LGV du Sud-ouest : "c'est un désastre écologique", à quelques mois du début des travaux, le projet titanesque ne passe toujours pas

Le Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) continue de faire des remous. Ce dimanche, une nouvelle marche des opposants était organisée à Bernos-Beaulac pour dénoncer “un désastre écologique”.

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La première sortie, à Préchac, avait réuni plus d’une centaine de personnes. Ce dimanche, ils étaient trois fois plus à marcher aux abords du Ciron pour protester contre le projet de ligne ferroviaire qui reliera Bordeaux à Dax et à Toulouse.

Une biodiversité de plus de 40 000 ans

La marche a été organisée par le collectif Nina, qui tente de créer depuis juin une ZAD dans le secteur. Son point de départ, Bernos-Beaulac se trouve au cœur du futur triangle ferroviaire entre les deux lignes à grande vitesse. La zone, classée Natura 2000, est un joyau de biodiversité à préserver.

Elle héberge une biodiversité exceptionnelle. On s'est rendu compte en étudiant les charbons de bois que ces hêtres ont plus de 40 000 ans. Ce qui veut dire qu’ils ont persisté à la période glaciaire.

Rémi Petit, directeur de recherche à l'INRAE

Cette zone humide, au-delà de son importance dans la fabrication des vins du Sauternais, est l’une des dernières en France à susciter. 

“Depuis 1700, on a perdu 80 % de nos zones humides et moins de 0,5 % de nos vieilles forêts sont encore debout. Il faut être aujourd’hui dans une logique de reconquête et de restauration”, explique le directeur de recherche.

La zone devrait être, sur 150 hectares selon les plans, entièrement retravaillée pour permettre la création de deux viaducs et du passage des lignes.

“Il va y avoir 50 millions de m3 qui vont être remués, dont 30 millions importés. Ça implique la création de gravières, c’est un désastre écologique”, martèle Philippe Barbedienne, président de la SEPANSO Gironde.

De son côté, la SNCF Réseau assure avoir porté “une attention toute particulière” à cette zone, qui sera traversée en plusieurs endroits par les deux lignes.

Serpent de mer

Le projet en débat depuis 2005 a d’abord fait l’objet de concertation, jusqu'en 2014 avant d'être déclaré d’utilité publique, deux ans plus tard. Après une période d’oubli, il ressort en 2022, avec la ratification d’un décret d’application portant sur la création de la société du GPSO.

En janvier, le conseil d’orientation des infrastructures semblait indiquer un report après 2040 de la LGV entre Bordeaux et Dax, contre 2034 initialement prévu. Le report pourrait menacer le financement européen.

L’objectif de ce projet, à 18,3 milliards d’euros : permettre de rallier Bordeaux à Toulouse en moins d’une heure. La seconde ligne devrait, elle, aller jusqu’en Espagne. Selon les études réalisées autour du projet, le gain de temps serait de dix minutes par rapport à aujourd'hui, pour la ligne Bordeaux-Dax.

Mais le projet a été partiellement suspendu : la ligne n’est pour l’instant programmée que jusqu’à Dax.

Nouvel impôt

Dans les oppositions, plusieurs élus ont aussi exprimé leur mécontentement. Les maires de Bordeaux, Bayonne et Irun souhaitent, eux, privilégier la rénovation des lignes existantes.

La note sera répartie entre l’Union européenne (20 %), les régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie et les collectivités territoriales, à hauteur de 40 %. 

Un financement public qui sera pris en charge, au travers, notamment, d’un nouvel impôt auprès des particuliers habitant à moins d'une heure de voiture d'une gare desservie par la future LGV.

Pour l’heure, les travaux devraient être lancés en 2023, notamment au niveau des acquisitions des terrains et d’études. Côté Toulouse, le début des travaux ne devraient pas débuter avant 2027.

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