L'équitation de travail est une discipline qui remet le corps au centre du travail avec le cheval. C'est la passion de Christelle Quillacq : " Elle nécessite de la précision et une grande complicité avec son partenaire. Faire corps avec son cheval et renouer avec le mythe du Centaure."
Il suffit de lui demander pourquoi elle a choisi l'équitation de travail pour comprendre la passion de Christelle Quillacq. Médaillée de Bronze en équipe française aux Championnats du monde, elle est aussi Médaille de Bronze en individuel au championnat de France. Documentaliste dans la vie, l'équitation de travail a été pour elle une révelation. Cette discipline recrée les conditions de la conduite de bétail.
Ce que j'aime dans l'équitation de travail, c'est le travail du corps. Il est au centre de tout. On doit être tellement complice physiquement avec notre cheval, que l'on retrouve la notion du Centaure.
La rencontre avec les chevaux lusitaniens
La passion des chevaux Lusitaniens arrive assez tard dans la vie Christelle. Elle commence à 11 ans l'équitation dans des clubs équestres classiques et participe aux concours régionaux. " je suis une pure cavalière girondine" affirme-t-elle avec fièreté. Il y a 20 ans, son instructuer lui présente un passionné de dressage, Jean-Marie Brothier. Propriétaire d'un Ranch, il est aussi passionné par les chevaux lusitaniens, le travail du bétail et la conduite des troupeaux qu'il découvre au Portugal. Pour Christelle c'est une découverte.
J'ai rencontré ces chevaux que je ne voyais qu'en spectacle. J'ai trouvé avec eux une complicité qui me manquait. Un partenaire. Ils sont mobiles, nobles et généreux. Je suis tout simplement bien avec eux.
Ces chevaux étaient les chevaux des rois. Ils ont porté l'équitation classique. Ils ne sont pas adaptés aux Jumping mais au travail avec le bétail, au dressage et aux spectacles. L'équitation sportive est arrivée plus tard, au début des années 2000.
Je m'achète une jument et réalise mon rêve
Il y a 11 ans, Christelle réalise le rêve de tout cavalier, elle s'achète une jument. Lusitanienne bien-sûr... car avec la découverte de cette race de chevaux, elle trouve une conivence qui lui manquait. Les chevaux des circuits classiques sont plus grands, moins confortables, et moins proches aussi. Très vite l'envie de participer aux concours avec sa jument devient une évidence. Elle crée avec Zelda une complicité basée sur le travail et l'attention. Elle a la chance de l'avoir très jeune, à 2 ans.Ce travail a porté ses fruits car aujourd'hui, elles sont championnes.j'ai démarré à zéro avec elle. J'ai beaucoup travaillé à pied, à la longe aussi. J'ai pris du temps pour établir entre nous des codes vocaux, des codes que les chevaux peuvent avoir entre eux. J'ai attendu longtemps avant de lui mettre une selle et monter
L'équitation de travail est exigente avec le corps
La version sportive de l'équitation de travail recrée les conditions du travail avec le bétail. Il y a 4 épreuves. Une épreuve de dressage, une épreuve d'obstacles et maniabilité ( avec des obstacles inspirés du travail réel du bétail, comme ouvrir un portail), une épreuve de vitesse et quand cela est possible, une épreuve de conduite et tri de bétail. Cette discipline oblige à tenir les rènes d'une seule main : la main gauche. L'autre main sert à ouvrir les portails, tenir une lance pour contenir le bétail. Tous les gestes nécessaires à la gestion du bétail sont reproduits. Cela demande de la souplesse, de la rapidité, de la polyvalence et le "sens des bêtes". Tenir les rênes d'une main induit également beaucoup de contraintes qui sont finalement une force pour Christelle.Avec une seule main, on ne peut pas s'appuyer sur les points forts classiques de l'équitation. On doit faire corps avec le cheval. C'est le corps qui donne les indications. C'est délicat car les informations passent souvent par des détails, le mouvement d'un poignet, ou la pression légère d'un pied. J'aime tellement être en osmose avec mon cheval, qu'il m'accompagne à chaque mouvement.
Christelle est fière de défendre les couleurs de la France sans être professionnelle. Bien sûr il faut trouver des sponsors, et l'aide de la famille ou des amis. Avec d'autres cavaliers passionnés par l'équitation de travail elle a créé l'association LusOcéan. Ils vont d'ailleurs bientôt organiser une manche du circuit natrional à Lège Cap-Ferret
Une spécialité impressionante
Les passionnés ne se lassent pas de porter les couleurs de l'équitation de travail. Le réseaux sociaux et Facebook en particulier leur permettent de se retrouver au fil des groupes ou des pages multiples. Et les partages de prestations, compétitions ou démonstations, sont légion. Et celà dans le monde entier. Car cette spécialité dépassent largement les frontières. Au Portugal c'est une véritable religion.Golega le Temple
D'ailleurs, dans cette partie de la péninsule ibérique, le lusitanien est presque un dieu. Avec son pélerinage annuel. A Golega, chaque année, tout ce qui compte d'amoureux dans le Monde se retrouvent au centre du Portugal pendant une dizaine de jours pour célébrer le cheval Lusitanien, roi de l'équitation de Travail.10 jours où le vilage se transforme. chaque maison, chaque cour intérieure, mais aussi chaque rue est une ode à ce destrier. Du matin au soir, jusque tard dans la nuit, la place centrale et les axes qui y mènent accueillent des femmes, enfants, hommes toutes et tous à cheval qui déambulent. Et vivent dans l'osmose et la complicité la plus totale avec leur monture.