Située à l'état-major de gendarmerie de Gironde, une unité spéciale de quatre gendarmes traque les cyber et pédocriminels. Installée depuis 2019, elle a pu constater l'augmentation du nombre de signalements de faits délictuels, 2 000 de plus en une seule année.
Chaque jour les enfants et adolescents utilisent des écrans pour jouer ou communiquer. Et chaque jour les gendarmes de la section opérationnelle de lutte contre les cybermenaces utilisent les mêmes écrans, applications et jeux pour débusquer les criminels.
Une enquête sous pseudo
C'est un travail sans relâche et minutieux qu'opèrent les quatre gendarmes de l'unité spécialisée en Gironde. En se faisant passer pour un enfant, ils essaient de confondre les adultes qui font de même, à mauvais escient.
Pour aller sur les forums dans lesquels trainent la majorité de nos adolescents et de nos enfants, ils doivent se fondre dans des personnages qui pourraient attirer ces prédateurs signalés en gendarmerie ou sur la plateforme dédiée Pharos. Leur but est alors de faire parler les suspects, afin de matérialiser l'infraction.
On va jouer le profil de mineur, on ne doit pas provoquer l’infraction mais se mettre en condition pour que la cible commette l’infraction
GendarmeSection opérationnelle de lutte contre les cyber-menaces
Cette première étape accomplie, le but est alors de pouvoir identifier l’auteur, puis de l'appréhender : "On va utiliser tout ce qui est à notre mesure comme information technique et opérationnelle pour l’identifier et on peut l’emmener à un rendez-vous et l’attendre sur place", poursuit le militaire qui reste anonyme. Lors de ce rendez-vous, les forces de gendarmerie peuvent alors interpeller l'auteur sur le vif.
Des perquisitions essentielles
La plupart du temps, ce sont les perquisitions qui révèlent la toile conçue pour attraper leurs proies. Dans les fichiers des auteurs, se retrouvent bien souvent de lourds dossiers informatiques. Autant de preuves qui permettent de monter un dossier "capital pour amener des informations à charge et à décharge au procès pénale", raconte un autre gendarme de la cellule.
Sur les réseaux, l'unité spécialisée se retrouve confrontée à l'horreur au quotidien, et à la duplicité de ces cyber-criminels.
On ne va pas se cacher que c’est un métier passion, si je n’avais cette sensibilité particulière, je ferais autre chose.
GendarmeSection opérationnelle de lutte contre les cyber-menaces
Prévenir, l'autre mission de la gendarmerie
Ces quatre gendarmes ont également à cœur leur mission de prévention, essentielle, et se retrouvent fréquemment envoyés dans les établissements scolaires de Gironde ainsi que dans les Salon du Jeu vidéo. Seule la connaissance du danger permettra aux enfants et adolescents de se méfier.
Rencontrées par France 3 Aquitaine, deux adolescentes bordelaises, amies et très adeptes des jeux vidéos en ligne, expliquent avoir chacune leur technique pour se prémunir du danger des pédocriminels.
La première est extrêmement prudente et ne joue qu'avec des gens qu'elle connait, " des amis de la vraie vie et la famille", n'acceptant aucune invitation d'inconnu. Une directive qui lui a été donnée par ses parents. "On ne sait jamais sur qui on tombe", indique-t-elle.
La seconde est quant à elle habituée à jouer avec quantité d'inconnus, Mais elle affirme être très vigilante et armée, "Je sais ma limite, comme les insultes ou le harcèlement". Pas de quoi rassurer son amie.
Moi, je suis très naïve, je vais croire tout ce qu’on me dit, c’est pour ça que j’accepte personne.
Une jeune joueuse de jeux vidéo
Quelques conseils aux parents
À la veille de Noël,qui sera l'occasion d'offrir téléphones, ordinateurs ou tablettes à nos enfants, toujours plus d'objets connectés, César Lizurey, Officier cyber du groupement de gendarmerie de Gironde, donne quelques conseils.
"Les parents doivent vraiment se sentir investi par l’activité de leurs enfants : ce n’est pas un cadeau qu’on donne comme ça pour occuper son enfant et faire plaisir". Il insiste sur la surveillance parentale : "c’est vraiment une activité auquel le parent doit prêter attention pour s’assurer que les enfants n’aient pas de mauvaises fréquentations et se fassent piéger en ligne par des pédocriminels".
Le plus important est donc bien de communiquer avec lui et se tenir au courant de ce qu'il fait, pour que, le cas échéant, "l’enfant naturellement peut l’alerter sur le fait qu’il discute avec quelqu’un en ligne".
Le jeu est fait pour se divertir, il ne faut pas associer une notion de danger au jeu vidéo, mais il y a une partie de danger comme dans la vraie vie.
César Lizurey,Officier cyber du groupement de gendarmerie de Gironde
Pour information, une Map (Monde virtuel) crée par la Gendarmerie existe sur Fortnite, l'un des jeux le plus populaire en ligne. Cette Map permet d'avoir accès à de nombreux conseils pour éviter les pièges, à destination des parents comme des enfants.