l'encontre d'une personne dépositaire d'une mission de service publique. Selon elle, en effet, il y aurait eu "corruption d'agents de l'administration par les narcotrafiquants".

"Le principal suspect a été mis en examen pour trafic stupéfiant, association de malfaiteurs, blanchiment d'argent, assassinat en bande organisée. Voilà, ça, ce sont ses chefs d'accusation de base. Donc, on ne comprend pas qu'un individu comme ça, on le relâche. On le relâche au moins avec un bracelet électronique, je ne sais pas quoi, s'agace le père de la victime. C'est aberrant. La Cour de cassation ne fait qu'appliquer le Code pénal, oui, OK. Mais ils auraient dû se méfier. Le suspect s'est volatilisé".

Pour moi, il y a du corrompu, on ne va pas me le cacher. Il y a du corrompu administratif d'État, ça, je suis persuadé. Donc c'est pour ça qu'on porte plainte.

Bernard Faye,

père de la victime et plaignant

Des remises en libertés qui questionnent

Le 16 octobre dernier, Dhane L., poursuivi pour le meurtre d’Alicia Faye et trafic de stupéfiants, disparaît dans la nature, après avoir été libéré pour vice de forme.

Depuis, un mandat d’arrêt international a été lancé à l’encontre du suspect. Toujours en cavale, le fugitif n’a pas encore été retrouvé.

Six jours après, le 22 octobre, leur avocat a appris la libération d’un autre suspect, Flaviano M., principal protagoniste dans le meurtre de la jeune bordelaise. Comme pour Dhane L., le suspect, incarcéré à Nancy en Meurthe-et-Moselle, a été libéré pour vice de forme suite à un arrêt de la Cour de cassation qui a cassé une décision de la chambre d'instruction. Cette dernière avait en effet maintenu en détention le prévenu, soupçonnant la corruption d’un agent pénitentiaire en sa faveur.

Pour Me Michaël Beulque, avocat de la famille qui a déposé la plainte contre x pour corruption, "c'est une honte absolue".

Pour moi, c'est le narcotrafic qui a pris la main sur la justice en France, c'est tout.

Me Michaël Beulque,

avocat de la famille d'Alicia Faye

Les remises en liberté des deux mis en cause sont survenus deux jours avant l'audience au tribunal de correctionnel de Cayenne (Guyane) où ils devaient être jugés pour trafic international de stupéfiants. "Excusez-moi, on ne prend pas la blague, ajoute l'avocat. Soyons clair, j'assume ce que je dis. Vous savez, une justice qui n'a pas de moyen, est une justice qui peut trafiquer. La justice française, donc, c'est une justice qui peut trafiquer. Or, J'attends une justice normale, dans un État de droit, c'est tout, point".

"On veut la vérité"

Dans cette affaire, "Il y a des choses, effectivement, qui n'ont pas été faites", poursuit l'avocat qui espère obtenir l'ouverture d'une enquête par le procureur de la république.

De son côté, Bernard Faye se sent impuissant." On commence à perdre espoir en la justice, mais on va se battre encore". Il espère que la nouvelle juge d'instruction en charge du dossier depuis janvier va faire avancer les choses, la première juge ayant été dessaisie suite à des menaces de mort de la part de Flaviono M., le principal suspect.

"On veut connaître la vérité sir l'assassinat de notre fille", insiste le père de famille qui dit cauchemarder toutes les nuits. Depuis janvier mon épouse est tombée malade, elle a un cancer. Nous menons deux combats. Mes deux autres filles ne sont pas bien non plus depuis le meurtre d'Alicia. C'est vrai, elle a fait une erreur, mais elle s'est fait retourner la tête par les trafiquants de drogue. Et ils l'ont exécutée d'une balle dans la nuque. Pourquoi ? On veut savoir".

Flaviano M. et Dhane L. ont été condamnés à dix et cinq ans de prison dans le volet trafic de stupéfiants. La date du procès aux assises, pour le volet assassinat, n'a pas été encore fixée.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information