"Le temps de tourner la tête, un drame peut arriver" : dans la piscine familiale, le risque de noyade est élevé pour les jeunes enfants

Les pompiers ont été appelés pour deux cas de noyades - un enfant de trois ans et un bébé d'un an - dans des piscines privées en Gironde durant ce week-end. À l'approche de l'été, les accidents se multiplient.

"Il suffit de deux minutes et de 20 centimètres d'eau", martèle Laurence Perouème. Depuis le décès de son fils dans une piscine il y a plus de 20 ans, cette Biarrote d'origine alerte sur les risques de noyades dans les bassins privés. Car tout peut aller très vite.
"Les parents ne sont pas des robots, on ne peut pas surveiller un enfant 24 heures sur 24 et le temps de tourner la tête, un drame peut arriver."
La fondatrice de l'association "Sauve qui veut" le répète à l'envi, personne n'est à l'abri d'une erreur d'inattention. 

Et à l'arrivée des beaux jours, les cas de noyades se multiplient. Durant ce week-end, deux accidents ont eu lieu en Gironde, selon les pompiers. Après une chute dans la piscine à Latresne, un petit garçon de 3 ans a été transporté dans un état jugé très grave au CHU de Bordeaux samedi 3 juin. Il est décédé le lendemain aux urgences pédiatriques, selon les informations du journal Sud Ouest. Dimanche 4 juin, c'est un bébé d'un an qui a failli se noyer à Arsac. La Nouvelle-Aquitaine est la troisième région où l'on dénombre le plus de noyades accidentelles. En France, elles sont responsables d'environ 1 000 décès chaque année, selon une enquête de Santé Publique France.

Les moins de 6 ans se noient dans la piscine familiale

Dans la population générale, les noyades accidentelles ont principalement lieu en mer, mais les moins de six ans se noient plus souvent en piscine. "A la mer, on va se baigner pendant une heure avec les enfants, ils ont des brassards, on ne va pas les lâcher", explique Laurence Perouème. "Le problème avec la piscine, c'est que c'est un risque 24 heures sur 24."

"L'accident se produit au moment où la maman pense que le petit est avec le papa et vice-versa." 

Laurence Perouème, fondatrice de l'association "Sauve qui veut"

à France 3 Aquitaine

Une barrière ou une alarme ? 

Les Landes, le Lot-et-Garonne et la Dordogne font partie du top 10 des départements avec le plus de piscines, selon les données compilées par franceinfo
Depuis 2006, une loi oblige les propriétaires à protéger leur bassin avec une barrière, une couverture, une alarme ou un abri. "On a bataillé pour obtenir cette réglementation, et on a réussi à faire baisser le nombre de noyades, alors même que les bassins privés se multiplient en France", se félicite Laurence Perouème.

Selon elle, il faut continuer à sensibiliser les parents à ce danger, pour qu'ils mettent en place des dispositifs de sécurité. "La meilleure protection, ça reste une barrière d'1,20 m avec un portillon. Une alarme ? On peut ne pas l'entendre, elle peut être cassée, on peut arriver trop tard."   

Laurence Perouème regrette aussi que la loi ne soit pas suffisamment appliquée. "En théorie, un propriétaire qui ne protège pas sa piscine risque 45 000 euros d'amende, mais il n'y a pas de contrôle donc pas de sanction."

Aucun parent n'aurait l'idée de construire une maison en bordure d'autoroute, alors je ne comprends pas qu'on ne sécurise pas sa piscine.  

Laurence Perouème, fondatrice de l'association "Sauve qui veut"

à France 3 Aquitaine

Nommer une personne en charge de la surveillance 

La Fédération des professionnels de la piscine (FBB) reconnaît l'importance de ces dispositifs. Sa déléguée générale, Joelle Pulinx, souligne toutefois qu'ils ne protègent pas les enfants au moment de la baignade, lorsque les barrières sont franchies.
"Souvent, il y a beaucoup de monde autour du bassin, chacun pense que l'autre surveille", explique-t-elle. Selon elle, la vigilance des parents et l'apprentissage précoce de la natation sont les meilleurs moyens d'éviter l'accident.

Dans une campagne de prévention lancée en mai et intitulée "Vous tenez à eux, ne les quittez pas des yeux !", le gouvernement tente d'alerter sur le phénomène. Il recommande que chaque enfant soit "surveillé par un seul adulte qui en prend la responsabilité".
Une vigilance particulière doit également être portée aux piscines "hors-sol", qui n'ont pas de dispositif de sécurité. Enfin, il est recommandé d'apprendre aux enfants à nager le plus tôt possible et les familiariser à l’aisance aquatique. Mais la baisse du nombre de maîtres-nageurs, observée depuis plusieurs années, ne risque pas d'améliorer les choses. 

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