La nomination de Michel Barnier à Matignon fait réagir en Aquitaine. Si les élus de gauche ironisent sur un choix qui "s'assoit sur le résultat des élections législatives", le Rassemblement national se fait plus mesuré et assure qu'il n'appellera pas à la censure dans l'immédiat.
C'est une nomination qui était très attendue. Deux mois après la tenue d'élections législatives anticipées, le président Emmanuel Macron a annoncé son choix : Michel Barnier est nommé Premier ministre et succède à Gabriel Attal. Il devient, à 73 ans, le Premier ministre le plus âgé de la Ve République.
La nomination de cet ancien ministre sous les présidences de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, candidat malheureux à la primaire du parti Les Républicains en vue de la présidentielle de 2022, fait réagir de la gauche à l'extrême droite.
Une longue trahison
Ainsi, ce jeudi 5 septembre, Boris Vallaud, député des Landes et président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, s'est dit "consterné". " En fait, la Macronie est une longue trahison ! Emmanuel Macron ne tient pas compte des élections en nommant un membre du groupe LR, qui est arrivé bon dernier lors des élections législatives anticipées", regrette-t-il.
L'élu landais dénonce un parti Les Républicains "plus qu'ambigu par rapport à l'extrême droite". "Pour lui, c'est sûr que nommer un Premier ministre de droite pour poursuivre une politique de droite, c’est la meilleure des assurances, mais il ne tient pas compte du suffrage universel", poursuit-il.
Indépendamment des qualités de Michel Barnier, notre parti appelle à la censure.
Boris VallaudDépute PS de la 3e circonscription des Landes
"Un des plus vieux réactionnaires que le pays compte encore"
"On se demandait depuis 52 jours avec qui Emmanuel Macron allait s'asseoir sur les résultats de l'élection, ironise Loïc Prud'homme, député LFI de la Gironde. Maintenant, on le sait, ce sera avec Michel Barnier, un des plus grands et plus vieux réactionnaires que le pays compte encore". Selon le député, signataire de la demande de procédure de destitution à l'égard du chef de l'Etat, le passé de Michel Barnier témoigne de son conservatisme.
"On a tous en tête ses prises de position contre la dépénalisation de l'homosexualité. C'est aussi un destructeur des services publics, la droite la plus dure qui tape sur l'école républicaine et l'hôpital".
Michel Barnier est de cette droite qui veut détruire toutes les conquêtes sociales issues du Conseil national de la Résistance.
Loïc Prud'hommeDéputé LFI de la 3e circonscription de la Gironde
"Il n'est pas méprisant à l'égard des électeurs RN"
Côté Rassemblement National, Edwige Diaz, députée de la 11e circonscription de la Gironde et vice-présidente du RN se fait moins tranchante. "Michel Barnier n'est pas notre candidat, toutefois, à ce stade, il respecte la première de nos exigences, c'est-à-dire qu'il n'est pas méprisant à l'égard de nos électeurs", estime-t-elle.
Son parti assure vouloir attendre le discours de politique générale avant de se prononcer. "Si c'est un discours qui nous convient, nous ne procéderons pas à la censure", promet l'élue girondine.
Mais s'il n'est pas traduit par des actes d'ici la fin de l'année, nous ne manquerons pas de le censurer.
Edwige DiazDéputée RN de la 11e circonscription
Satisfaction dans les rangs des Républicains
Sans surprise, pour les Républicains, cette nomination est une "satisfaction". Ainsi, Christophe Duprat, conseiller régional et maire de Saint-Aubin de Médoc en Gironde se réjouit de voir le retour de ce "spécialiste de l'Europe". "C'est quelqu'un de posé, d'expérience. Il a toutes les qualités pour le poste de Premier ministre qui est déjà dur de manière naturelle, mais qui le sera encore plus, là, pour trouver une majorité." Et pour l'édile, l'âge du nouveau Premier ministre joue en sa faveur.
Michel Barnier fait partie de ces derniers responsables politiques qui ont adhéré à l'UDR. Il a quand même toute cette expérience, et il connaît bien le Parlement européen, qui est une école de compromis.
Christophe DupratConseiller régional LR de la Nouvelle-Aquitaine
"Il faut qu'Emmanuel Macron laisse travailler le Premier ministre dans un sentiment d'union nationale, mis à part sans doute le Rassemblement national et LFI qui sont dans des postures dures", conclut le maire girondin, qui attend désormais des mesures sur l'immigration, la sécurité, l'emploi, l'hôpital, ou encore le pouvoir d'achat.