JO de Paris 2024. "Le sentiment du devoir accompli." L'entraîneur de l'équipe de France masculine de judo savoure ses quatre médailles

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En 2022, alors qu'il était encore professeur d'EPS dans un collège du Bouscat, près de Bordeaux, Guillaume Fort n'imaginait pas vivre une telle expérience. Après des Jeux olympiques riches en émotion, l'entraîneur de l'équipe de judo masculine, quatre fois médaillée, peine à redescendre.

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Comment redescendre d'un évènement d'une telle intensité ? En a-t-il seulement envie ? Pour Guillaume Fort, les Jeux olympiques de Paris 2024 ont surpassé toutes ses attentes, lui qui n'imaginait même pas rejoindre la tête de l'équipe masculine de judokas, dont deux de ses joueurs, Joan Benjamin Gaba et Maxime-Gaël Ngayap Hambou, sont respectivement récompensés de médaille d'argent et de bronze.

L'ancien international, passé de professeur d'EPS au Bouscat, en Gironde, à entraîneur des Bleus, revient sur cette folle aventure, qu'il qualifie aujourd'hui de "consécration professionnelle".

Après les JO, vous êtes directement rentré chez vous, à Bordeaux. Comment vous sentez-vous ?

C'est vrai que je n'ai pas traîné, j'étais pressé de retrouver ma famille. Je suis en vacances, je me repose, je savoure. Je ne redescends pas et je n'ai pas envie de redescendre (rires). C'est trop bon, c'est trop bien. Ça se finit en plus en apothéose avec la médaille d'or en équipe, c'est une aventure incroyable.

En 2023, lors d'un reportage avec France 3, vous rêviez de vivre des émotions comme celles des Jeux de Tokyo. Bilan ?

Je suis un privilégié. Quand je revois ce reportage, je me dis qu'à ce moment-là, je ne me serais jamais imaginé vivre ça avec une aussi grande intensité émotionnelle.

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Guillaume Fort, un prof de sports aux Jeux olympiques de Paris 2024 ©France 3 Aquitaine

C'est la première fois que vous étiez appelé pour entraîner les Bleus… 

Oui, c'était la première fois. J’ai démarré vraiment à la base comme prof et entraîneur de club avec des petits de 7/8 ans en ceinture blanche. Je suis resté quinze ans à Saint-Médard et en parallèle, je m'occupais du pôle universitaire de Talence. Et puis je me suis formé, de fil en aiguille, je me retrouve à monter en échelon et à devenir entraîneur équipe de France dans l'élite. On a bossé comme des dingues, et puis, voilà le résultat. On m'appelle pour aider à redresser le judo masculin, ça a plus que marché. C'était improbable de pouvoir penser ça au départ.

Quelle était l'ambiance sur place ? 

C'est un truc de malade. Il y a une ferveur populaire incroyable, un public incroyable, j'ai jamais vu ça ailleurs, même quand on faisait le tournoi de Paris chez nous. Là, il suffit qu'il y ait un combattant qui commence à coincer et y a une Marseillaise qui est entonnée. On leur disait souvent qu'il ne faut pas que la pression les paralyse. Ils ont été forts les loulous, ils s'en sont servis alors que ça pouvait être l'inverse.

Quand je les coachais, je leur disais : "Vous ne pouvez pas perdre, là, il y a 8 000 personnes avec vous".

Guillaume Fort

entraîneur de l'équipe de judokas

Je me souviens le soir de la victoire de Benjamin Gaba, on est partis faire la fête avec les deux équipes. À la sortie du bus, j'ai lancé une musique avec mon responsable d'équipe reprenant celle sur Benjamin Pavard à la Coupe du monde. Ça a été repris partout, c'est super drôle.

Vous étiez responsable de trois joueurs, d'eux d'entre eux ont été médaillés en individuel. Objectif atteint ?

On voulait faire émerger quelques talents et médailles. À la fin, on obtient quatre médailles chez les masculins, c'est le meilleur bilan depuis 1996 à une couleur près. C'est géant. J'ai contribué à ce que le groupe performe et ce que la fête du judo soit belle et j'ai le sentiment d'un devoir hyper accompli. On est double champion olympique alors qu'on était sept fois deuxièmes lors des championnats du monde. On prend les Jeux, on leur laisse le reste (rires). Surtout que nos gars sont jeunes, aucun d'entre eux ne va s'arrêter, ça promet pour la suite.

Et vous finissez en plus avec l'or en équipe...

C'était une super ambiance. Quand les épreuves étaient finies, même ceux qui avaient perdu étaient bien et avaient le sourire. C'était annonciateur de ce qui allait se passer. Chacun avait ravalé sa frustration, il fallait aller chercher un truc ensemble et avec le sourire, c'est super. On ressent beaucoup d'émotion, de ferveur et d'amour. 

Ils sont tous médaillés en équipe. Ça sonne comme une consécration.

Guillaume Fort

entraîneur de l'équipe de judokas

Teddy Riner a aussi bien mené la danse ?

Teddy a été parfait chef de cérémonie et d'orchestre. Il a gagné son rôle, avec spontanéité, simplicité et efficacité. Je me souviens d'un moment clé où on est tous ensemble avant la finale et il prend la parole.  Il a fait un discours juste avec plein de charisme. Ça tombait à pic. Même si Teddy ne s'entraîne pas avec nous, car il a sa propre cellule de performance, il a été parfait sur ces Jeux. 

Vos enfants doivent être fiers de vous… 

Ils sont comme des dingues, notamment mon grand qui est judoka ceinture noire. Il a pu assister à trois journées dont les 73 kg, là où j'ai coaché et où il y a eu des médailles. Il a pu venir au club France et vivre le truc de près. Ça n'a pas toujours été facile et mon absence était parfois lourde pour eux, les manques, les périodes sans papa… D'ailleurs, c'était ni simple pour eux ni pour moi. Mes médailles, ce sont aussi celles de ma femme qui a été super solide et a géré le truc. Est-ce qu'elle aurait accepté de me laisser partir si ça avait été plus long ? Je lui ai demandé et elle n'a pas hésité. 

Que comptez-vous faire désormais ?

Retourner au collège, ce qui était prévu au départ. C'est ce que j'avais voulu, moi je suis très attaché à ma région, ma ville et surtout vivre avec ma femme et mes enfants. Avant qu'on m'appelle pour intégrer le staff, je vivais très bien, j'avais une vie parfaite. Je suis très heureux de retrouver le poste, surtout que maintenant, je vais vraiment être un ambassadeur du sport avec les plus jeunes.

Pensez-vous repartir pour les Jeux de Los Angeles ?

Oui, je serai partant. La fédération voulait que je prolonge, mais j'ai refusé. On va plutôt essayer de mettre en place des interventions ponctuelles. Mais pour les Jeux de Los Angeles, si on me propose des expertises, d'être consultant ou ce genre de chose, c'est possible que j'accepte. Je n'ai plus de limite.

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