L'abattoir public de Bazas cherche des solutions pour s'en sortir. Une centaine d'éleveurs en dépendent et la structure fait vivre tout un territoire.
Ce jour-là, couteau à la main, le responsable de production débite une carcasse de viande dans la salle de découpe. "Je suis en train de démonter un quart arrière. Mes collègues travaillent le quart avant et après, on travaille à façon en fonction du protocole des clients".
Depuis quelques années, l’activité n’est plus la même à Bazas. Les volumes traités ont baissé. Le contexte est défavorable.
Si on fait disparaître nos outils du territoire, on risque d’avoir encore plus de difficultés à s’approvisionner, la viande coûtera encore plus cher avec les transports
Jean-Luc Allègre, Chargé de mission à l'abattoir de BazasFrance3 Aquitaine
Les Français mangent de moins en moins de viande. Pour des raisons écologiques et à cause des prix élevés. La situation s’est aussi aggravée avec la hausse des coûts de l’énergie. Ces installations sont gourmandes en électricité et en gaz pour faire tourner les frigos.
Jean-Luc Allègre représente la Fédération nationale des exploitants d’abattoirs prestataires de services en Nouvelle Aquitaine. Il est arrivé, il y a quelques mois, avec l'objectif de sauver le site. Le chargé de mission a été mandaté pour rétablir l’équilibre financier. Pour lui, cet outil a toute sa place sur le territoire.
"On est dans une conjoncture difficile, la viande est assez chère. Les consommateurs se tournent vers d’autres produits, les pâtes et les légumes. Il faut essayer de les ramener sur nos outils de proximité et de les garder".
L'abattoir emploie 12 salariés et fait vivre une centaine de personnes comme les livreurs, les vétérinaires, les agriculteurs.
Parmi eux, Charles Labrouche. Sa ferme est à quatre kilomètres. Chaque année, cet éleveur de Bazadaises envoie une dizaine de vaches à l’abattoir de Bazas. Ses veaux de lait y sont aussi tués.
"Cet abattoir, pour nous, est très important, on est à proximité d’un outil qui nous permet de développer la vente directe qui nous permet aussi une souplesse dans l’exploitation des animaux".
Bazas, dernier abattoir public de Gironde
L'ouverture d’un abattoir a Bèlges en Gironde en 2019 par le Groupement des éleveurs girondins a accentué les difficultés de l’établissement intercommunal. L’exploitation du sud du département doit trouver un nouveau souffle. Sinon, elle pourrait bien fermer ses portes et connaître le même sort que Mont-de-Marsan dans les Landes ou Ribérac en Dordogne.
Les élus ne sont peut-être pas suffisamment aguerris pour gérer une structure comme celle-ci
Nicole Coustet, Présidente de la communauté de communes du BazadaisFrance3 Aquitaine
Depuis 2017, le seul abattoir public de Gironde est géré par une société d’économie mixte à opération unique (Semop), avec deux actionnaires. La communauté de communes (cdc) du Bazadais, en est la gestionnaire. Sa présidente plaide pour une évolution juridique.
"Le but, c’est de dissoudre les deux sociétés actuelles, c’est-à-dire les deux sociétés mixtes. Notre souhait, aujourd’hui, serait de créer une coopérative gérée par des éleveurs, des bouchers, des professionnels explique Nicole Coustet.
L’abattoir intercommunal défend son savoir-faire
Jean-Luc Allègre prône une viande qualité et de terroir. "C’est vrai que l’on consomme moins de viande, mais on essaye de consommer mieux. Ici, sur place, on a une viande d’exception avec des bœufs gras. Ces animaux sont gardés quatre, cinq, six ans dans les exploitations. Ils y sont engraissés essentiellement à l’herbe. On a une viande pour approvisionner Bordeaux et nos grands centres de consommation ici à proximité".
Retour de l’activité
En 2021, le site a enregistré une baisse de 15 % de son activité par rapport à l’année précédente. Pour espérer s’en sortir, l’abattoir de Bazas doit abattre davantage de bêtes. Pour retrouver un équilibre, il faudrait atteindre les 1.500 tonnes et revoir les charges et les tarifs. 2023 est décisive. L’avenir de l’abattoir de Bazas sera tranché à la fin de l’année.