Le littoral girondin a récemment été le théâtre de noyades successives. Des événements qui rappellent que chaque point d’eau représente un danger, y compris les piscines privées de plus en plus nombreuses, notamment pour les enfants en bas âge.
Jusqu’à 35 degrés enregistrés la semaine dernière à Lège Cap-Ferret, un record pour un mois de mai en Gironde. Sur le littoral, les fortes chaleurs de ces derniers jours ont incité à la baignade, provoquant des accidents en série. Si la côte girondine est connue pour sa dangerosité en raison des baïnes, le risque semble moins élevé dans les piscines. Pourtant, plusieurs accidents, impliquant la plupart du temps de jeunes enfants, ont lieu chaque année.
De nombreux systèmes de sécurité existent pour s’en prémunir. Depuis l'entrée en vigueur de la loi relative à la sécurité des piscines le 1er janvier 2004, tous les propriétaires de piscines creusées doivent s’équiper a minima d’une alarme sonore, d’une couverture, d’un abri de piscine, ou d’une barrière d'1,10 mètre de haut. C’est le choix de Leïta, habitante de Saint-Louis-de-Montferrand et maman d’un garçon de cinq ans. “J’ai fait installer une barrière et une alarme qui me rassurent énormément, cela me permet d’avoir l’esprit tranquille et je peux le laisser gambader en paix dans le jardin, apprécie-t-elle. Je le mets constamment en garde face au risque de noyade et il n’a pas le droit de se baigner seul, toujours sous ma surveillance.”
Les enfants sont imprévisibles.
Leïa, maman d'un garçon de cinq ans
Or, même rassurée par ces protections, une part d’incertitude demeure : “On a toujours un peu peur. Un jour, nous étions trois adultes pour quatre enfants, et ma nièce de quatre ans n’a pas attendu qu’on lui mette son gilet de sauvetage pour sauter. J’ai dû plonger en pyjama pour aller la chercher… Comme quoi les enfants sont imprévisibles.”
45 000 € d'amende et des sanctions pénales
La sécurité, une préoccupation majeure pour les parents mais aussi pour les fabricants de piscines, qui proposent lors de chaque vente les équipements nécessaires. “Je ne peux pas imposer à un client d’acheter un système de sécurité, souligne Denis Porras, dirigeant de Piscines de France à Saint-Jean-d’Illac. S’il n’en veut pas, je lui fais signer une décharge selon laquelle nous lui avons proposé les différents systèmes existants sur le marché, et qu’il a décidé de son propre chef de ne pas faire appel à nos services.” En cas d'accident, les contrevenants s'exposent à des sanctions pénales et 45 000 € d'amende.
Bien souvent, les questions de prévention sont abordées par les clients eux-mêmes. “Les couples en âge d’avoir des enfants et les jeunes parents sont les premiers à nous poser la question, remarque le pisciniste. C’est aussi le cas des personnes plus âgées qui reçoivent leurs petits-enfants. Seuls les gens avec des enfants plus grands ont tendance à passer outre, car cela peut s’avérer coûteux ou peu esthétique pour eux. Mais je dirais que c’est une préoccupation pour 60 à 70 % de nos clients.”
On ne peut pas s’inviter chez les gens pour surveiller les baignades
Sébastien Andrieux, chef d'escadron du groupement de gendarmerie de Gironde
Parfois, les équipements et la vigilance ne suffisent pas. Chaque saison, les secours tentent de sensibiliser le public sur le volet de la prévention et les bons gestes à adopter. Principal obstacle : “Il est difficile de mettre en place des actions spécifiques car il s’agit du domaine privé, on ne peut pas s’inviter chez les gens pour surveiller les baignades, signale Sébastien Andrieux, chef d’escadron du groupement de gendarmerie de la Gironde. Nous pouvons simplement donner des conseils de sécurité et de prudence.”
Une tâche en apparence anecdotique, mais qui fait partie intégrante des attributions de la gendarmerie : "C’est important de sensibiliser le public pour éviter les drames. La mission de la gendarmerie est de protéger la population dans tous les sens du terme. Eviter des drames dans des familles grâce à des rappels simples et des bons réflexes, c’est aussi le coeur de notre action. Fort heureusement, les accidents ne sont pas toujours mortels, mais ils sont récurrents."
Piscine, cours d’eau ou océan, le risque de noyade est toujours présent. Rien qu’en Gironde, la gendarmerie recense déjà 15 interventions en 2022.