Depuis 15 ans, l'unité d'essais cliniques précoces de l'Institut Bergonié à Bordeaux a fait ses preuves. Intégrer cette unité représente pour près de 500 patients atteints de cancer, chaque année, un espoir et parfois un dernier recours quand d'autres traitements standard ont échoué.

Les patients qui accèdent à cette unité d'essais précoces ou dits "de phase 1" sont conscient de l'espoir qui leur est donné. Une "chance", même s'ils sont tous atteints d'un cancer pour lequel le pronostic est mauvais.
Ils ont déjà, pour la plupart, connu un parcours de soins éprouvant, jalonné de chimiothérapies, de rayons avec leurs effets secondaires. S'ils arrivent dans ce service, c'est que les protocoles classiques ne peuvent plus enrayer la maladie ou qu'elle s'est aggravée.  

A 68 ans, Marie Claude Morros a intégré l’unité en août dernier. Elle souffre d’un cancer des voies biliaires, non opérable.
Au départ, c'est une jaunisse, au printemps 2021, qui a permit de découvrir une tumeur cancéreuse dans les voies biliaires. "Un cancer assez rare", d'après elle, "dont on se rend compte souvent trop tard".

Grâce à cette jaunisse, il sera pris à temps. Après des poses de stents pour éviter "l'empoisonnement" par la bile, elle va vivre six mois de traitements de chimiothérapies, puis en 2022, une trentaine de séances de rayons. Et malgré cela, des nodules sont apparus sur le péritoine. "D'où ma venue aux essais cliniques", raconte-t-elle dans un sourire derrière son masque coloré.

Près de 2000 dossiers par an sont adressés à l’institut. Ils sont sélectionnés par un ensemble de spécialistes. Aujourd'hui, les essais cliniques de Bergonié représentent un véritable "recours" pour tous ces malades. Chaque année, 500 personnes venues de toute la Nouvelle-Aquitaine et parfois au-delà, peuvent être accueillis et suivi à l'institut pour bénéficier de ces essais.
Après de nombreux tests et analyses, ils se verront prescrire de nouveaux médicaments, tout droit sortis des laboratoires de recherche.

"Ce ne sont pas des cobayes"

Le Dr Antoine Italiano est à la tête de cette unité atypique qui accueille des patients atteints de tout type de cancer.  "L'objectif est de les faire bénéficier de ces essais". Et de fait, un patient sur deux va connaître une amélioration.

Avant de leur faire une proposition thérapeutique, "on leur fait faire une analyse complète de leur tumeur, à la fois sur la plan génétique et immunologique. C'est sur la base de ces analyses qu'on "va évaluer pour chaque patient donné, quel est le meilleur essai pour eux".  C'est vraiment une "approche de médecine de précision, personnalisée pour augmenter les chances de survie". 

Soit la maladie va régresser, soit elle stagne, ils ne servent pas de cobayes en quelque sorte, c'est vraiment une opportunité de traitement ciblé.

Dr Antoine Italiano, Chef de l'Unité d'essais cliniques à l'institut Bergonié

France 3 Aquitaine

Marie-Claude vient donc ici régulièrement pour suivre un protocole de soins innovants entre chimiothérapie et immunothérapie. Après les traitements lourds qu'elle a déjà subi, la perte d'énergie, de ses cheveux, elle découvre les bienfaits de l'immunothérapie et des nouveaux traitements.

"On est pas tous admissibles aux protocoles. Il faut des critères bien précis pour y entrer. Moi ça fait deux ans, et ça n'a pas évolué, ça reste à peu près stable (...) Le cancer des voies biliaires, on n'en guérit pas". 

Stopper la maladie et l'empêcher de progresser, c'est ce qu'on fait. Et j'espère que ça va durer car je fais à peine 68 ans. Je ne me sens pas très vieille et j'ai encore envie d'en profiter !"

Marie-Claude Morros, patiente de l'unité d'essais cliniques

France 3 Aquitaine

Quinze ans à prolonger des vies

L'unité d'essais clinique a été développée en 2008. Elle a pour but de proposer aux patients atteints de cancer des essais cliniques de phase précoce ou de phase 1.
Le Dr Antoine Italiano semble porté par la démarche, qui depuis 15 ans, a amélioré, voire prolongé la vie d'au moins un patient sur deux. "Ce sont souvent des patients chez qui les traitements standard ont échoué qui nous sont adressés". Ici, on propose aux patients "de tout nouveaux médicaments qui sortent du laboratoire". Ils sont parfois "parmi les premiers au monde à recevoir ces traitements contre le cancer".

C'est aussi un engagement de la part des patients. Il leur explique souvent qu'ils auront "un emploi du temps de ministre" car il devront régulièrement se rendre sur le site, parfois être hospitalisés dans l'unité pour être surveillés étroitement pour contrôler d'éventuels effets secondaires.
C'est pour cela que l'unité est un service véritablement à part au sein de l'Institut, avec ses infirmières spécialisées en essais cliniques, ses médecins. Soit en tout une centaine de personnes qui contribuent au fonctionnement du service.

L'enthousiasme du Dr Italiano est communicatif. Il faut dire qu'en quinze ans, il a vu la recherche et les traitements progresser de façon formidable, même si on continue de mourir du Cancer.

Il donne l'exemple de certains sarcomes qui avaient, il y a 20 ans, une espérance de vie "de l'ordre de neuf mois" et, aujourd'hui, on parle d'une prolongation de la vie, en moyenne, entre 7 et 8 ans.

"J'ai des patients que je suis depuis plus de 10 ans avec des métastases de leur cancer. L'objectif de ces nouveaux traitements, c'est de faire du cancer une maladie chronique. Le patient prend son traitement, vit avec sa maladie et essaie de vivre la vie la plus normale possible". 

On ne vas forcément réussir à éradiquer le cancer, à le guérir définitivement. Mais on va réussir à permettre aux patients de vivre avec.

Dr Antoine Italiano

France 3 Aquitaine

Aujourd'hui, cette unité basée sur la Recherche fait partie des missions que poursuit, depuis 100 ans, l'institut Bergonié en redonnant de l'espoir aux personnes atteintes de cancers rares. Une mission de plus pour les 1200 professionnels de l'institut qui assurent déjà, au quotidien, une lutte permanente contre le cancer avec plus de prévention, de dépistages mais aussi en accompagnant les patients dans leurs traitements.

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