Des viticulteurs de Gironde ont ciblé des magasins Lidl lors d'actions coups de poing ce samedi. À Coutras, ils ont déversé du vieux foin et des vignes mortes pour manifester leur mécontentement. Ils accusent le géant de la grande distribution de brader leurs produits.
Des vignes mortes et du vieux foin s'entassent devant l'entrée du magasin Lidl de Coutras. "Le mépris des bonnes choses", peut-on lire sur une grande banderole, en référence au slogan du géant de la grande distribution.
Derrière ce coup d'éclat : une trentaine de viticulteurs membres de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs de Gironde. Ailleurs dans le département, des supermarchés de Cavignac et Saint-André de Cubzac ont été pris pour cible ce samedi matin, deux jours après le blocage de la centrale d'achat de Lidl à Cestas.
Dans leur viseur : les prix cassés pratiqués par les magasins du groupe. “Ils ont choisi de faire des [vins de] Bordeaux à moins de deux euros. Il faut forcément que le vin soit acheté à moins de 1 200 euros le tonneau au viticulteur et à ce compte-là personne ne peut en vivre”, explique Serge Bergeon, secrétaire général de la FNSEA 33.
Des promotions accusées de précariser la viticulture
Selon le représentant syndical, ces promotions ne tiennent pas compte des coûts de production. "Le conditionnement coûte déjà entre 1 euro et 1,20 euro. Ajoutez à cela toutes les charges, en dessous des 3 euros, on vend le tonneau de vin à perte". Faute de marge suffisante, certains exploitants s'enfoncent dans la précarité
Des viticulteurs sont tellement en difficulté qu’ils doivent absolument vendre pour payer leurs fournisseurs, rembourser leurs emprunts et payer leurs charges sociales. Certains négociants en profitent pour acheter des vins bradés. Cela crée de la misère et du désarroi
Serge Bergeonsecrétaire général de la FNSEA 33
Pour sanctuariser la rémunération des producteurs, les manifestants exigent que le prix négocié soit systématiquement supérieur au coût de production. Ils appellent également à l'intégration de la viticulture dans la loi Egalim.
Dans leur combat, les viticulteurs en colère insistent sur la responsabilité des consommateurs. Serge Bergeon met en garde : "acheter un vin de Bordeaux à moins de trois euros, c’est clairement ne pas rémunérer la viticulture girondine à sa juste valeur. C’est faire fi de tous les efforts des agriculteurs réalisés au niveau environnemental et qualité des vins depuis des années".