L'équipe de France a déjà remporté six médailles olympiques aux Jeux de Paris 2024. Des prouesses qui résultent notamment d'une stratégie de récupération bien précise. Laurent Bosquet, chercheur à l'Université de Poitiers, a accompagné les nageurs pour une étude sur le sommeil.
Pour cette édition des Jeux olympiques de Paris 2024, les nageurs de l'équipe de France marquent une nouvelle fois le coup. Léon Marchand est devenu la star des piscines, avec déjà quatre titres en or depuis le début de la compétition. Et il n'est pas le seul à faire vibrer les supporters français. Florent Manaudou, Anastasiia Kirpichnikova, Maxime Grousset, Yohann Ndoye-Brouard, sont aussi là pour décrocher des médailles.
"Coups de fatigue"
Rythme de compétition oblige, les courses s'enchaînent et les corps des athlètes sont mis à rude épreuve. Alors comment font les nageurs pour récupérer entre leurs différentes courses ? Après ses 200 mètres en quatre nages, Léon Marchand ne s'en est pas caché : pour lui, l'une des clés, c'est le sommeil."J’ai souvent des coups de fatigue. Mais c’est vrai que quand j’arrive à faire une bonne nuit de sommeil, en général, je récupère assez vite par rapport à d’autres nageurs qui sont peut-être plus musclés", avance le nageur.
Moi, j'arrive à récupérer très vite. J’ai fait une belle nuit, j’ai dormi, je crois, 11 heures, je me suis réveillé très tard.
Léon MarchandNageur professionnel, quadruple médaillé aux JO 2024
Paris2024 | 🥇 "La première médaille est m'a fait le plus plaisir, la plus difficile c'était le 200m papillon", explique notre quadruple champion olympique, Léon Marchand, qui confie avoir dormi... onze heures hier soir !
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Optimiser la récupération des sportifs, au travers notamment du sommeil, c'est ce que cherche Laurent Bosquet, professeur de physiologie de l'exercice à l'Université de Poitiers. Il coordonne une étude sur la stratégie de récupération basée sur un "bon sommeil". Pour ces Jeux olympiques, il a accompagné l'équipe de France de natation, et plus particulièrement Maxime Grousset, lors de sa préparation.
#Paris2024 | 🇫🇷 Pas le temps de respirer : Maxime Grousset remporte sa demi-finale du 100m papillon !
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✅ Le Français impressionne et file en finale : rendez-vous demain soir !
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Gestionnaire de sommeil
En amont de la compétition, le scientifique s'est focalisé sur un objectif : "optimiser ces trois dernières semaines". Pour le chercheur, l'enjeu majeur a été d'identifier les paramètres qui leur permettront de "récupérer au maximum" sans "modifier le niveau de conditions physiques".
Parmi les conditions testées, l'éducation au sommeil ou encore la cryostimulation, une exposition de trois minutes environ à une température de -110 degrés proposent des résultats particulièrement convaincants. "Nous avons aussi eu recours à des bains très froids ou encore des matelas thermorégulants qui absorbe les excès de chaleur", détaille Laurent Bosquet.
Des méthodes dont n'ont pas bénéficié tous les nageurs tricolores. "Toute l'équipe de France n'a pas été suivie, Léon Marchand par exemple, s'entraîne lui aux États-Unis".
"Sommeil dégradé"
Au cœur des recherches du professeur de physiologie, le sommeil est un facteur primordial des résultats des athlètes. "C'est un des trois piliers de la récupération, avec l'alimentation et l'hydratation. C'est essentiellement au cours de la nuit que l'on va récupérer et que l'on va générer les adaptations qui vont nous permettre de progresser", indique Laurent Bosquet.
La première phase de la nuit, lors du sommeil lent profond, et sa qualité sont très liées à la température. Il faut avoir une température optimale.
Laurent Bosquetprofesseur de physiologie de l'exercice à l'Université de Poitiers
Malgré son importance, le rythme de ces sportifs est rarement compatible avec des nuits reposantes. "La majorité des sportifs de haut niveau ont un sommeil dégradé. Les recommandations de temps de sommeil sont de 9 à 10 h de sommeil par nuit. Très peu y parviennent", reconnaît Laurent Bosquet.
Pour pallier ces déficiences, le professeur mise sur une "durée optimale sur les 24h". "Quand on ne peut pas bien dormir la nuit, il est indispensable d'y ajouter des siestes", précise le professeur de physiologie. Et là encore, les conditions déterminent largement la récupération. "Il faut que ce soit des opportunités de sommeil de 40 min, pendant lesquelles on va essayer de dormir de 20 à 30 min, pas plus", indique Laurent Bosquet. Si le chercheur applique ces critères aux athlètes, le grand public peut s'en inspirer. De nombreuses études ont déjà montré les bienfaits de courtes siestes, pour retrouver une nouvelle vitalité.