Pour la troisième année, près de 200 brebis du Béarn et des Hautes-Pyrénées passent l'hiver dans deux domaines viticoles et peuvent désherber les vignes. Une ancienne tradition de transhumance relancée par un groupe de bergers des Pyrénées.
Pendant deux mois, elles ont vécu la vie de château. Près de 200 brebis et agnelles des Pyrénées ont été en pension au château Charmail, à Saint-Seurin-de-Cadourne dans le Médoc. Elles ont pu désherber efficacement une bonne partie des 52 hectares du domaine passé en bio.
Elles coupent l'herbe comme un green de golf! Dans une ambiance particulière, apaisante.
Bernard D'Halluinpropriétaire de château viticole
Une initiative particulièrement appréciée par le propriétaire du château, Bernard d'Halluin. "On a commencé l'an dernier et cela nous a plu. Elles apportent de l'engrais aussi avec les excréments ! Mais il faut enlever les animaux avant que les bourgeons arrivent sinon elles mangent tout", souligne-t-il.
Transhumance inversée
Les brebis proviennent de deux élevages du Béarn et des Hautes-Pyrénées, à plus de 300 kilomètres des vignes du Médoc. Elles viennent passer l'hiver en Gironde. Cette tradition remonte au 19e siècle et s'était perdue au cours du siècle suivant. Un groupe de bergers l'a relancée et est venu revoir les bêtes mercredi 17 janvier. Ils en ont profité pour déplacer les animaux vers un autre château, près de Pauillac. Un trajet de 16 km, à travers les vignes et sur la route, le long de l'estuaire.
"On n'a rien inventé, les anciens venaient il y a longtemps. À pied, puis en train. C'est une belle histoire qui se répète", indique Jean-Michel Pommies, éleveur à Bielle en vallée d'Ossau. Une petite partie de son troupeau est partie en pension et le berger apprécie les terres girondines. "On avait hâte de revoir les agnelles et elles ont bien profité !", se réjouit-il.
Quand on les récupère au printemps, elles sont en parfaite santé, grasses et c'est ce que l'on recherche.
Jean-Michel Pommies,Eleveur à Bielle (64)
Olivier Maurin, éleveur en vallée d'Aspe, est à l'initiative du projet. Quelques semaines après le classement de la transhumance européenne, au patrimoine culturel de l'Unesco, il se réjouit de la bonne marche de cette opération.
"Il y a beaucoup de choses positives. C'est une transhumance inversée, de la montagne vers les plaines. Cela nous permet d'avoir une nourriture moins chère et naturelle. Les viticulteurs revoient leurs pratiques agricoles", dit-il.
Au printemps, les brebis reprendront le chemin des Pyrénées pour une nouvelle transhumance.