L'université Bordeaux Montaigne et Sciences Po instaurent un congé menstruel. Pour en bénéficier, les étudiantes qui souffrent de règles douloureuses devront présenter un certificat médical. La mesure entrera en vigueur à la rentrée prochaine à la faculté.
Manquer un cours ou un examen pour cause de règles douloureuses, c'est le principe des congés menstruels mis en place par l'Université Bordeaux Montaigne et Sciences Po Bordeaux.
À la faculté, la mesure a été votée jeudi en Commission de Formation et de la Vie Universitaire (CFVU), composé d'étudiants et d'enseignants élus. Elle doit entrer en vigueur à la rentrée prochaine et permettra de bénéficier de 15 jours d'absences justifiées par an.
🟣 VICTOIRE ! Le congé menstruel est adopté à l’unanimité à l’Université Bordeaux Montaigne !!!!
— Union Étudiante Bordeaux 🌱 (@UEBordeaux) March 7, 2024
Merci à tous·tes pour la mobilisation, en avant ! ✊ pic.twitter.com/K9dg3bQMhm
De son côté, l'Institut d'études politiques de Bordeaux compte prendre une décision en Conseil d'administration au mois de juin, mais sa direction s'est engagée à appliquer la proposition formulée par l'UNEF. Le syndicat étudiant souhaiterait une durée de congés similaire à celle de l'université.
Dans les deux cas, il suffit de solliciter un certificat médical attestant de "règles douloureuses", auprès d'un médecin ou d'une infirmière de l'Espace santé étudiant, où un formulaire en ligne est disponible.
"C'est réellement de la souffrance"
L'UNEF a récolté près de 300 témoignages d'étudiantes bordelaises concernées par la problématique. L'une d'elles raconte : "Quand ça m’arrive, je ne peux pas tenir debout ni me déplacer, j’ai des sueurs froides, la tête qui tourne. Souvent le premier jour de mes règles, j'espère de tout cœur de ne pas avoir de cour obligatoire, quand c’est le cas, j'y vais quand même et c’est réellement de la souffrance".
Devoir aller en cours, en retenant ses larmes de douleur, car aucun médecin traitant ne peut nous recevoir dans la journée pour justifier notre absence le jour même, et faire "acte de présence" car impossible de se concentrer.
Témoignage d'étudiante reçu par l'Unef Bordeaux
"Je suis souvent obligée de manquer des cours ou quand j’ai des cours obligatoires de venir avec des douleurs horribles et difficiles à supporter", rapporte une étudiante. Une autre confie : "J'ai déjà dû louper des cours en amphithéâtre pour rester chez moi à cause de trop grosses douleurs, mais impossible de manquer des TD étant donné que l'assiduité y est obligatoire".
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Deux pétitions signées
Les deux pétitions du syndicat étudiant en faveur de congés menstruels ont été signées chacune par plus de 500 et 700 personnes. Un combat mené aux côtés des Etudiants Bordeaux Montaigne (EBM), qui a fini par porter ses fruits.
"Une règle formalisée permet d'éviter aux professeurs d'avoir à gérer ce genre de situation. Certains sont plus conciliants que d’autres", rapporte Clémence Delfaud, secrétaire générale de l’UNEF Bordeaux.
La responsable syndicale salue une avancée en faveur de l'égalité des sexes. "Il y a un enjeu de réussite. Si on a trop d'absence en travaux dirigés, on peut perdre des points et même se voir retirer une bourse".
D'après elle, les étudiantes concernées vont pouvoir gagner en sérénité : "elles ne vont pas toutes utiliser ces congés, mais si jamais elles ont une difficulté, elles savent qu'elles pourront trouver une solution".