C'est une des questions que peuvent entendre en ce moment les offices de tourisme néo-aquitains. Comme d'autres interrogations, qui restent parfois en suspens, sur la restauration ou, sur ce que nous pourrons faire et jusqu'où cet été, en respectant les mesures gouvernementales.
Dans plusieurs offices de tourisme de la région qui commencent à rouvrir leurs accueils, du moins téléphoniques, l'heure est au questionnement. Alors que chacun, à Anglet comme au Cap-Ferret ou à Soulac, répertorie quel hôtel ou gîte est en capacité d'accueil et selon quelles modalités, les réservations sont au coeur du problème:
Si des gens réservent dans mon hôtel qui ne peut pas faire restaurant, où vont-ils manger?
Et pour les petits déjeuners, comment faire?
Puis-je accepter une réservation d'un client venu de plus de 100 kms?
Respect de la loi et du sens citoyen
La situation est complexe, variable et évolutive...C'est ainsi que Michel Durrieu, directeur du Comité Régional de Tourisme résume la situation atypique que nous vivons. "Ce qui était vrai la semaine dernière ne l'est plus et...on ne sait pas ce qui sera vrai à la fin de la semaine..."
Le directeur pense que nous avons devant nous quinze jours déterminants.
Car depuis le déconfinement de ce lundi 11 mai, nous aurons un aperçu des comportements des Français, des Néo-aquitains, qui sauront ou non respecter les règles et/ou s'adapter à l'encadrement prévu notamment en terme de déplacements...
Côté hébergements, "les hôtels n'ont officiellement jamais fermé" même si certains l'avaient fait faute de client.
Et pour les petits-déjeuners? "Ils peuvent être portés en chambre, mais pas consommés en salle commune".
Concernant les 100 kms ?
Pour M. Durrieu, c'est simple:
C'est la personne qui se déplace qui est contrevenante, c'est bien elle qui doit être en capacité de donner un justificatif ( prouvant qu'elle se déplace à moins de 100kms de son domicile, NDLR )
"Mais la logique et le sens civique voudraient qu'il (l'hôtelier, loueur,..) ne prenne pas du tout la réservation... s'il sait que cette personne vient par exemple de Lyon..."
En plus des règlementations, il y a quand même du bon sens...
Côté bars et restauration, "il faudra encore attendre", et le mois de mai, encore une fois, sera déterminant pour l'été.
Patienter pour assurer la saison
"C'est pourquoi, je préfère qu'on n'ouvre pas les plages tout de suite dans des mauvaises conditions pour que ça se passe mieux après".Moi je suis optimiste pour cet été si... on ne fait pas n'importe quoi ces prochains jours !
Et le directeur Michel Durrieu de poursuivre sur le fait que ce week-end, annoncé ensoleillé, risque de voir beaucoup de Girondins se ruer vers les plages, si elles sont ouvertes, pour se promener. "Les gens n'ont pas réalisé que les bars, restaurants sont fermés donc qu'il n'y a pas de sanitaires une fois sortis de la plage..."
Il se pose la question, au vu de ce lundi 11 mai sur les quais à Paris. Y aura-t-il beaucoup de monde au même endroit ?
Questions aux offices de tourisme
En Médoc, l'accueil physique dans les offices de tourisme de douze communes médocaines ne reprend que ce week-end.Pour le responsable du tourisme Médoc atlantique, Nicolas Javaudon, les questions sont centrées ces derniers jours surtout sur le littoral :"C'est encore timide. Les questions portent essentiellement sur l'éventuelle réouverture des plages. On ne devrait pas tarder à avoir des réponses. Déja, on peut retourner en forêt et sur les pistes cyclables. Pas trop de questions sur les locations... mais on commence seulement à faire le point sur les offres, le type de prestations. Mais c'est vrai que les consultations du site reprennent".
A l'office de Tourisme de Lège Cap-Ferret, la directrice Pascale Lassus-Portarrieu, elle, confirme qu'il y a de nombreuses questions encore même si beaucoup ont "appris à se réinventer. car si les hôtels ne peuvent pas faire de restauration, des restaurateurs, traiteurs ou ostréiculteurs se sont organisés en drive ou livraisons à domicile...
Concernant les gens qui viennent de plus loin, elle reste dubitative: "Aujourd'hui, le confinement est limité à 100 kms mais les plateformes de location, elles ne sont pas limitées... Nous, on rappelle que c'est interdit. En plus après cela, on n'a pas intérêt à ce qu'il y ait une forme de "tourismophobie"... Et puis , on est des petits territoires, en cas de contamination, ça peut être problématique...
Au Ferret, on préfère positiver sur ce que l'on peut faire : du vélo notamment sur les pistes cyclable "avec des loueurs qui s'organisent pour désinfecter".
Et surtout, on attend les décisions concernant l'ouverture des plages qui pourrait intervenir ce week-end. Ici quatre plages seraient concernées : celles de l'horizon, de la Garonne, du Truc vert et du Grand Crau. "Des plages du type surf'n go à l'australienne. On a des parcours en caillebottis où on pourrait se croiser".
Elle aussi est très attentive à ce qui se passera ces prochains jours.
C'est quand même pas comme d'habitude en cette saison. Même si les bateliers se sont organisés pour les transports entre Arcachon et le Cap-Ferret... Quand ils arrivent ici "pas un café n'est ouvert, les WC publics sont fermés, pas une poubelle..." Et même si les plages sont ouvertes, les gens ne pourront pas y rester, devront s'habiller dans leur voiture, etc...
Quant au phare, on se prépare à des visites 10 par dix, montée et descente, à la queue leu leu... Mais on met en place un autre accueil pour le 1er juin...
A l'office de Tourisme d'Anglet, au Pays basque, c'est encore plus trouble car ici, un arrêté préfectoral empêchait les hôteliers et loueurs d'ouvrir. Et beaucoup attendent ce document officiel, comme la directrice de cet office de tourisme, Pantxika Labrouche, qui a sollicité la sous-préfecture pour confirmer si oui ou non les établissements peuvent reprendre leur activité même momentanément sans restauration.Si on a une saison sans baignade, on a beau se réinventer, la saison ne sera pas la même...
Côté protocoles sanitaires ? Elle a questionné les hôteliers: pas de protocole préconisé. "Même les grands groupes (Accord, Belambra/Pierre et Vacances,...) qui ont mis en place leur propre protocole sanitaire, attendent une validation du ministère du tourisme..."
Les 100 kms ? "C'est une nouvelle donne du déconfinement". Avec cette restriction, "certains hôtels n'auront pas une jauge suffisante pour ouvrir... Ils auront les professionnels autorisés au déplacement mais plus les séminaires, les touristes..."
Comme la restauration. Certains hôtel n'auront pas la possibilité de faire de la restauration et "servir les petits déjeuners en chambre demande aussi plus de personnel..."
Pour autant la directrice veut rester positive: "tout va se débloquer vers le 2 juin. En attendant, c'est encourageant car tout le monde veut accueillir les gens correctement, se pose les bonnes questions"" pour un "accueil personnalisé avec des valeurs qui nous ressemblent au pays basque..."
Concernant les séjours du printemps, c'est assez rassurant: " Il y a eu très peu d'annulations. Beaucoup ont voulu reporter leurs séjours en automne 2020 ou pour le printemps 2021".
Les gens sont conscients de la situation mais sont prêts à revenir.
Des dates-clefs
Deux dates à retenir pour le tourisme en Nouvelle-Aquitaine :- le 14 mai: le Conseil interministériel du tourisme se tiendra ce jeudi et devrait devrait affiner et préciser les mesures de soutien au tourisme après un "tour de France" du secrétaire d'état Jean-Baptiste Lemoine auprès des différentes filières et acteurs du tourisme.
- 28 mai: c'est à cette date que le gouvernement devrait faire des annonces définitives.
- en Juin: entre la fin mai et le début du mois de juin, nous devrions en savoir plus sur la réouverture des bars et restaurant.. "les dates et le format", selon M. Durrieu, c'est-à-dire quand ouvrir et quel type de restauration, espace d'accueil etc...