Que ce soit sur la côte basque ou à Bordeaux, il ne fait pas bon être étudiant avec un budget serré. Entre la hausse des prix des loyers et le nombre insuffisant de places en résidences étudiantes, se loger est parfois un véritable casse-tête. Pour répondre la demande, de plus en plus d'alternatives à bas prix voient le jour.

Alors que les premiers résultats de la plateforme Parcoursup sont déjà tombés, la course au logement est lancée pour les étudiants. Chaque année, la même urgence se dessine. "Cela a été difficile de trouver un logement, se souvient Christelle Diaz, étudiante au Pays basque depuis deux ans. Je travaillais l'été donc je n'avais pas forcément le temps d'aller faire les visites." Si bien qu'à deux jours de sa rentrée à l'IUT de Bayonne, l'étudiante en Gestion des entreprises et des administrations n'avait toujours pas de logement.

Comme Christelle, de nombreux étudiants peine de plus en plus à se loger, sur la côte basque et à Bordeaux. Premier poste de dépense des étudiants, le logement est aussi un des premiers freins à la poursuite d'étude. Depuis quelques années, la hausse des prix rend la tâche encore plus ardue. Alors un petit peu partout en Aquitaine, collectivités, associations et Crous tentent de mettre en place des solutions diverses et variées.

Des places insuffisantes en résidence Crous

"Au bout d'un moment, je suis directement allé voir les gens du Crous et tout de suite ça s'est accéléré", témoigne Christelle Diaz. Après un été de stress et de galère, l'étudiante a finalement pu emménager le jour même de sa rentrée universitaire. Cette année, elle a même récupéré une place dans une résidence rénovée. Mais tous n'ont pas cette chance.

Sur l'agglomération du Pays basque, le Crous (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires) gère un petit peu plus de 500 logements étudiants. "Aujourd'hui, on accueille principalement des étudiants boursiers échelon entre 4 et 7 au départ. Ensuite, on essaie de voir s'il reste des places. Mais on accepte aussi les étudiants mineurs ou en situation de handicap, car ils ont une situation particulière et un besoin de sécurisation", explique Rachel Hiriart-Otegui, directrice du Crous sur la côte basque.

Face à la forte demande, le nombre de logements est insuffisant. "Sur les 500 logements de la côte basque, on a environ 40 % d'étudiants qui restent l'année suivante. Ce qui veut dire que très concrètement, on a 263 logements qui vont être libérés alors qu'en face, nous avons plus de 1 200 demandes.
Avec Parcoursup, ça va un petit peu se tasser parce que certains ne vont pas maintenir forcément leur demande de logement
", espère Rachel Hiriart-Otegui. Au total, le Crous Bordeaux-Aquitaine dispose de 10 500 places sur toute l'ex-région Aquitaine. L'an dernier, à la même période, plus de 16 000 demandes avaient été enregistrées, selon Sud Ouest.

On propose la collocation intergénérationnelle. Mais on sort de l'image que l'on peut avoir avec un accueillant aidé par un étudiant. C'est plutôt un esprit de collocation.

Rachel Hiriart-Otegui, directrice du Crous sur la côte basque

Face à cette tension sur le marché immobilier de la côte basque, les collectivités territoriales prennent les choses en main. L'encadrement de la location de meublés de tourisme depuis le 1er mars 2023 est une première preuve de cette volonté. Mais pour les étudiants, le Crous essaie de dégager de nouvelles places dédiées. Des "pourparlers avec les collectivités et les bailleurs sociaux" seraient en cours pour 200 nouveaux logements étudiant, selon la présidente du Crous sur la côte basque. À Bordeaux, le manque est tel que le Crous a installé des Tiny houses, petites maisons mobiles en bois.

La collocation sous toutes ses formes

Si le Crous côte basque va se voir déléguer à partir de juillet la gestion de 45 nouveaux logements, il faut trouver d'autres solutions. "On est à peu près à une demande sur quatre de logement qui est satisfaite. La tension est telle qu'on ne peut pas se reposer que sur les solutions en résidence Crous, observe Rachel Hiriart-Otegui. Il faut trouver des alternatives !" Parmi ces solutions, le Crous se tourne à présent vers la cohabitation intergénérationnelle : une collocation entre un étudiant et un accueillant, souvent retraité.

Une idée issue d'un partenariat avec un bailleur social qui diffère un petit peu de l'accueil d'étudiant par des séniors contre des services, comme l'explique Rachel Hiriart-Otegui : "C'est une relation purement financière, mais plutôt dans un esprit de collocation. C'est notamment une bonne solution pour les alternants, par exemple, qui ne sont pas tout le temps présents à l'année dans le logement. 

Ce n'est pas trop lourd pour l'accueillant qui a plus de 60 ans et c'est pratique pour l'alternant qui a souvent un logement ailleurs.

Rachel Hiriart-Otegui, directrice du Crous sur la côte basque

à France 3 Euskal Herri

L'idée n'est pas nouvelle. À Bordeaux, où le nombre d'étudiants est bien plus grand que sur la côte basque avec un marché de l'immobilier tout aussi saturé, cela fait déjà quelques années que l'association Vivre Avec propose cette solution. Un loyer entre 100 euros et 250 euros par mois, dans une chambre vacante d'un logement d'une personne âgée, contre une "présence conviviale". Cette alternative est souvent appréciée des parents, particulièrement pour les plus jeunes étudiants qui partent pour la première fois de chez eux. Une manière de veiller l'un sur l'autre, tout en se logeant à bas coût.

Propose logement contre bénévolat dans le quartier

La colocation est souvent un moyen d'obtenir un logement plus grand sans être trop onéreux. Mais les annonces peuvent être rares et les propriétaires demander de solides garanties. Dans la métropole bordelaise, l'association L'Aclef propose, via son dispositif CoopColoc, des collocations coopératives. En partenariats avec les bailleurs sociaux, l'association propose des colocations aux prix réduits dans des logements sociaux pour une petite centaine d'étudiants. "Les dossiers sont acceptés sur les critères du logement social. Disons qu'il ne faut pas être trop riche, expliquait  Anne-Cécile Dockès, directrice de l'Aclef dans une interview à France 3 Aquitaine. Mais environ 80 % des étudiants sont éligibles au logement social, même si beaucoup d'entre eux ne le savent pas."

C'est également sur la colocation que s'est basée l'Afev (Association de la Fondation Étudiante pour la Ville) qui œuvre pour l'éducation populaire. Pour son projet Kaps (Kolocation à projet solidaire), l'association souhaite faire d'une pierre deux coups : faciliter l'accès au logement étudiant, mais aussi renforcer le lien social et soutenir les dynamiques habitantes du quartier. Également en partenariat avec des bailleurs sociaux, l'association offre 41 places en colocation pour les étudiants dans des quartiers prioritaires comme à Pessac dans le quartier de Saige, à Bègles dans le quartier Maurice Thorez ainsi qu'à Bordeaux dans le quartier de la Benauge.  

Les colocataires deviennent bénévoles et représentant de l'Afev. On les forme et les accompagne pour leur permettre de mettre en œuvre leurs projets pour le quartier.

Thomas Esteinou, coordinateur du programme Kaps de l'Afev à Bordeaux

à rédaction web France 3 Aquitaine

Pour intégrer ces colocations à moindre coût, une seule condition : les étudiants doivent devenir bénévoles de l'Afev. "On les accompagne pour faire vivre leur quartier, en proposant des activités à destination des populations. Les "kapseurs" peuvent être à l'initiative ou alors se greffer à d'autres structures pour aider. De quoi être au contact, s'approprier son quartier et penser les actions mises en place pour les habitants", souligne Thomas Esteinou, coordinateur du programme Kaps de l'Afev à Bordeaux. Ateliers cuisines, parties d'échec ou de football, ateliers déco ou soirées karaoké, tout est fait pour toucher un maximum de public.

En plus de ces ateliers réguliers, les colocataires doivent accompagner un jeune de leur quartier en mentorat, que ce soit pour sa réussite scolaire ou son développement culturel. Une initiative qui existe depuis déjà une dizaine d'années et qui rencontre un petit succès. "Nous avons pas mal de demandes, et là, on est en plein dedans, constate Thomas Esteinou. L'enjeu pour nous, quand on échange avec les candidats, c'est d'évaluer leur motivation, mais aussi le temps qu'ils ont à accorder. S'ils ont des études trop prenantes, un travail à côté, c'est parfois compliqué. On ne veut pas que cela devienne une contrainte." Avec le succès de son programme, l'Afev réfléchit à proposer d'autres collocations dans d'autres quartiers.

Partir plus loin ? Un dernier recours de moins en moins rare

Des solutions qui manquent encore pour que chaque étudiant puisse se loger. À Agen, le Point Jeunes, bureau d'information de la jeunesse, met en relation les particuliers qui louent leurs logements et les étudiants. De quoi éviter les arnaques de plus en plus présentes. "Ici, il n'y a pas de difficultés, il y a beaucoup d'annonces pour seulement 3 000 étudiants", assure Fanny Soulignac, informatrice jeunesse au Point Jeunes d'Agen. Pourtant, comme un petit peu partout, les prix augmentent.

Mais si dans le Lot-et-Garonne, les étudiants sont plutôt épargnés par les problématiques connues sur la côte basque ou la métropole bordelaise, les difficultés s'exportent. "On voit des parents se renseigner pour des logements à Agen, avec un abonnement de train pour faire les aller-retours dans la journée et étudier à Bordeaux", observe Fanny Soulignac. Bien que ces solutions soient souvent provisoires, elles témoignent de l'ampleur de la problématique du logement étudiant à Bordeaux. 

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