Plus d'un millier de personnes se sont rassemblées ce samedi place de la Victoire. Barmen, DJ, ou encore salariés de discothèque, ces professisonnels du monde de la nuit se mobilisent pour "la défense du tissu culturel nocturne".
Patrick Lalanne, gérant de la discothèque la Plage à Bordeaux ne dissimule pas son amertume. Les boîtes de nuit sont fermées sans discontinuer depuis le 16 mars.
Pourtant, lui assure avoir réalisé des travaux. Il a abattu des murs dans son établissement, afin de favoriser la ventilation dans ses locaux. En vain.
"Je crois que l'erreur qu'a faite le gouvernement, c'est qu'ils ont pris les discothèques en général. Certains sont dans des caves, mais un établissement comme le mien dispose de terrasses quasiment partout, à ciel ouvert. Le renouvellement de l'air, il y était", déplore le gérant.
Ca aurait été normal qu'il fasse du cas par cas. On se demande à quoi sert l'ARS. Pourquoi ils ne sont pas venus constater les faits dans un établissement comme le nôtre ? (…) On ne nous a laissé aucune chance, aucune.
Des aides insuffisantes
Ses 84 salariés sont au chômage partiel. Lui a pu bénéficier d'aides de l'Etat et de Bordeaux Métropole. "Toutes les aides qui ont été données depuis onze mois ne couvrent qu'un mois de frais fixe de la boîte", explique-t-il.
Entre 2018 et 2019. On a déjà eu 28 semaines de Gilets jaunes qui ont été catastrophiques. Certains soirs, on a perdu 60% du chiffre d'affaires. Et ils se sont basés sur ces chiffres pour définir le montant des aides.
Rassemblement bordelais
L'ensemble des professionnels de la nuit s'était donné rendez-vous ce samedi dans les rues de Bordeaux. Le rassemblement s'est retrouvé place de la Victoire en début d'après-midi, sur un fond de musique électronique et une ambiance dansante.
Jennifer, alias Djnee est DJ et animatrice radio. Présente dans le cortège, elle livre son ressentiment. "Depuis onze mois, on est sous perfusion. Notre but, c'est de faire rêver les gens, les faire danser, et on ne peut plus s'exprimer. On nous promet une année blanche, mais nous, on veut continuer à travailler et à s'exprimer".
Elle imagine pourtant des solutions à la crise actuelle. "On demande la réouverture d'espaces de création, ou des mesures pour les festivals qui se tiennent en extérieur. Beaucoup de choses sont possibles !", assure la jeune femme.
Nous souhaitons créer un comité qui soit entendu du gouvernement, pour que ce ne soit pas des politicards, qui, derrière leur bureau, qui décident pour tout l'ensemble du secteur social et culturel français.
"Ca fait longtemps qu'on ne travaille plus. On a aucune solution, aucune alternative. On n'y arrive plus", explique à son tour, un couple de barmen, croisés dans le cortège. "On est venus pour revendiquer nos droits de façon pacifique, et pour s'amuser. Le tout dans la bonne humeur, tout en respectant le couvre-feu", explique-t-ils
Cette mobilisation ne changera pas la date de réouverture des bars et des restaurants. Mais elle permet de montrer qu'on a de la force, et qu'on peut se lever, gueuler, et ça fait plaisir de se rassembler aussi.