Les couloirs de bus et vélos provisoires, installés après le premier confinement en mai 2020 et dont le tracé était peint en jaune, seront définitifs. C'est une décision de la Métropole en accord avec la mairie de Bordeaux. Mais est-ce bien suffisant ?
On les disait "provisoires", ces "coronapistes", des couloirs souvent vides au départ, occasionnant des bouchons monstrueux sur les boulevards... Mais quelque chose nous laissait penser qu'il valait mieux commencer à s'y habituer...
Le temps de "l'expérimentation" est donc terminé sur ces quelques 25 kilomètres de voies bus/vélo : avec un coup de peinture blanche elles seront donc pérennisées au cours du mois de mai.
Pour la ville et la Métropole, c'est une avancée. Cela permet de conforter la présence des cyclistes qui aurait augmenté de 20 % depuis ces mesures (mais n'est-ce pas également la désaffection envers les transports en commun en période de pandémie ?). Ce serait également le moyen de réduire les temps de trajets des bus de la ville, de diminuer également la pollution, en limitant les voitures sur ces axes...
Des avis partagés
Pour ceux qui ont décidé malgré tout de prendre leur voiture notamment, pour se rendre au travail, c'est chaque jour la nouvelle interrogation sur leur temps de trajet. Car s'ils empruntent une portion des boulevards, il faudra faire avec ces coronapistes, et rester attentif aux réductions de voies au long du parcours. "Faire avec" un rallongement de leur trajet habituel.
Pour les usagers du bus, c'est l'inverse. Car grâce à cette sanctuarisation, les temps de trajet ont diminué. Les cyclistes profitent également de ce nouvel espace, en pédalant un peut plus éloigné des automobiles.
Regardez le reportage de Guillaume Decaix et Nicolas Pressigout.
Changer les mentalités
Comme le dit une des personnes interviewée dans le reportage ci-dessus, "je suis encore effaré de voir autant de voitures avec une seule personne dans la voiture ", les habitudes sont difficiles à changer. Et c'est en cela que l'association VéloCité estime que cette pérennisation des voies est une bonne chose.
D'après Benoît Gilliot, coordinateur, "c'est déjà une victoire avec cette réduction de la place de la voiture sur les boulevards", "et pour les cyclistes déjà habitués : ils se sentent un peu plus en sécurité", mais il en convient, il en faudra un peu plus. "Nous, on attend un site propre", comprenez une voie exclusivement cyclable et protégée. Car ce partage, également avec le bus n'est pas la panacée. Un "partage des usages" (voiture/vélo, bus/vélo,... NDLR) qui n'est jamais bon et ne se verrait pas sur une même voie aux Pays-Bas, selon lui.
Mais l'association cycliste bordelaise soutient la démarche car c'est une avancée "en espérant quand même qu'il y aura plus de cyclistes car le fait d'avoir plus de cyclistes légitime les politiques à créer des aménagements". Même si les moins aguerris attendent justement ces aménagements pour sortir le vélo...
En savoir plus :
Manque d'ambition, de sécurité
Mais quid des bouchons et de la sécurité des cyclistes sur ces mêmes axes ? Car il n'y a pas pour autant d'aménagements spécialisés prévus et les réductions de voies sont nombreuses rendant les "rencontres" cyclistes automobilistes très courantes notamment aux intersections, malgré ces espaces sanctuarisés...
Ces mesures ne font finalement qu'entériner des dispositions provisoires prises par Nicolas Florian et l'ancienne équipe municipale.
Elles avaient des raisons d'être provisoires. Parce que le contexte faisait que plus de monde prenait son vélo pour éviter les transports en commun ou le covoiturage. Mais surtout car le tracé est discontinu, sans aménagement spécifique, et n'est pas sécurisant, notamment pour les enfants sur le chemin de l'école.
Cette pérennisation semble également enterrer définitivement tout projet global de réaménagement sur les boulevards avec une véritable piste cyclable sécurisée. Elle pourrait investir les trottoirs en déplaçant le stationnement. Rien de révolutionnaire pour une métropole européenne. Mais pour cela, il faudrait sans doute couper (et replanter !) quelques arbres... Mais c'est pour la bonne cause, non?
Vous avez un avis sur le vélo à Bordeaux ?
Si vous circulez à Bordeaux, vous êtes concernés, que vous soyez cycliste ou automobiliste. Jusqu'en septembre 2021, une consultation est accessible en ligne proposée par Bordeaux Métropole.
A cette occasion, on rappelle que plus de trois millions de déplacements sont effectués chaque jour sur les communes de la métropole bordelaise. La moitié d'entre eux sont inférieurs à 3 kms. Mais toujours 49% sont réalisés en voiture même si l'usage du vélo a progressé de 69% ces six dernières années.
En attendant, une campagne de mails et de tweets est venue conforter la ville dans cette démarche, d'aménagements cette fois notamment dans les quartiers sud de Bordeaux (cours Somme, Yser).
Hier, ces deux collégiennes allaient à l’école en ?, assises sur la banquette arriére conduites par leurs parents. Aujourd’hui, elles peuvent être autonomes, faire de l’exercice et éviter de déplacer 1,5T pour faire 3km.Continuons les aménagements pour nos ??! #coursDeLaSomme pic.twitter.com/qHdMmCbOGN
— Nos enfants à vélo. (@Mateovlo1) May 9, 2021
En bonus : quelques conseils de sécurité
Alors puisque les Bordelais doivent s'adapter à... ce qu'ils vivent déjà depuis un an, autant le faire en bonne intelligence. Et pour se souvenir du code de la route, la gendarmerie de Gironde a posté dernièrement sur sa page Facebook une petite piqûre de rappel :
Parce qu'il faut aussi s'imprégner des expériences des habitués du vélo, comme les Hollandais. Même si nous ne partageons pas (encore) cette même culture du vélo et que nous manquons de ces réflexes. Ici, on nous explique comment éviter "l'emportièrage"...
Éviter l'#emportiérage
— Michael Charney (@DutchReach) February 24, 2021
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