La colère gagne les policiers de la rive droite à Lormont, près de Bordeaux. Jeudi 9 avril vers 18 heures, une équipe a été prise à partie et a essuyé des jets de pierre. Un enfant de huit ans a été blessé. Cette fois, les jeunes n'ont pas hésité à charger les représentants des forces de l'ordre.
Pour les policiers, c'est une tendance forte qu'ils observent depuis plusieurs mois. Une sorte de guerre de territoire pour garder la mainmise sur le secteur de ce haut Lormont, quartier populaire sur la rive droite de Bordeaux. Le marché des stupéfiants y est implanté et la présence policière ne semble pas bienvenue d'après Bruno Vincendon, représentant syndical d'Alternative Police de la région.
Autour de 18 heures jeudi soir 8 avril, un groupe d'une dizaine de jeunes âgés de 14 à 17 ans environ ont insulté et lancé des projectiles en direction de policiers de la Brigade Anti-Criminalité. C'est une action qui pourrait sembler commune mais cette fois, elle a pris une autre tournure. "Hier soir, les jeunes n'ont pas hésité à charger la police à 15 ou 20 mètres pour les toucher ou faire mal" déplore le syndicaliste. Les hommes de la BAC ont tenté "un bond offensif pour entrer dans le quartier et dispersé l'attroupement."
On fait de gros efforts sur la lutte contre les stupéfiants, on gêne le business et les jeunes deviennent de plus en plus violents.
Les fonctionnaires de police ont fait usage de grenades lacrymogènes et de tirs de lanceur de balle de défense.
Le secteur en question se situe à Génicart sur les hauts de Lormont, un secteur connu des policiers comme étant "un point de deal".
Un enfant de huit ans blessé
Des CRS ont été appelés en renfort. Les policiers ont ainsi pu "investir le secteur". Ils ont alors observé un attroupement autour d'un enfant de huit ans blessé. Il a reçu une pierre au thorax d'après le représentant syndical. Les pompiers l'ont transporté à l'hôpital.
Trois mineurs ont été interpellés dont "l'un en possession de pierres dans ses poches" de source syndicale. Ils sont en garde à vue ce vendredi matin.
Revoir les effectifs
Les policiers, via leurs représentants syndicaux d'Alternative Police ou Alliance, demandent dorénavant que la copie soit revue sur le secteur. Autrement dit qu'un effectif de police approprié puisse être affecté à ces quartiers.
Lors d'une réforme toute récente, datant de janvier 2021, une brigade de surveillance du territoire de Cenon, comprenant quinze policiers, a été supprimée. Elle a été remplacée par une BAC de 10 fonctionnaires. " Ça fait cinq de moins" constate Bruno Vincendon. "C'est pas assez, mes collègues interviennent sur du trafic de stupéfiants sans aucun soutien. Ils sont tout seuls. "
Les dealers mettent aussi en danger les gens qui sont là, des gens qui vivent honnêtement. Je crains un drame dans ces affrontements, la perte de vie d'un fonctionnaire ou d'un jeune.
Récemment, leur ministre de tutelle Gérald Darmanin a fait un geste en prévoyant l'arrivée de 70 fonctionnaires de police au moins de septembre. Puis d'autres policiers suivront en 2022. Reste aux syndicalistes à convaincre qu'ils soient affectés en priorité dans ces secteurs.