L'homme d'affaires hispano-luxembourgeois Gerard Lopez, en passe de devenir le futur propriétaire des Girondins, s'active déjà depuis mardi
pour présenter son projet et ses garanties auprès des institutions, et séduire les supporteurs meurtris depuis trois ans.
L'ancien patron de Lotus est du genre pressé. Alors que la vente d'un club de L1 prend généralement plusieurs mois, lui s'est porté acquéreur du club au scapulaire en à peine deux semaines. Une véritable course contre la montre !
Il a pourtant un "passif" lillois : sa gestion et ses dettes ont poussé le fonds d'investissement américain Elliott Management a l'évincer en décembre dernier. Il a aussi une image brouillée dans certaines instances du foot français. Mais son profil semblait tout indiqué pour sauver le soldat bordelais, lâché en avril par King Street, ce fonds d'investissements américain, seul aux commandes du club depuis 2019 mais en relations d'affaires avérées par ailleurs avec... Gérard Lopez.
Ça peut toujours aider et cela a surtout incité la Banque Rothschild, mandatée pour la vente du club et peu convaincue par les premiers projets présentés par Pascal Rigo, Bruno Fiévet ou Didier Quillot, à le solliciter afin d'éviter le redressement judiciaire, que souhaitaient en interne quelques dirigeants. Un redressement qui aurait sans doute débouché sur la conservation du statut professionnel mais aussi
une rétrogradation administrative en L2.
Bâton de pèlerin
Après des nuits très courtes à se dire "j'y vais ou je n'y vais pas", des tours de table pour trouver de l'argent, convaincre des soutiens financiers, le bientôt quinquagénaire, bercé dans sa jeunesse par les exploits d'Alain Giresse, a raflé la mise mardi soir en injectant personnellement 7 millions d'euros. "Une première étape est franchie", pouvait-il se satisfaire dans un communiqué.
Dès l'accord trouvé, grâce au concours du Club Scapulaire, qui regroupe plus de 200 entrepreneurs locaux et qui apporte près de 5 millions d'euros, grâce à... King Street et son bailleur financier Fortress qui restent dans le circuit comme prêteurs, Lopez a pris dès mercredi son bâton de pèlerin, direction Bordeaux.
Sur place, il a revu le maire EELV Pierre Hurmic, d'un naturel "vigilant", qui a appelé de ses voeux que "Bordeaux soit une terre de réinvention du modèle du foot d'élite, aujourd'hui en proie aux pires dérives".
Il a ensuite filé à la Métropole, propriétaire du stade Matmut Atlantique, dont le président (PS) Alain Anziani, au-delà des garanties demandées quant au loyer du stade (4,9 millions d'euros par an), lui a proposé de s'exprimer devant les élus au cours d'une commission métropolitaine exceptionnelle pour présenter son projet, comme le repreneur américain fin 2018. Principe accepté par Lopez.
Top 10 l'an prochain
Peu après, il a conclu son tour de ville dans un café du centre pour une discussion informelle et passionnée avec trois représentants des Ultramarines, le principal groupe de supporters girondins ravis que son arrivée à la tête du club mette fin à l'ère Frédéric Longuépée, avant de reprendre son jet en fin de journée.
Nous avons suivi le dossier minute par minute...
— Ultramarines 1987 (@ub87officiel) June 22, 2021
Passé des nuits blanches...
Avons tremblé jusqu'à la dernière minute...
Mais nous vous confirmons le rachat du club par Gérard Lopez.
Et même si nul ne peut prédire le futur, c'est un immense soulagement ! pic.twitter.com/nfwjyfbpFD
Le passage crucial début juillet devant la DNCG, le gendarme financier de la Ligue de football professionnel, ne semblant pas l'inquiéter depuis que son plan de reprise a été validé par le mandataire ad hoc Frédéric Abitbol et par le Tribunal de commerce,
c'est désormais le volet sportif qui l'accapare.
Pierre Rondeau : "Je suis très curieux de voir comment la DNCG va réagir"
— Girondins33 (@girondins33) June 25, 2021
? https://t.co/CR5XBXF58Y#VentedesGirondins #Girondins #Bordeaux
Très bon connaisseur du monde du foot - il regarde en moyenne six à sept matches par semaine - Lopez sera actif pendant sa présidence bordelaise. Pas comme à Mouscron (D2 Belgique) ou à Boavista (D1 Portugal) où il délègue, mais attend avant de dévoiler
son futur organigramme, ses premières recrues. Pour l'heure, on sait juste que l'actuel directeur sportif Alain Roche et l'entraîneur Jean-Louis Gasset, sous-contrat encore un an, ne seront a priori pas de la partie.
Quant à ses ambitions, vu le timing de ce rachat, la première partie de tableau la saison prochaine, objectif affiché, serait déjà une belle réussite. Cela s'apparenterait à "l'ascension du Kilimandjaro sans oxygène", image d'ailleurs son entourage.